TOURISME FAMILLE ET BUSINESS LES SEGMENTS PORTEURS
LES OPÉRATEURS MILITENT POUR DEUX PROJETS PHARES UN PARC D’ATTRACTIONS DANS L’AXE CASABLANCA/MARRAKECH ET UN PALAIS DES CONGRÈS POUR 5.000 PERSONNES À L’AGDAL Marrakech est un véritable laboratoire de l’industrie touristique. Le développement touristique de la ville a déjoué tous les pronostics. Une multitude de phénomènes y ont contribué, loin des prévisions des cabinets d’études et stratégies de développement… Résultat final, la capacité litière est passée de 42.000 en 2009 à 64.000 aujourd’hui (soit 48% de la capacité nationale). Ce n’est pas un hasard si la destination a pu continuer sur sa lancée et résister, malgré ces temps de crise, estime Hamid Bentahar, président du CRT de Marrakech. Inutile de rappeler que le secteur du tourisme lié mécaniquement à l’économie européenne est un des plus impactés par la crise économique que traverse l’Europe. Du reste, la ville ocre a traversé une année assez mouvementée en 2011 (attentats, printemps arabe…) qui s’est traduit par une baisse d’arrivées et de nuitées. En 2012, la situation s’est légèrement améliorée. Les chiffres de l’observatoire du tourisme indiquent qu’à fin septembre Marrakech a enregistré une variation de 3% par rapport à la même période en 2011, année catastrophique où les baisses en termes d’arrivées et nuitées étaient drastiques dépassant les 10%. Pour les professionnels de Marrakech, il faut remonter à plus loin les comparaisons. L’année de référence à leurs yeux est 2010. La destination avait réussi à attirer près de 1,8 million de touristes, réalisant 6,3 millions de nuitées. En un an (en 2011), la destination a perdu un million de nuitées. Et vu la crise économique en Europe de 2012, il apparaît difficile de rattraper le retard à moins d’un soutien à la première destination touristique qui est en phase de transition en passant de destination mono produit à celui d’une destination multi produit. La force de Marrakech étant sa capacité d’adaptation. «La destination est allée plus loin en proposant une offre sur tous les segments. In fine, nous avons beau planifier, orienter les stratégies, c’est le client final qui décide», observe-t-il. En 12 ans, Marrakech est passée d’une destination de circuit à une destination offrant une panoplie de produits (golf, bien-être, affaires, tourisme de luxe avec l’arrivée de grandes enseignes internationales. C’est la preuve que la destination est porteuse sur la durée et qu’elle est pour l’heure, la seule au Maroc qui peut prétendre à répondre à l’ensemble des niches. D’un mono produit, la destination a développé 9 segments prioritaires: nature, balnéaire, golf, bien-être, luxe, senior, Mice et famille. Ces deux derniers pourront, s’ils sont correctement soutenus par des politiques publiques, donner un nouveau souffle. «Avec son offre actuelle en termes de clubs, les parcs aquatiques (trois), l’offre existe», estime Lahcen Zemat, vice-président de l’association de l’industrie hôtelière de Marrakech et directeur de l’hôtel Palm Plaza. Il manque une structuration de ce segment porteur en valorisant le patrimoine culturel comme Jambe El Fnac ou encore la vallée du Toubkal. Les professionnels de Marrakech militent aussi pour l’installation d’un parc genre Afro Disney qui pourrait être installé sur l’axe Casablanca/Marrakech et pourrait être un produit-phare pour ce segment. La proximité à Casablanca devrait garantir la rentabilité de ce genre de projet capable d’attirer aussi bien les touristes étrangers que les nationaux de Casablanca. Autre segment où Marrakech a une sérieuse avance, le Mice. La présence du palais des congrès lui a permis de se positionner sur cette niche de tourisme attirant des manifestations à taille régionale. Cela représente à peine 5% du marché des congrès internationaux. Pour renforcer ce positionnement, la ville devrait rapidement avoir un deuxième palais des congrès d’une capacité de 4.000 à proximité d’une zone hôtelière. L’Agdal qui compte aujourd’hui 3.000 chambres et 3.000 autres en construction devrait être l’emplacement idéal pour ce genre de projet, estime le vice-président de l’AIH. Les professionnels de la zone sont même prêts à mettre la main dans la poche pour ce projet en reproduisant le même schéma qui s’est passé pour la station de traitement des eaux usées pour l’arrosage des terrains de golf où l’investissement était mixte (état et privés), indique Zemat. Le financement, la grande inconnue NE infrastructure du Mice est un des projets identifiés pour le contrat-programme régional (CPR) du tourisme pour Marrakech-Tensift-Al Haouz pour la mise en application de la stratégie 2020. Elle devrait être présentée lors des assises nationales et internationales. Pour rappel, c’est la Société marocaine d’ingénierie touristique (SMIT) qui est chargée de la mise en œuvre des contrats régionaux. Au départ, elle a identifié comme projet un parc d’exposition et un centre de conférence de dimension internationale. Une étude de faisabilité a été même lancée pour ce projet qui nécessite une enveloppe de 4 milliards de DH et devrait accueillir jusqu’à 30.000 invités avec un positionnement axé sur les expositions internationales de la zone Afrique/Mena. Devant les difficultés de mobilisation du financement, et la rareté du foncier, ce projet a été redimensionné pour un centre de congrès de 5.000 places (pour l’amphithéâtre principal en plus des espaces de salles de réunion). Ainsi, le foncier mobilisable sera moins grand (20 ha) et la structure devrait être modulable afin d’accueillir 10.000 personnes. Ce projet identifié à l’Agdal dans la commune El Méchouar nécessite 1,5 milliard de DH. Reste à savoir qui assurera ce financement. SOURCE WEB Par B. B. L’ECONOMISTE