Affrontements à l’université de Fès: Le «marxisme» a la peau dure
Pauvreté, incivilité, et chômage… une bombe à retardement
Une faction d’étudiants d’extrême gauche fait sa loi
Alors que les idées du marxisme ne trouvent plus écho auprès des mouvements estudiantins du monde moderne, cette faction «radicale» sévit encore à Fès. En témoignent les violents affrontements d’étudiants du «programme local d’Annahj démocrati Al Qaidi» (gauche) avec les forces de l’ordre qui se sont produits, jeudi dernier, non loin de la cité universitaire de Dhar El Mehraz.
A l’origine de ces graves échauffourées, la protestation d’une centaine d’étudiants contre les procès qui se sont déroulés le 13 avril à la Cour d’appel de Fès. Des procès relatifs à Mohamed El Janati El Idrissi et Mohamed El Kachkachi, «deux camarades» poursuivis pour des heurts ayant causé la mort de l’étudiant Abderrahim Hasnaoui, en avril 2014.
Pour rappel, une dizaine d’étudiants «marxistes-léninistes» avaient écopé, l’an dernier, d’une peine globale de 70 ans de prison ferme. Pour leur part, El Janati El Idrissi et El Kachkachi ont été innocentés de l’homicide volontaire, mais écoperont respectivement de 18 et 36 mois de prison ferme pour trouble à l’ordre public. Une sentence refusée par leurs amis, venus en force les soutenir lors du procès. Mécontents, ces étudiants provoquent une altercation avec les forces de l’ordre, aux environs de la cité universitaire de Fès et au cours de laquelle les protestataires ont fait usage de violence et de jets de pierres.
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Bilan de la confrontation: une soixantaine de blessés parmi les forces de l’ordre ayant nécessité leur évacuation à l’hôpital afin de recevoir les soins nécessaires. Un communiqué des autorités locales publié tard dans la soirée du 13 avril fait état de l’interpellation de 17 étudiants pour usage de violence et jets de pierres. Signalons que la faculté de Dhar El Mehraz a toujours été le théâtre d’affrontements idéologiques et de heurts.
Avec ses trois établissements, ce campus concentre près de 80% des effectifs contre seulement 20% au campus Saïss. Cette situation s’explique par le fait que tous les établissements sont à accès ouvert. L’existence de la cité universitaire au milieu du campus et donc le flux des étudiants à l’intérieur de la cité échappent ainsi à tout contrôle.
Pour y remédier, un vaste programme de mise à niveau du campus de Dhar El Mehraz est lancé en 2016, pour un investissement de plus de 160 millions de DH. Mais, ceci n’a pas empêché la mobilisation des étudiants «radicaux». «Lors des travaux de rénovation du campus Dhar El Mehraz, appelé désormais le campus d’Agdal, nous y avions découvert un fief d’extrémistes et de dealers de drogue», déclarait à L’Economiste un haut responsable de l’Université Sidi Mohammed Ben Abdallah (USMBA). Contacté après les événements du «jeudi noir», ce dernier est resté injoignable.
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Dhar El Mehraz ouvre le champ à tous les tensions et chocs d’idéologies ayant un impact direct sur le fonctionnement des facultés et sur la vie estudiantine. Jeudi dernier, de graves échauffourées entre étudiants et forces de l’ordre se sont soldées par des blessés, une soixantaine chez les autorités, et des arrestations (Ph. YSA)
Ce même responsable critiquait le fait que «l’Université Al Akhawayne soit dotée d’un espace d’études et d’épanouissement de 75 ha pour 2.000 étudiants, alors que l’Université qu’il dirige ne dispose que d’une vingtaine d’hectares pour 100.000 étudiants». Voilà ce qui résume la mentalité des dirigeants de l’USMBA.
Du côté des universitaires, l’inquiétude est palpable. «Le campus de Dhar El Mehraz est toujours le même théâtre de violences sanglantes entre mouvements dits «séparatistes» au sein de l’université. Sa délocalisation de ce campus constitue désormais un problème d’ordre public à Fès», disent-ils. Fragilisé par son infra-structure vieillissante, dans un état de délabrement très avancé, le campus de Dhar El Mehraz est souvent qualifié de bombe à retardement.
Il est entouré de casernes militaires, quartier industriel, quartiers pauvres, et commerces illicites de toutes sortes de marchandises (drogues, alcool, sabre, prostitution…). A n’en point douter, la réhabilitation de ces espaces et infrastructures n’a pas réussi d’instaurer le calme. Toutefois, un enseignement de qualité nécessite un cadre de vie agréable afin de permettre à l’Université de Fès de relever les défis d’un système éducatif répondant aux exigences du marché de l’emploi.
Des sites «déséquilibrés»
Historiquement, depuis les années 1990, il n’y a pas une saison qui passe sans son lot de manifestations. Et pour cause: créée par étapes successives, sans vision globale ou intégrée, l’Université de Fès dispose de sites «déséquilibrés» dont Dhar El Mehraz. La faculté est fortement politisée avec des affrontements fréquents de factions extrémistes. Ce campus jouit d’une situation géographique totalement inadaptée aux spécificités de la réforme. Il est entouré, outre les bidonvilles de Dhar El Mehraz, Bab El Ghoul, Douar El Askar et Aouinate El Hajjaj, d’une zone industrielle (Sidi Brahim), de casernes militaires et de quartiers insalubres. Il est aussi surpeuplé car accueillant de grandes facultés à accès ouvert (environ 70.000 étudiants) allant jusqu’à l’affrontement dès qu’il s’agit de réguler ou de rééquilibrer les inscriptions par ces facultés.
Le 17 Avril 2017
SOURCE WEB Par L’économiste
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mercredi 19 avril 2017
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