Safi: Les sites sont là, mais pas les touristes

Un potentiel, mais peu d’investisseurs
Absence d’une réelle politique adaptée
La ville trop longtemps confinée dans un «statut» de passage pour d’autres destinations
Le Château de mer, une merveille architecturale et un vestige inexploité comme tant d’autres (Ph. Privée)
C’est un véritable paradoxe que l’on constate à Safi et sa région. En effet, de grandes potentialités notamment en termes de sites touristiques y existent bel et bien. Mais les touristes, eux, sont encore absents. Jusqu’à une date récente, on imputait cette situation à l’absence de voies d’accès en bon état. Il est vrai que les routes qui mènent à Safi en venant de Casablanca ou de Marrakech ont toujours été en mauvais état et le sont encore d’ailleurs.
Seulement, la réalisation et l’entrée en exploitation de l’autoroute El Jadida-Safi ont mis fin à cette situation. Désormais, il faut chercher la faille ailleurs. Safi est encore dans l’incapacité de déployer et de développer ses atouts. L’absence d’une réelle politique et d’une stratégie adéquate et appropriée ne fait qu’exacerber encore plus les carences en infrastructures touristiques. Pourtant, des richesses historiques et naturelles, la ville et sa région n’en manquent pas.
Une situation qui serait due au fait que Safi soit restée trop longtemps confinée dans un «statut» de ville de passage d’Agadir et Essaouira vers Marrakech ou El Jadida et Casablanca. On y séjourne à peine un ou deux jours. Première conséquence: une capacité d’accueil d’à peine un millier de lits et un peu moins que 42.000 nuitées par an, dispatchées entre deux hôtels 4 étoiles, quatre unités 3 étoiles et un seul établissement 2 étoiles. Très peu pour une région à fort potentiel touristique.
Des kilomètres de plages délaissées
Du côté des professionnels, on affirme volontiers une disposition à tout mettre en œuvre pour assurer le décollage escompté de l’activité touristique. Un plan d’action a même été mis sur pied à cet effet. Il est en cours de finalisation et sera bientôt validé par les autorités compétentes et les départements concernés. Mais, ajoutent les opérateurs, ils ne peuvent pas prendre en charge l’aménagement des routes et voies d’accès aux sites touristiques et aux 150 km de plages du littoral de la région.
De Souiria Kdima à Cap Beddouza, les vastes étendues de sable fin sont laissées à l’abandon, dans leur état primaire et sauvage. Aucune structure d’accueil, absence d’équipements sanitaires, de services de proximité, de commerces, d’animation, de campings… Pourtant, ces plages attirent de nombreux inconditionnels durant la saison estivale.Mais elles ne sont pas l’unique potentiel touristique de Safi et sa région. En effet, l’arrière-pays dispose de sites et de niches touristiques d’une grande valeur.
Toutefois, ils connaissent le même sort que celui des plages. A l’abandon, ils périclitent à vue d’œil. A tire d’exemple, la réserve des gazelles de la race Dorcas. Sa population est aujourd’hui en voie d’extinction. On n’en compte plus qu’une cinquantaine réparties sur près de 2.000 ha. Cette réserve en abritait il y a trois décennies 800 têtes.
L’arrière-pays regorge également de magnifiques grottes offrant une importante niche pour le développement du tourisme spéléologique. Seulement, personne ne se soucie de leur sort et sont à l’abandon à cause de l’absence d’une politique d’aménagement et de mise à niveau. Elles sont parmi les plus importantes à l’échelle nationale. Curieusement, ces sites géologiques ne sont pas valorisés ni aménagés comme il se doit pour attirer davantage de visiteurs.
Il y a aussi le site Rass Lafaa, connu pour ses vagues qui font le bonheur des mordus du surf. Aujourd’hui, ces derniers se font de plus en plus rares à cause justement de l’absence d’infrastructures appropriées. Ils préfèrent désormais descendre beaucoup plus loin, vers le sud du pays, là où ils peuvent exercer leurs talents dans de bien meilleures conditions, soit donc à Dakhla.
Toujours dans l’arrière-pays, il y a le tourisme spirituel avec la grande rencontre internationale de soufisme de Sidi Chiker. Oui, Safi et sa région regorgent d’atouts et de potentialités. Oui, elles offrent des opportunités d’investissement qui n’existent nulle part ailleurs. Reste à attirer et convaincre les investisseurs et les touristes.
L’atout médina
Safi est parmi les rares villes marocaines à avoir conservé sa médina. Cette dernière est à juste titre considérée comme étant l’âme de toute la cité. Et il y a de quoi. Ses ruelles, les portails de ses maisons anciennes, ses zaouias et mosquées, sans oublier ses kissarias, la font ressembler à une ville figée dans le temps. Mais c’est également un appel à se fondre dans l’histoire de cette ville. Et aussi dans sa mémoire. Régulièrement restaurée, la médina de Safi est un véritable livre d’histoire témoignant du passé séculaire du plus ancien port du Maroc. Un port qui a eu ses jours de gloire et s’apprête à entrer dans l’avenir grâce à la nouvelle dynamique de développement qu’il connaît depuis maintenant cinq années.
Le 10 Mai 2017
SOURCE WEB Par L’économiste
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