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Fès/Maisons d’hôtes: Sajid et Boutaleb s’attaquent à l’informel

Fès/Maisons d’hôtes: Sajid et Boutaleb s’attaquent à l’informel

Face à la passivité des responsables locaux, les ministres priés d’intervenir

Les professionnels dénoncent la concurrence déloyale des riads non classés

Sur intervention de Mohamed Sajid, ministre du Tourisme, Saïd Zniber, wali de la région, devait enfin recevoir les professionnels du tourisme. Ces derniers dénoncent la prolifération des maisons d’hôtes clandestines «légalisées» par les élus (Ph. YSA)

Appart-hôtels, maisons d’hôtes et maisons meublées prêtes à louer… agacent les professionnels du tourisme à Fès qui n'ont pas hésité à porter leurs doléances à Rabat. «Nous avons constaté une montée inquiétante des riads non autorisés», déplorent ces hôteliers. Reçus, le 14 juin, par Mohamed Sajid et Lamia Boutaleb, respectivement ministre de tutelle et secrétaire d’Etat en charge du Tourisme, ces derniers parlent de quelque 300 établissements touristiques hybrides.

«Ces maisons sont autorisées par la commune, mais non classées par le département du Tourisme, car considérées non-conformes à la législation en vigueur», rapporte Hamza Benabdallah, représentant de la Chambre de commerce, d’industrie et de service (CCIS Fès-Meknès). Cette divergence crée une véritable confusion.

Devant Sajid et Boutaleb, les professionnels du tourisme n’ont pas mâché leurs mots quant aux surnoms dont ils ont affublé les riads non autorisés, les qualifiant à l’unanimité de concurrents plus que déloyaux. «Ces maisons clandestines ne disposent d’aucune norme d’hygiène et de sécurité et ne payent pas d’impôts», matraquent les dirigeants de l’Association des riads et maisons d’hôtes de Fès (ARMH). Pour eux, «il s’agit d’une activité qui nuit à l’hospitalité légendaire de la ville».

D’autant plus que ces maisons clandestines sont commercialisées sur les principaux sites de voyages sans aucune crainte. «Pour la médina de Fès, à ce jour, sur les principaux sites connus, près des deux tiers des riads ou maisons d’hôtes mis en ligne ne respectent pas les normes!», constatent les adhérents de l’ARMH. Ils qualifient cette situation d’«énorme scandale».

Tambour battant, ces derniers avaient, à maintes reprises, réclamé une intervention des autorités locales, mais rien n’y fait. «Il aura fallu que Sajid appelle, séance tenante, le wali pour que ce dernier décide enfin de nous recevoir», révèle un hôtelier. «Le wali nous a donné rendez-vous ce jeudi», ajoute-il.

En effet, les maisons non autorisées font courir un risque sécuritaire non négligeable aux touristes. Pourtant, la loi marocaine est claire et connue de tous: «Un hébergement touristique doit, en plus d’avoir une autorisation d’exploiter délivrée par la commune, faire l’objet d’une décision de classement».

Ce dernier document est le seul qui rend légale l’activité d’hébergement touristique. Toutefois, à Fès, des autorisations de complaisance sont octroyées par l’arrondissement de Fès-Médina, à qui le veut. Ce qui a encouragé le non-respect des normes architecturales, d’hygiène et de sécurité ainsi que les pratiques délictueuses de fraude à la TVA, fraude aux taxes de séjour et à la taxe de promotion touristique, non-déclaration des personnels à la CNSS ou sous-déclaration des salaires…

«L’arrondissement de la médina, présidé par le pjdiste Saïd Serghini, a voté dernièrement la légalisation des maisons informelles», déplorent les hôteliers. «Cet arrondissement a même soumis au conseil communal un projet de loi garantissant à ces maisons le statut d’établissement touristique… sans aucune consultation de la commission de classement», s’indignent-ils. En réponse, le wali leur a confirmé que «le décret d’application de la formalisation de l’informel ne passera pas».  Ce qui promet un nouveau bras de fer entre l’autorité et la mairie dominée par le PJD. Affaire à suivre…

Des touristes arnaqués

Les «hôtes» des maisons non classées sont souvent victimes d’arnaque. D’où d’ailleurs le cri d’alarme de l’ARMH. Pour les professionnels du secteurs, «qui dit établissement non classé et donc illégal, dit aussi non-déclaration de toutes les arrivées, ce qui fausse les statistiques touristiques de la ville». Sachant aussi que le nombre d’établissements non classés est majoritaire. «Ils  pratiquent des tarifs si bas qu’ils constituent une concurrence déloyale car impossible à tenir par les riads classés et réputés. Signalons enfin qu’il est totalement impossible, pour un touriste qui cherche un établissement sur Internet, de faire la différence sur ces portails entre un riad non classé à 20€ et un classé à 100€. En plus, les sites de réservation en ligne ne vérifient pas la réalité et la qualité des établissements qu’ils proposent.

Création d’une nouvelle catégorie d’hôtels

Pour remédier au phénomène des maisons d’hôtes non autorisées, Sajid et Boutaleb, en concertation avec les professionnels, optent pour la création d’une 3e catégorie de classification destinée à ces établissements. «Il s’agit d’une autre famille d’établissements d’hébergement qui est appelée communément «maisons meublées prêtes à louer» dotées d’au moins 3 chambres (au lieu de 5) et répondant aux normes de sécurité et d'hygiène», explique Hamza Benabdallah. Le but étant de stopper la prolifération de l’hébergement clandestin. Cette action devrait endiguer ce phénomène de concurrence déloyale et surtout mettre fin à une résistance solide, bien organisée, présente sur le web et sur le terrain. Toutefois, d’autres actions répressives doivent être menées par les autorités locales et élues, afin d’éradiquer les entités clandestines. «Il faut améliorer l’état des lieux des maisons d’hôtes classées dans le but d’attirer plus de touristes et profiter de la promotion engagée par l’ONMT et soutenue par le ministère de tutelle», conclut Yassir Jawhar, vice-président du CRT.

Le 16 Juin 2017

SOURCE WEB Par L’économiste

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