L’école peut-elle vouloir ce que Hassad veut ?

Réduction des effectifs des classes, enseignement bilingue dès le CP, unification des dates des vacances…Tant de mesures qui font débat
Une rentrée scolaire en septembre, l’introduction du français dès la première année du primaire, la réduction du nombre d’élèves dans les classes, l’unification du système des vacances scolaires... Tel est le plan d’action de réforme proposé par Mohamed Hassad, ministre de l’Education nationale, de l'Education nationale, de la Formation professionnelle, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Des mesures qui ne semblent pas susciter l’enthousiasme du corps enseignant.
« Ces mesures s’inscrivent, selon le discours du ministre, dans le cadre de la bonne gouvernance et de la réforme du système éducatif, mais correspondent-elles vraiment aux attentes et demandes moult fois formulées et qui consistent à mettre en place une réforme de fond qui touche la racine du mal », s’est demandé d’emblée Abdelkrim Safir, inspecteur principal de philosophie. Et de poursuivre : « Nous sommes face à des retouches plutôt qu’à de véritables mesures à même de résoudre les vrais problèmes de l’enseignement.
Notre source estime qu’il est insensé d’évoquer ce genre de mesures dans un contexte marqué par une situation catastrophique de l’enseignement public. « Pourquoi le ministre n’a pas jugé utile de commencer par la révision des salaires des enseignants, la promotion des manuels, des programmes et des méthodes, la formation continue, l’augmentation des cadres d’inspection qui souffrent d’un déficit important? Savez-vous qu’au Maroc, il y a aujourd’hui seulement 20 inspecteurs de philosophie pour encadrer tout le territoire national?» s’est-il interrogé. Et d’ajouter : «Les cadres enseignants sont aujourd’hui fortement déçus et leur moral est à zéro. Il n’y a pas d’incitation, ni d’encouragement, ni d’implication dans les projets de réforme. Pour eux, ces réformes viennent toujours d’en haut. Les élèves eux aussi ne sont pas impliqués dans ce processus de réformes. Ils sont souvent considérés comme des mineurs qui n’ont pas d’avis à formuler alors que dans d’autres pays, il y a des évaluations qui sont faites même par les élèves ».
Abdelkrim Safir va plus loin. Il pense que l’école marocaine est sous-développée, hors du temps et inapte à produire des citoyens du XXIème siècle. « Nous avons besoin d’un réforme globale et profonde plus que de mesures formelles et inutiles. Nous avons besoin d’une réforme basée sur un vrai diagnostic de la situation de notre enseignement et non pas sur de fausses données comme ce fut le cas jusqu’à aujourd’hui. Prenez le cas de la Vision stratégique de la réforme 2015-2030, elle se base sur la Charte nationale de l’éducation et de la formation, fruit d’une entente entre Feu Hassan II et le gouvernement d’alternance et qui était encadrée par les dispositions de la Constitution de 1996 alors que beaucoup de dispositions constitutionnelles ont changé avec la promulgation de la Loi suprême de 2011. On veut réformer avec une Charte de l’an 2000 », nous a-t-il expliqué. Et d’ajouter : « La nécessité d’une vraie gouvernance et d’un dialogue national sur l’école marocaine s’imposent aujourd’hui avec acuité. Aujourd’hui, la COSEF ne peut pas mener la réforme escomptée puisque sa composition ne privilégie pas des critères pédagogiques mais plutôt des critères politiques et syndicaux qui ont d’autres enjeux plus sociaux, politiques et économiques. Les associations professionnelles ne font pas partie du Conseil, ni les inspecteurs, ni les professeurs, ni les élèves. Et c’est pourquoi, on se trouve souvent confrontés à des recettes de réforme prête à l’emploi et importée de l’étranger. Les membres de ce conseil n’ont pas le savoir-faire requis pour produire des documents éducatifs».
De son côté, Aicha Maazouz, enseignante, estime qu’il est encore tôt pour évaluer ces mesures et qu’il faut leur donner du temps. « Je suis partagée concernant ce plan d’action. En fait, réduire le nombre d’élèves dans les classes et le recrutement de nouveaux professeurs vont sûrement améliorer la qualité de l’enseignement, mais le hic, c’est que la bonne volonté ne suffit pas et on ne sait pas si le ministère va se contenter de ces seules mesures », nous a-t-elle déclaré. Et de conclure: « L’expérience de Mohamed Hassad en tant qu’ancien wali de Marrakech et de Tanger peut bien rassurer quant à ses capacités de gestionnaire. Mais, il y a des questions primordiales qui restent en suspens concernant la réforme, mais personne ne sait comment le ministre compte répondre à ces questions. Il y a eu certains signes précurseurs comme la campagne lancée contre certains détournements de fonds publics (Appels d’offres et marchés truqués) qui annoncent une vraie volonté de changement mais il faut attendre ».
Séance parlementaire consacrée aux questions orales relatives à la politique générale
La Chambre des représentants tient, aujourd’hui, une séance plénière consacrée aux questions orales relatives à la politique générale, auxquelles répondra le chef du gouvernement.
Les travaux de cette séance, qui intervient en application des dispositions de l'article 100 de la Constitution et conformément au règlement intérieur de la Chambre, débuteront à partir de 11H00, indique un communiqué de la Chambre des représentants relayé par la MAP.
Le 20 Juin 2017
SOURCE WEB Par Libération
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