Nasser Bourita donne des preuves qui expliquent la décision du Maroc de rompre ses relations diplomatiques avec l'Iran

La décision du Maroc de rompre ses relations diplomatiques avec l’Iran, est à la mesure de la gravité des actes du Hezbollah, épaulé par ce pays et menaçant la sécurité du Royaume, a affirmé le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale Nasser Bourita, assurant que le Maroc, qui dispose de preuves irréfutables, n’aurait pas pris la peine de présenter un dossier à Téhéran si celui-ci n’était pas solide.
"Le dossier a été minutieusement préparé, pendant des semaines, sur la base d’informations collectées et recoupées sur plusieurs mois. Il récapitule des faits avérés et précis: dates de visites de hauts cadres du Hezbollah en Algérie; dates et lieux de réunions qu’ils ont tenues avec des responsables du Polisario ; liste de noms des agents engagés dans ces contacts", a-t-il expliqué dans un entretien accordé à l’hebdomadaire international Jeune Afrique à paraître dimanche, notant que le Maroc n’a pris sa décision que lorsque tous les éléments ont été étudiés, vérifiés et confirmés.
Le ministre a fait savoir qu’il a dévoilé à son homologue iranien des noms de hauts cadres du Hezbollah qui se sont déplacés à différentes occasions à Tindouf à partir de mars 2017 pour rencontrer des cadres dirigeants du Polisario, et même supervisé des entraînements et l’établissement d’installations.
Il s’agit notamment de Haidar Sobhi Habib, responsable des opérations extérieures du Hezbollah, d’Ali Moussa Dakdouk, conseiller militaire de cette organisation, et de Haj Abou Wael Zalzali, responsable de la formation militaire et de la logistique, a-t-il précisé.
M. Bourita a aussi affirmé que c’est bien l’ambassade iranienne à Alger qui faisait la liaison entre le Hezbollah, l’Algérie et le Polisario, à travers son « conseiller culturel », Amir Moussawi. Moussawi qui a été déjà un homme clé de la tentative de "chiisation" dans plusieurs pays arabes et africains et qui est aujourd’hui conseiller pour les questions stratégiques du "Guide suprême" Ali Khamenei.
Le ministre a en outre relevé qu’outre sa bénédiction, l’Algérie a apporté couverture, soutien et appui opérationnel, précisant que certaines réunions entre le Polisario et le Hezbollah se sont tenues dans une "planque" algéroise bien connue des services algériens, concédée en location à une certaine "D. B.", Algérienne mariée à un cadre du Hezbollah, et convertie en agent de liaison du Hezbollah, notamment avec le Polisario.
Aucun des noms ou des faits présentés n’a été remis en cause par le ministre iranien des Affaires étrangères, a-t-il fait savoir, ajoutant que les justifications d’ordre "politique" avancées ont porté sur la marge de manœuvre du Hezbollah et le statut particulier qu’aurait le membre de l’ambassade iranienne concerné.
"Il s’agit donc d’une décision souveraine, prise en toute indépendance, après notre évaluation propre et pour des raisons exclusivement bilatérales", a insisté M. Bourita, expliquant que "si nous avions voulu agir par opportunisme, il eut été plus avisé de trouver meilleure occasion: au lendemain de la décision des États-Unis de se retirer de l’accord nucléaire iranien par exemple".
Rappelant que le Maroc a maintenu la nomination d’un nouvel ambassadeur en Iran, en novembre 2016, alors que le contexte régional et international était quasi similaire à celui d’aujourd’hui, le ministre a en outre souligné que la position du Royaume concernant le dossier nucléaire iranien a toujours été constante.
"Le Maroc considère les activités nucléaires iraniennes comme un danger pour la région, l’accord signé en 2015 n’est pas parfait; au contraire, il contient beaucoup de lacunes et d’insuffisances. Mais il reste un acquis à protéger et une base à améliorer", a-t-il encore dit, soutenant que "les suspicions suscitées par les activités de l’Iran pourraient être légitimes. Mais c’est le dialogue qui devrait prévaloir pour la mise en place d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen Orient".
Le Maroc s’est abstenu ces trois dernières années de voter les résolutions occidentales concernant l’Iran au Conseil des droits de l’Homme à Genève, alors que ce pays était en pleine crise avec des pays arabes et occidentaux, a rappelé M. Bourita.
Il faut comprendre que l’une des caractéristiques de la diplomatie du Roi Mohammed VI, c’est l’autonomie dans la décision, la clarté dans la déclinaison et l’enracinement dans des principes et des valeurs fortes, a-t-il insisté, faisant observer que ce sont là les clés pour déchiffrer beaucoup des positions du Royaume qui semblent parfois surprendre même certains de ses proches alliés.
Le 12 Avril 2018
Source Web : Atlas Info
Les tags en relation
Les articles en relation

