Ce que coûtent les fonctionnaires de l'Administration au contribuable marocain
Les 570.000 fonctionnaires civils de l'Administration absorbent plus de 100 milliards de DH par an, hors cotisations patronales de retraite et d’assurance maladie. Cela représente près de 10% du PIB, le tiers du budget de l’Etat, la moitié du budget de fonctionnement et 46% des recettes ordinaires de l’Etat. Les fonctionnaires sont-ils trop nombreux ? Sont-ils surpayés par rapport aux moyens du pays ? Eléments de réponses.
Selon le rapport sur les ressources humaines accompagnant le PLF 2019, le Maroc compte 568.655 fonctionnaires de l’Etat en 2018 (hors contractuels et personnel des collectivités territoriales, des entreprises publiques et du corps militaire).
Ce chiffre est en légère baisse par rapport à 2017 mais en hausse de 6,4% par rapport à 2016.
Le taux d’administration civile au Maroc est donc de 16 fonctionnaires pour 1.000 habitants, « ce qui n’est pas excessif par rapport à la population totale et par rapport aux autres pays », indiquent les rédacteurs du rapport, tout en précisant que la répartition de cet effectif montre d’importantes disparités entre régions (Rabat et Casablanca concentrent 38% du total) et départements ministériels (74% pour l’Education nationale et l’Intérieur).
Autre indicateur qui montre que les fonctionnaires civils ne sont pas nombreux, leur poids dans la population active au Maroc qui n’est que de 4,68%.
Toutefois, en intégrant les catégories non prises en compte (militaires, contractuels, collectivités territoriales…), le nombre de fonctionnaires dépasse le million de personnes.
En tous les cas, rien que les fonctionnaires civils des administrations absorbent plus de 100 milliards de DH par an depuis 2014. Certes, cette masse salariale progresse moins vite depuis 2012 (+2% en moyenne par an contre +8% auparavant), et ce grâce au non remplacement d’une partie des départs à la retraite et au recours à la contractualisation.
Il n’en demeure pas moins que les salaires des fonctionnaires civils de l’Administration représentent 10,4% du PIB en moyenne depuis 2008 (hors cotisations patronales de retraite et d’assurance maladie). « Cet indicateur demeure élevé comparativement à celui de la région MENA -9,67%- et des pays de l’OCDE -10%- », indique le rapport.
100 milliards de DH par an représente également 33,4% du budget général de l’Etat (31,4% en 2008) ; 55,6% du budget de fonctionnement (49,9% en 2008) ; et 46,3% des recettes ordinaires de l’Etat. « Cette situation réduit les marges au niveau du budget de fonctionnement et limite les possibilités de réallocation des crédits au profit du budget d’investissement », ajoutent les rédacteurs du rapport.
S’ils ne sont pas trop nombreux, les fonctionnaires de l’Etat sont-ils donc surpayés compte tenu des moyens du Maroc ?
Le salaire moyen des fonctionnaires représente 3 fois le PIB par habitant
En 2018, le salaire net mensuel moyen dans la fonction publique s’élève à 7.549 DH. Il a augmenté de 32,4% depuis 2008 en raison des revalorisations, des avancements et promotions…
7.549 DH nets par mois, c’est 2,5 fois le SMIG dans la fonction publique, presque 3 fois le SMIG dans le secteur privé, et presque 3 fois le PIB par habitant au Maroc. En Tunisie, en Turquie et en Jordanie, le salaire moyen dans la fonction publique n’atteint pas 2 fois le PIB par habitant.
Rappelons que dans le secteur privé, le salaire net moyen déclaré à la CNSS est de 5.120 DH. 40% touchent le SMIG et les trois quarts perçoivent moins de 4.000 DH.
Dans le cadre du dialogue social, dans l’impasse aujourd'hui, le gouvernement propose d’augmenter encore le salaire des fonctionnaires des échelles inférieures de 400 DH sur trois ans. Au-delà de l’impact sur le budget de l’Etat, cette augmentation, si jamais elle est acceptée par les syndicats, va creuser davantage l’écart de salaires entre fonctionnaires et salariés du privé. D’aucuns diront que ce sont ces derniers qui méritent le plus un effort des employeurs pour améliorer leurs revenus.
Le 12 novembre 2018
Source web Par Médias 24
Les tags en relation
Les articles en relation
Enquête L’Economiste-Sunergia: «Je veux quitter le Maroc»
C'est l'intention de 4 Marocains sur 10 Les jeunes de 15-24 ans et les personnes issues des CSP D et E sont les plus concernés Près de la moiti�...
La note de cadrage du PLF 2019: le social d'abord (document)
Le budget 2019 sera fortement imprégné des dernières orientations exprimées dans le discours du Trône du 30 juillet 2018. La note de cadrage du PLF 2019, t...
Paralysie quasi-totale des collectivités locales et de certains ministères
Les troupes du front syndical UMT-CDT-FDT-UGTM ont suivi le mot d’ordre d’arrêt de travail dans la fonction publique. Le point à la mi-journée sur les se...
CDD dans l'administration publique: les détails du futur décret
EXCLUSIF. Profils des recrues, nombre, salaires, modalités de recrutement… voici tous les détails sur le projet de décret instaurant les CDD dans les admin...
Hausse du Smig: Préservons plutôt les emplois!
«Ce n’est pas le moment d’augmenter le Smig mais de conserver les emplois. Les entreprises sont dans la logique de la préservation de l’emploi». La ...
Dialogue social: 37 projets de décrets devant le Conseil de gouvernement
Le gouvernement entame le processus de mise en œuvre de l'accord du 25 avril 2019 relatif au dialogue social. Trente-sept projets de décrets seront ain...
Salaire des fonctionnaires : Une réforme se prépare
La masse salariale atteindra 12% du PIB en 2018 Le gouvernement prépare une réforme du système des salaires dans la fonction publique. C’est ce qu’a a...
Loi de Finances 2019 : La majorité réunit ministres et experts
«Privatisation» du Ramed, allocations familiales, hausse des salaires,… les dossiers phares du prochain exercice budgétaire Le PLF 2019 sera particuliè...
Réforme des retraites : le dialogue social dans l’impasse
Le dialogue sur la réforme des retraites au Maroc est à nouveau bloqué, les syndicats dénonçant une absence de vision claire du gouvernement. Selon Al Akhb...
En signe de protestation contre la «politique impopulaire» de l'Exécutif
Le taux de participation à la grève générale d'hier est de plus de 80% selon les syndicats et de moins de 30% selon le gouvernement Le bras de fer en...
Marché du travail: pourquoi la situation des jeunes marocains ne s’améliore pas
Formation et employabilité étaient au menu d'une réunion plénière de la CGEM. Taux de chômage élevé, cumul des handicaps... La situation des jeun...
La BM appelle le Maroc à investir dans le capital immatériel
La Banque mondiale (BM) appelle le Maroc à réorienter ses politiques publiques vers le développement de son capital immatériel, afin de réaliser un rattrap...


mercredi 14 novembre 2018
0 
















Découvrir notre région