Politique de l’eau: Tout est à réinventer
Barrages et nappes phréatiques ne suffisent plus aux besoins
Le salut provient du dessalement et du recyclage des eaux usées
Le spectre de la soif pointe à l’horizon. Au nord comme au sud du pays, plusieurs villes et centres urbains connaissent des perturbations d’approvisionnement en eau potable. A tel point que certaines villes comme Ouezzane et Ouarzazate ont dû manifester contre la soif. Or, si Ouarzazate est sujette au stress hydrique, Ouezzane est si proche du plus grand barrage du pays: Al Wahda. Et le projet d’alimentation en eau potable de la ville à partir de ce barrage remonte à 2008. Mais les résultats se font toujours attendre. «De fait, 37 villes et centres sur les 681 agglomérations gérées par l’ONEE souffrent de perturbations de l’approvisionnement en eau potable», reconnaît Saâdeddine El Othmani.
Pour ce qui est des communes non couvertes par l’ONEE, des mesures provisoires ont été prises dans une trentaine d’entre elles, basées sur la mise en place de systèmes hydriques intégrés, tels le forage des puits et l’installation de réservoirs équipés de matériel de pompage.
En réponse à une question sur la stratégie gouvernementale de gestion de la rareté de l’eau, lors de la séance mensuelle à la Chambre des représentants, le chef du gouvernement a annoncé l’actualisation du Plan national de l’eau (PNE) (voir L’Economiste du 26 juillet). Constat d’échec ou reconsidération des paramètres sur lesquels est basé ce plan? La réponse est fournie par la secrétaire d’Etat chargée de l’Eau. Selon Charafat Afilal, qui passait également devant la deuxième Chambre du Parlement sur la même question, «la mobilisation des ressources superficielles n’est plus suffisante». Les retenues des 130 barrages ainsi que les eaux souterraines ne permettent plus de faire face aux besoins des populations, de l’agriculture, du tourisme et de l’industrie. A ses yeux, la solution réside dans le dessalement de l’eau de mer et le recyclage des eaux usées. Deux axes sur lesquels le pays a pris beaucoup de retard. Rien qu’au niveau de la réutilisation des eaux usées, «pas moins de 325 millions de mètres cubes seront captés», promet El Othmani. A cet effet, il est prévu la réalisation de 28 stations d’épuration d’eau. Mais le salut proviendrait du dessalement d’eau de mer dont les projets seront généralisés à l’ensemble du territoire. «L’exemple du projet du Grand Agadir en eau potable qui doit permettre la mobilisation de 150.000 m3/jour sera ainsi dupliqué à d’autres régions», promet le chef du gouvernement.
La politique gouvernementale à moyen et long terme repose sur trois axes complémentaires.
Le premier tient au traitement structurel à travers la planification préventive et la programmation de projets visant à mobiliser les ressources hydriques afin de répondre aux besoins en eau sur le moyen et le long terme. C’est l’objectif du PNE et des plans directeurs d’aménagement intégré. Le dispositif sera accompagné par la poursuite des programmes d’économie d’eau d’irrigation. Le deuxième pilier est relatif à la gestion proactive et participative des réserves des barrages. Il s’agit d’impliquer toutes les parties prenantes pour être au fait des besoins des différents secteurs et d’en déterminer les priorités.
Le troisième axe s’articule quant à lui, autour des mesures d’urgence pour faire face à la pénurie d’eau en cas de sécheresse et de fortes chaleurs. C’est le même scénario qui prévaut pour certaines régions du Sud.
Repères
? Le disponible d’eau actuel atteint 750 m3/habitant contre 1.500 en l’an 2000 et 2.500 m3/habitant en 1980
? 75 millions de mètres cubes, la perte annuelle du fait de l’envasement des barrages
? 135 ouvrages d’une réserve théorique de 17,5 milliards de m3
? 1,3 million de personnes ne bénéficient pas d’accès direct à la ressource
Ni eau, ni assainissement
96% des foyers ruraux accèdent à l’eau potable! Mais combien sont réellement raccordés? L’Office national de l’eau et de l’électricité ambitionne de porter la proportion à 98% à l’horizon 2020 via l’investissement de 4,6 milliards de DH. Un objectif que ne partagent pas les parlementaires de l’opposition. En cause, la rareté de l’eau qui s’aggrave dans plusieurs zones montagneuses. Ceci, sans occulter la dispersion des foyers et les terrains escarpés.
