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Réunion de crise à Berlin pour sauver le diesel

Réunion de crise à Berlin pour sauver le diesel

Constructeurs automobiles et pouvoirs publics vont débattre de mesures visant à réduire les gaz polluants.

En jeu : éviter une interdiction des véhicules diesel dans les grandes villes allemandes.

Bientôt deux ans après le séisme du « dieselgate » qui n'en finit pas de secouer l'industrie automobile allemande, c'est une réunion cruciale pour l'avenir du diesel outre-Rhin, qui s'ouvre ce mercredi à Berlin. Invités par les ministères de l'Environnement et des Transports, les constructeurs allemands Daimler, BMW et Volkswagen (Audi, Skoda, Porsche...), mais aussi Opel et Ford, vont débattre avec les représentants de l'Etat fédéral, des Länder et des communes, d'une série de mesures visant à réduire les émissions d'oxyde d'azote (NOx) de leurs véhicules diesel. L'objectif : éviter une interdiction dans les municipalités du pays.

Brandie par plusieurs grandes villes comme Stuttgart ou Munich, la menace alarme les constructeurs. Ces derniers redoutent que ce genre de mesure n'achève de détourner les consommateurs du diesel. Alors que l'image de la technologie a déjà été ternie par la fraude massive de Volkswagen, les Allemands pourraient être effrayés par la perspective d'une baisse de la valeur de leurs véhicules et l'impossibilité de pouvoir se rendre en voiture au travail.

A huit semaines des élections législatives du 24 septembre, la question est politiquement sensible. Et le Parti social-démocrate SPD comme les Verts reprochent à la chancelière Angela Merkel, en vacances dans les Alpes, de ne pas participer à la réunion de crise.

« L'opinion se retourne contre le diesel, et le mouvement touche toute l'Europe »

Traditionnellement proche de l'industrie automobile, dont dépendent 800.000 emplois outre-Rhin, Berlin souhaite, comme les constructeurs, éviter une interdiction des véhicules diesel dans les grandes villes. Le gouvernement allemand a, par ailleurs, souligné qu'il n'entendait pas mettre fin à la vente de véhicules à moteurs thermiques à une échéance donnée, à la différence de la Grande-Bretagne et de la France qui ont annoncé une telle mesure pour 2040. Mais après le « dieselgate », des soupçons d'entente entre les cinq constructeurs allemands révélés en juillet par le « Spiegel » ont encore renforcé la pression sur les industriels... et Berlin se voit forcer de hausser le ton.

Les constructeurs espèrent satisfaire les autorités en proposant une mise à jour logicielle sur un grand nombre des véhicules diesel de norme Euro 5 (40 % de la flotte de diesel en circulation, soit environ 6 millions de véhicules) et une partie des voitures de norme Euro 6. L'opération permettrait de réduire jusqu'à 25 % leurs émissions de NOx.

Pour donner des gages avant la réunion, les groupes ont récemment annoncé plusieurs rappels visant à réduire leurs émissions. Audi va faire repasser au garage 850.000 voitures, contre 3 millions en Europe pour Daimler et près d'un million pour Volkswagen, en plus des 2,5 millions déjà rappelés dans le cadre du « dieselgate ». La ministre de l'Environnement, Barbara Hendricks (SPD), a clairement indiqué qu'il ne pouvait s'agir que d'une première étape... ouvrant la voie à une intervention physique sur des pièces des véhicules. Des opérations plus lourdes, dont le coût s'élève à au moins 1.500 euros par voiture, contre une centaine d'euros pour la mise à jour logicielle, et auxquelles s'opposent les constructeurs.

Mais les pouvoirs publics devraient dans un premier temps se satisfaire des mises à jour logicielles, soulignait mardi le « Handelsblatt ». Selon Reuters, les autorités demanderont aux groupes automobiles d'intervenir sur les logiciels de deux millions de voitures pour un coût total de quelque 300 millions d'euros.

Si les entreprises devront probablement supporter seules les coûts de ces interventions, l'Etat pourrait participer, à parts égales avec les constructeurs, à un « fonds de mobilité » visant à financer une série de mesures annexes pour aider les communes à lutter contre la pollution. Parmi elles, une aide à la création de places de parking pour véhicules électriques. Selon Reuters, ce fonds s'établirait à 500 millions d'euros.

Le 02 août 2017

SOURCE WEB Par Les Echos

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