Tourisme Un sévère audit des TO
Plusieurs maillons faibles selon une enquête sur la destination Les 5 étoiles plus impactés par la crise Un important déficit d’image Les routes et l’insécurité routière sont devenues un facteur repoussoir pour la décision de venir au Maroc! Et ce, alors que les traditionnels points noirs (accueil, professionnalisme, qualité de service…) se sont un peu corrigés Oui, le tourisme au Maroc résiste. A l’heure où le secteur a traversé une forte crise en 2011 en Afrique du Nord (-9,3% des arrivées et -6,7% des recettes), la destination Maroc arrivait quand même à tirer son épingle du jeu. Le pays s’en est sorti haut la main (+1% des arrivées et +4% de recettes). Mais le fait est que la conjoncture internationale devient de en plus rude et la concurrence s’intensifie. Il va donc falloir se remettre en question, analyser ce qui ne va pas et trouver des solutions adéquates et rapides. C’est justement l’exercice auquel s’est prêté le spécialiste des études touristiques In Extenso, en partenariat avec le cabinet Deloitte, l’Association nationale des investisseurs touristiques (Anit) et L’Economiste. Jeudi 14 juin, le cabinet In Extenso a dévoilé les conclusions de deux enquêtes, à la fois sur la conjoncture touristique et les fortes tendances du secteur au Maroc. Des conclusions qui reposent sur la perception des tour-opérateurs. La première a été réalisée auprès de 70 hôtels représentant 65% de l’offre des chaînes hôtelières. Elle montre d’abord clairement l’impact de la crise sur les hôteliers. Et ce sont les enseignes de luxe qui en ont le plus pâti. Elles ont perdu 10% de leurs revenus en 2011, contre 4,5% pour celles de 3 à 4 étoiles standard. Les 4 étoiles pour leur part ont mieux résisté avec une perte de revenu de 2,8% seulement, grâce aux bonnes performances de la demande de loisirs. Globalement, en 2011, les taux d’occupation se sont repliés (jusqu’à 7% pour les 5étoiles, et plus de 8% pour les 3 étoiles). «En dehors des destinations phares, l’hôtellerie peine souvent à trouver son rythme de croisière», précise l’enquête. Même l’axe Casablanca-Rabat a perdu en clientèle d’affaires. Cependant, la situation est loin d’être dramatique, puisque l’on reste encore à des niveaux forts par rapport aux performances de la région. Les révélations de la 2e enquête sont riches en enseignements. Comparé à l’Egypte, la Grèce, la Tunisie et la Turquie, le Royaume est classé comme la destination haut de gamme par les agences françaises. En revanche, les agences américaines l’excluent de cette catégorie. C’est dire le déficit d’image dont souffre le pays. Sur l’offre, c’est la qualité de l’hébergement qui l’emporte, juste après le climat. Mais elle reste inférieure par rapport à la concurrence. Un peu plus de 40% des sondés jugent la qualité de l’hébergement supérieure aux pays précités. Vient ensuite l’accueil, suivi de la restauration, dont les perceptions sont plutôt négatives. L’offre culturelle est jugée pratiquement équivalente aux autres pays, de même que les loisirs. En revanche, le transport semble être le point noir. «Les routes sont en meilleur état qu’autrefois, mais on ne peut pas aller en dehors des zones touristiques». A noter qu’une étude menée par la tutelle au 1er trimestre corrobore ces résultats. Les touristes sont généralement satisfaits de la qualité de l’hébergement. Mais restent critiques par rapport à l’accueil à l’aéroport, au transport, surtout au niveau des prix pratiqués, à la restauration et au manque d’animation. Heureusement, selon In Extenso, la majorité (60%) estime que la qualité de la destination Maroc est en amélioration. Mieux encore, plus des deux tiers jugent «bon» le rapport qualité/prix. L’enjeu aujourd’hui est de capitaliser sur cette image et d’essayer de travailler en profondeur sur les aspects décriés par les touristes. Les routes… qui découragent! Outre d’être les plus corrompues, les routes sont aussi le facteur qui décourage le tourisme! Une semaine bien noire pour la police, la gendarmerie et les responsables du ministère de l’Equipement et du Transport! 25% des agences et TO pensent que les routes marocaines sont inférieures (plus dangereuses, moins indiquées, corrompues…) à celles qu’on trouve en Egypte, en Turquie et Croatie, en Tunisie ou en Grèce. Jeudi 14 juin, L’Economiste a rapporté les données de l’enquête effectuée, courageusement, par le ministère de l’Equipement et du Transport avec l’Instance de prévention de la Corruption: c’est la corruption des contrôles routiers qui est la pire de toutes les corruptions qui minent les transports. Et c’est encore cette même route marocaine qui effraie les touristes. SOOURCE WEB PAR Ahlam NAZI L’ECONOMISTE