Aujourd’hui, 28% de la population rurale, soit 1,3 million de citoyens, n’ont pas l’accès direct à l’eau potable. Autrement dit, ils manquent aussi d’assainissement même à travers les fosses septiques. Le coût du raccordement s’avère onéreux pour l’écrasante majorité des ménages: 3.500 DH. De même, l’approvisionnement via les fontaines publiques est jugé cher par rapport au pouvoir d’achat. Le mètre cube d’eau coûtant entre 6 et 10 DH, ce qui limite la consommation moyenne d’eau à 8,3 litres d’eau par jour, alors que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) préconise au moins 20 litres par jour.
Des disparités entre régions en termes d’accès à l’eau potable existent aussi. Et c’est la région Tanger-Tétouan-Al Hoceïma qui enregistre le taux le plus bas avec 82% d’accès à l’eau potable, soit 14% de moins que la moyenne nationale.
Des disparités entre les provinces sont également signalées. Si deux (Berrechid et Inezgane-Aït Melloul) n’ont pas le moindre problème, ce n’est pas le cas de sept provinces: Ifrane, Tantan, Figuig, Sefrou, Taounate, Taza et Moulay Yacoub dont la moitié de la population souffre du manque de raccordement.
Le 27 Juillet 2017
SOURCE WEB Par L’économiste
Les tags en relation
Les articles en relation
Vision Agricole 2050 : le Maroc face aux défis climatiques
Le Maroc prépare l’avenir de son agriculture avec le lancement, dès novembre, d’une étude stratégique baptisée « Vision Agricole 2050 », dotée d’u...
Sécurité hydrique au Maroc : plan national de l’eau 2050 et mise en œuvre de la loi 36-15
Face à une sécheresse chronique et à une demande croissante en eau potable et agricole, le Maroc renforce sa stratégie de gestion de l’eau à l’horizon ...
Al Massira, second réservoir d’eau du Maroc, s’est réduit de 63% en trois ans
La dernière fois qu’il se trouvait à ce niveau, c'était entre 2005 et 2008, lorsque plus de 700 000 Marocains avaient souffert de la sécheresse et que...
Aziz Akhannouch : Priorité aux Investissements et à la Gestion Durable de l'Eau pour la Seconde Mo
Le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a réaffirmé ce jeudi à Rabat que l’Exécutif, à l’entame d’une nouvelle phase politique, mettra l’accent s...
Conformément aux Hautes Orientations Royales Le gouvernement met en place un programme d'urgence po
Le Chef du gouvernement, Saâd Eddine El Othmani, répondant aux questions des députés. Conformément aux Hautes Orientations Royales, le gouvernement a mi...
L'eau, un combat d'aujourd'hui, une guerre pour demain?
RESSOURCES - "Soyons tous conscients que cette planète n'est pas un acquis". C'est sur ces mots que s'est clôturé le discours de remerciements de...
Pour un meilleur accès à l’eau et aux services d’assainissement dans le continent
Pour l’heure, le Maroc est, selon le directeur de l’ONEE, engagé dans un programme d’assainissement étalé sur 2017-2020 pour atteindre 140 stations de ...
Nouvelle colère du roi Mohammed VI
À l’horizon 2025, la pénurie d’eau se fera pressante, avec une réserve de 500 m3 d’eau potable, contre 720 m3, aujourd’hui, et, 1700 m3, dans les ann...
Comment sécuriser la ressource hydrique
Trois nouveaux axes en phase d’être déployés Priorité au dessalement et au recyclage des eaux usées La rareté de l’eau gagne plusieurs zones. ...
Stress hydrique : comment optimiser l’utilisation de l’eau ?
De nos jours, l’eau se raréfie à cause du réchauffement climatique. En 2020, un quart de la population mondiale n’avait pas accès à l’eau et 99% de l...
Réponse de Nizar Baraka au récent rapport de la Cour des Comptes sur le stress hydrique
Le ministre de l’Equipement et de l’Eau, Nizar Baraka, a répondu au récent rapport de la Cour des comptes sur le Plan national de l'eau. La Cour des C...
Grands barrages du Maroc: un taux de remplissage de 57,6%
Les retenues des principaux barrages du Maroc, tous usages confondus, ont atteint plus de 8,76 milliards de m3 à la date du lundi 27 mars 2017, enregistrant ai...


samedi 29 juillet 2017
0 
















Découvrir notre région