Politique salariale des dirigeants : Le Maroc n’est pas dans le low cost!

L’ouverture du pays vers le reste de l’Afrique fait que les mêmes compétences sont promues pour d’autres horizons.
Le cabinet Diorh vient de rendre publics les derniers résultats sur les salaires. «Effectuée avec l’expertise du cabinet international Mercer, cette enquête mesure le niveau des salaires et la composition de la rémunération d’un Maroc émergent, c’est-à-dire des champions nationaux et internationaux des métiers mondiaux», explique Andréa Bises, directeur du département Conseil au sein dudit cabinet. Pour rappel, Mercer opère dans plusieurs domaines, à savoir celui de la santé et de la prévoyance, de la retraite et des investissements, de la gestion des talents et des fusions et acquisitions. Concrètement les consultants ont comparé la hausse des salaires avec celle de la croissance et par transitivité de la rentabilité. «Les résultats de l’enquête révèlent que les salaires ont une croissance du double de celle de la productivité. Aujourd’hui, le Maroc ne peut pas être dans le low cost». L’ouverture du pays vers le reste de l’Afrique fait que les mêmes compétences sont promues pour d’autres horizons… Informatique, mécanique représentant les domaines les plus pourvoyeurs de salaires aux dirigeants. «Le Maroc doit se positionner en best cost plutôt qu’en low cost à meilleur prix pour un niveau de compétence donné, parce que nous avons du savoir-faire et nous ne pouvons être les moins chers», conseille l’expert du cabinet Diorh. Il est certain que le vrai enjeu du Maroc est de développer des compétences pour améliorer la croissance. «Les compétences sont le carburant de l’économie. Aujourd’hui ce carburant est rare et cher. L’or rose est abondant, la compétence est rare». Le directeur du département Conseil utilisera des métaphores pour faire passer les messages nécessaires…
Les chiffres issus de l’enquête parlent d’eux-mêmes. Il est ressorti en effet que les dirigeants au Maroc touchent 20 fois plus que les non cadres. Les différentiels sont énormes au Maroc, ce qui est dommage. «Le middle management est le piston de la croissance, maille qui permet de transformer les idées en actions». La métaphore employée par le consultant parle d’elle- même ! Et quand il y a trop d’écarts entre les deux catégories (middle management et dirigeants), la création de valeurs est difficile, voire impossible. Bref, le management au Maroc est plus vertical que dans les autres pays. Autrement dit, le management d’exécution prime sur celui favorisant la prise d’initiative et la création de valeurs. Concernant la rémunération «marché», le Maroc bénéficie d’une prime de stabilité politique qui fait que ses concurrents directs ne sont ni les Algériens, ni les Tunisiens ni les Libyens mais plutôt les Turcs, les Portugais, les Roumains et les Espagnols. «Le prix d’un manager marocain est le double d’un manager roumain. Un manager au Maroc coûte 1,6 fois plus cher qu’un Portugais ou un Turc à compétences égales !»
Partant de ces chiffres, il est clair que même si le Maroc dispose d’une politique de croissance, il va y avoir des tensions sur le marché du travail si les compétences ne sont pas développées. Conscients de cette tendance, certains secteurs ont même mis en place des Chartes, notamment dans le domaine de l’aéronautique pour que les talents ne puissent passer d’un opérateur à un autre, ce qui ne ferait qu’augmenter leurs salaires et donc favoriser le déséquilibre.
Au niveau des rémunérations des jeunes, l’enquête révèle qu’il existe 10 à 20 points de plus pour les diplômes étrangers. «Ce qui est intéressant c’est qu’à moyen terme, la prime diplôme étranger s’estompe surtout après l’arrivée de plusieurs écoles étrangères sur le sol marocain», poursuit le consultant. Et pour conclure, l’intelligence émotionnelle serait un facteur différentiel appréciable dans le mode managérial et le développement de la rentabilité, ce qui n’est pas forcément lié au lieu des études…
Les conclusions de l’enquête sont édifiantes dans un contexte où le Maroc s’est lancé de nombreux défis, notamment de faire baisser le chômage et de doper l’entrepreneuriat. L’un pris dans l’autre, les défis sont à étudier dans un seul contexte pour ne pas générer des incohérences liées au niveau des salaires…
Les orientations sont là en tous les cas ! Reste à en tenir compte dans l’établissement des politiques salariales.
Le 02 Octobre 2017
Source web par Aujourd'hui le Maroc
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