Alliance Maroco-Allemande pour le Climat et l'Énergie : Un Partenariat Prometteur pour l'Hydrogène
Le Maroc et l'Allemagne ont conclu une alliance stratégique visant à promouvoir le climat et l'énergie, avec un accent particulier sur l'expansio...

Dans la guerre entre le Hamas et Israël, le Maroc médiateur ?
Depuis deux semaines, le monde a les yeux rivés sur la bande de Gaza, la Cisjordanie et Israël, sans qu’âme qui vive ne puisse faire grand-chose pour régl...

Le Sahara : Paris réaffirme son appui explicite et constant envers le plan d'autonomie marocain, se
Le lundi, lors de sa visite à Rabat, le ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, a réaffirmé le soutien "claire et constant" de Pa...

António Guterres toujours à la recherche d’un envoyé spécial pour le Sahara
Les noms de douze personnalités ont déjà été proposés, sans succès, pour le poste d’envoyé spécial pour le Sahara, resté vacant depuis deux ans. C�...

Accords d'Abraham: voici les détails des célébrations officielles de la déclaration tripartite M
Une année après la signature de l’accord tripartie de coopération dit Accords d’Abraham, le Maroc, les Etats-Unis et Israël ont confié à leurs ministr...

Nasser Bourita à la Conférence internationale de Paris sur la Libye
Le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, représente le Roi Mohammed VI aux travaux de la Conférence internationale sur la Libye tenue vendredi 1...

VIDEO-Le Conseil du gouvernement valide le programme d’El Othmani
Le conseil du gouvernement a approuvé aujourd’hui le programme de Saad-Eddine El Othmani. Le chef du gouvernement a exhorté les ministres à "être au nivea...

Domaine maritime. Bourita: Le Maroc est dans son droit et prêt au dialogue
EXCLUSIF. Le processus de délimitation du domaine maritime marocain est lancé. Il est conforme au droit international. Voici une déclaration de Nasser Bourit...

Visite de l'Ambassadeur Christophe Lecourtier dans les Provinces du Sud : Vers un Renforcement du Pa
L'ambassadeur de France au Maroc, Christophe Lecourtier, se rendra dans les provinces du Sud la semaine prochaine pour intensifier le partenariat entre le M...

Chronique: Le néo-marocain et le nouveau monde-par Anass Benaddi
Nous vivons dans une époque où le plus anonyme des badauds peut, en un coup d’index, prétendre au titre de grand reporter. Le téléphone portable couplé ...

#Maroc_USA_DAKHLA: Les relations évoluent à une cadence « sans précédent »
Les relations maroco-américaines évoluent à une cadence « sans précédent » selon la vision de SM le Roi Mohammed VI et en coordination avec l’Administr...

#MAROC_DAKHLA_FESTIVITES_RECONNAISSANCE_SOUVERAINETE: Les habitants de Dakhla célèbrent la décisi
Les populations du chef lieu de la région de Dakhla-Oued Eddahab ont également réitéré leur soutien absolu à l’Initiative marocaine d’autonomie prése...