Marrakech/tourisme: Encore loin de la reprise!

Les professionnels demandent encore plus de mobilisation
L’embellie que connaît le secteur «compense à peine» les pertes subies depuis 2010
Si l’Allemagne cartonne, les inquiétudes sur le marché britannique et arabe persistent
Ces chiffres dégagent au moins deux grandes tendances. D'une part, une centaine d'établissements hôteliers ont été mis en service entre 2002 et 2016. Cette nouvelle offre litière plus moderne a mis à mal les vieux hôtels de 25 ans qui n’ont jamais entamé des travaux de rénovation. D'autre part, pour les opérateurs du tourisme, le taux d’occupation ne dépasse pas 65%, il y a péril sur la destination et la rentabilité des hôtels
Si on devait se référer uniquement aux réalisations des 6 premiers mois de l’année, force est de constater une belle reprise sur Marrakech. Les principaux indicateurs touristiques font état d’une hausse cumulée de 19% au niveau des nuitées et de 19% pour les arrivées. Les marchés émetteurs -à deux exceptions- sont aussi en forte progression. L’Allemagne cartonne avec 79% de nuitées de plus par rapport à l’an dernier.
L’arrivée du tour operator allemand FTI, 4e voyagiste mondial, et qui s’est engagé sur les villes de Marrakech et Agadir, y est pour beaucoup. Le marché américain connaît aussi une progression assez importante de 36%. Seuls les marchés arabe et anglais sont en berne. Le premier connaît une baisse de 10% et rien selon les professionnels n’explique cette chute. Le second provoque une véritable inquiétude chez les professionnels. En effet, le marché de Grande-Bretagne, après des années de stagnation avait repris du poil de la bête compensant même les pertes enregistrées sur d’autres pays émetteurs. Depuis, le début de l’année, les professionnels notent une stagnation et même une légère baisse.
«Il faudra réagir dès maintenant pour ne pas perdre nos parts sur le marché britannique». Du côté français, -marché émetteur très important pour la ville puisqu’il représente 60% du flux-, les 6 derniers premiers mois ont été bons avec plus de 16% par rapport à la même période en 2016. Mais cette hausse ne compense pas les fortes baisses de ce marché depuis 2010. Ainsi et malgré cette reprise, Marrakech connaît un recul de 33% sur le marché de l’Hexagone. En revanche, et dans l’attente de la publication des statistiques, les perspectives pour le mois de juillet ne sont pas encourageantes.
Pour les opérateurs de la ville, cette embellie que connaît le tourisme n’est qu’un retour aux réalisations faites en 2010, au moment où la capacité n’était pas encore aussi importante que celle d’aujourd’hui. Victime de son succès, la ville a significativement augmenté sa capacité litière alors que les arrivées touristiques baissaient. Et il était prévisible que plusieurs établissements allaient en pâtir. Certains hôteliers avaient même tiré la sonnette d’alarme en 2010 en proposant une pause quinquennale des investissements dans un souci de rétablissement de la rentabilité du secteur. Cette proposition n’a pas été retenue et c’est ainsi que les marges bénéficiaires de l’hôtellerie se sont dégradées depuis quelques années et ce, pour l’ensemble des catégories d’établissements.
La capacité d’hébergement est passée de 33.555 lits en 2006 à près de 70.000 lits en 2017. A l’horizon 2020, 30.000 nouveaux lits devraient s’ajouter à l’existant d’après les prévisions des projets en cours. L’effet ciseau entre l’offre de la capacité, qui augmente plus vite, et les nuitées en panne de croissance, impacte fortement le business du segment hôtelier. Les nouveaux entrants sur le marché ont effectivement tiré vers le bas le taux d’occupation, qui est passé de 66% en 2007 à 50% en 2017.Or, tant que le taux d’occupation ne dépasse pas 65%, «il y a péril sur la rentabilité», estiment les opérateurs. Les professionnels s’inquiètent du manque de visibilité pour les mois à venir et attendent toujours une meilleure implication des autorités de tutelle et locales pour traverser les baisses d’activité que connaît le secteur. «Il n’y a pas de secret dans ce domaine: seuls des injections d’aérien et des budgets promotionnels conséquents peuvent aider à une véritable reprise».
Dégringolade des prix
Vu la capacité grandissante de la ville, «Marrakech aura besoin d’une dizaine d’années pour atteindre un taux d’occupation rentable», indique ce professionnel. Pour rappel, quelques 2.000 lits seront injectés rien que pour 2017. Autre conséquence de cet effet de ciseau, la baisse des tarifs. «Les 5 étoiles vendent au prix des 4 étoiles qui eux-mêmes vendent au prix d’un 3 étoiles. Une dégringolade jamais vue qui contribue à mettre à plat les trésoreries des établissements»
Le 07 août 2017
SOURCE WEB Par L’économiste
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