"On ne meurt pas de faim au Maroc" (ni de mauvaise foi)
"On ne meurt pas de faim au Maroc". Voilà une phrase allègrement prononcée pour clouer le bec à ceux qui osent critiquer les tares socio-politiques du pays. Le système éducatif est défaillant? La justice pas toujours fiable? Le secteur de la santé souffreteux? N'en jetez plus, et rendons grâce à Dieu car, et c'est le plus important: on ne meurt pas de faim au Maroc.
Et puis, c'est bien connu, l'herbe n'est pas plus verte ailleurs. Voyez la Syrie et son interminable guerre. Voyez l'Europe et cette misère qui ne dit pas son nom. Voyez l'Afrique subsaharienne qui chaque jour chasse un peu plus ses enfants vers des horizons incertains. Voyez aussi les États-Unis où, toute puissante qu'elle soit, cette nation n'est pas moins régulièrement le théâtre de fusillades sanglantes. Non, vraiment, on est bien au Maroc, on s'industrialise, on se modernise et, surtout, chacun mange à sa faim.
La culture? Pour quoi faire? Un luxe, une coquetterie de nantis. Quand on est raisonnable, on se soucie en priorité des besoins basiques et pour ça, fort heureusement, on est épargné. Quelques dirhams et c'est réglé. Et quand bien même on manquerait d'argent, on peut compter sur la générosité de son entourage, de sa famille, de ses voisins. Non, au Maroc, vraiment, impossible de mourir de faim.
Ni de soif, d'ailleurs. Les marches à Zagora ne sont qu'une réplique au sud du Hirak, ce mouvement fomenté dans le Rif par des "intérêts étrangers" visant à déstabiliser la nation... La soif n'est pas plus d'actualité au Maroc que ne l'est la faim. Mais les forces de l'ordre veillent au grain et n'ont pas manqué d'arrêter ces dangereux "fauteurs de troubles"... Notons au passage qu'un tel mouvement n'est pas né d'une volonté de survivre en mangeant à sa faim, mais de vivre dans la dignité. Preuve s'il en fallait que les besoins les plus élémentaires sont satisfaits, et qu'en attendant la justice sociale, on ne meurt pas de faim de Al Hoceima à Lagouira.
Près d'Essaouira? Oui, certes, cette bousculade à Sidi Boulaalam est dramatique, tragique, mais elle est le fait d'un responsable qui sera bientôt confondu et puni, faisons confiance aux autorités. Il faut par ailleurs souligner que les personnes ayant rejoint cette distribution de denrées alimentaires ont probablement dû manquer de civisme, contribuant à ces incidents. Que dieu ait leur âme, mais leur part de responsabilité n'est peut-être pas à minimiser.
Et puis les pluies tardent et n'arrangent pas les choses, contribuant à une inquiétude grandissante. Sauf qu'à défaut de jeter la pierre au ciel, on ne va pas non plus tout imputer aux responsables et autres élus. Sans compter que les choses avancent bien, puisque même des ministres que l'on croyait intouchables ont fini par être limogés. On est donc non seulement en mesure de manger à sa faim, mais aussi de dormir sur ses deux oreilles, pour peu qu'on ne soit pas constamment occupé à dénigrer notre belle nation.
Isolement? Fracture sociale? Tout de suite les grands mots. Nous vivons unis et en harmonie, égaux en droits et en chances, tous logés à la même enseigne, quels que soient pour chacun et chacune le genre, la confession religieuse, l'identité sexuelle, le patronyme, le statut social, la couleur de peau, la zone géographique de naissance ou de résidence...
Ces commentaires ne vous ont pas convaincus? La pilule de ces arguments de mauvaise foi a toujours du mal à passer? Alors une fois la tristesse et la colère ravalées, il sera grand temps de passer à une démarche plus constructive. Osons aborder ce mal profond sans pour autant passer pour un ennemi de la patrie. Sachons écouter les doléances des laissés-pour-compte sans fustiger aveuglément ceux qui se plaignent de ne pas avoir assez. Exigeons que les responsabilités soient élargies, que les pouvoirs publics assument pleinement leurs responsabilités plutôt que de toujours attendre de la société civile qu'elle ne se substitue à eux.
Si on ne meurt pas encore de mauvaise foi, le drame d'hier qui a coûté la vie à des femmes et des enfants a pour sa part démontré que l'on pouvait bien rendre l'âme, même de manière indirecte, de précarité et de faim. "Mourir pour des idées, d'accord, mais de mort lente", chantait Brassens. Ne laissons plus la misère devenir si endémique qu'on puisse au Maroc, encore en 2017, mourir de faim. Ni de manière rapide, et pas même de mort lente.
Le 20 novembre 2017
Source Web : huffpostmaghreb
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mercredi 22 novembre 2017
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