Gares routières Un modèle torpillé par les collectivités locales
Des équipements transformés en sources de recettes contrairement au dahir de 1963 Transport illégal, manque de coordination avec les autres modes de transport… Les professionnels proposent l’unification des modes de gestion Source: CNPAC L’étude réalisée par le Comité National de Prévention des Accidents de la Circulation (CNPAC), auprès d’un échantillon de 1.506 voyageurs fréquentant les gares routières, montre que l’indice de satisfaction global est inversement proportionnel à la taille de la gare Les usagers ne sont pas satisfaits de la qualité de service des gares routières de voyageurs! C’est la conclusion de la récente étude réalisée par le Comité National de Prévention des Accidents de la Circulation (CNPAC) auprès d’un échantillon de 1.506 voyageurs. Un sondage validé par le HCP et qui démontre que l’indice de satisfaction global est inversement proportionnel à la taille de la gare. En clair, le service offert par une petite gare est de meilleure qualité que celui dans la grande gare. Toutefois, selon le CNPAC, l’indice de satisfaction global (ISG) est certainement lié à la population qui fréquente la gare routière. Par conséquent, cela signifie que la majorité de ces équipements sont logés à la même enseigne. L’exemple le plus éloquent reste celui de Casablanca. «L’étude réalisée par l’ex-Office National du Transport préconisait la construction de trois gares routières en fonction de la destination finale des voyageurs. Sauf qu’en fin de compte, le Conseil de la ville a construit une seule gare dans le site de son choix», explique Mohamed Ziati, ex-responsable de l’ONT et actuel directeur de la Fédération du transport/CGEM. 20 ans plus tard, la plus importante gare routière du Royaume ne répond plus aux besoins des voyageurs. Pis encore, la station Ouled Ziane se retrouve dans l’illégalité depuis la fin (en juillet 2011) du contrat de gestion liant le Conseil de la ville au groupe immobilier Reda. Une convention signée en 1998, arrivée à terme en 2008 et prorogée sur simple lettre pour trois ans! Le ministère de l’Intérieur a ordonné au Conseil de la ville de lancer un appel d’offres pour la sélection d’un gestionnaire. La situation de l’infrastructure routière casablancaise est symptomatique de tous les dysfonctionnements des autres gares routières nationales. A commencer par son emplacement, qui ne permet guère l’optimisation des transports par autocar, ni sa complémentarité ou connectivité avec le transport par train ou par avion. Une situation aggravée par l’absence d’un système d’information automatisé. Du coup, contrairement au ferroviaire et à l’aérien, un voyageur qui souhaite connaître les horaires des autocars est obligé de se déplacer à la gare routière. Dans la majorité des cas, la billetterie continue d’être gérée manuellement. L’environnement, aussi bien interne qu’externe, n’est pas conforme à la mission de la gare. En effet, tout autour se développent un certain nombre d’activités illégales comme le transport clandestin, le racolage des voyageurs par les fameux courtiers, le commerce informel… Autre dysfonctionnement, la multiplicité des modes de gestion. Certaines gares sont gérées par les collectivités locales, les professionnels du transport eux-mêmes ou encore la Société Nationale du Transport et de la Logistique (SNTL) ou par plusieurs intervenants à la fois. Ce qui est à l’origine de bon nombre d’incohérences. «Au départ, le concept de gare routière avait été fixé par l’ex-ONT comme étant une infrastructure devant assurer l’unicité des lieux pour le transport des voyageurs via des moyens collectifs et un édifice de coordination entre les différents modes de transport», rappelle Ziati. «La construction des gares routières est un investissement à la fois social et public. Ce qui signifie qu’elles ne sont pas tenues de réaliser de profit», explique Hamid Zhar de la Fédération du transport/CGEM. Une vocation ignorée par la majorité des collectivités locales qui ont fait des gares routières un moyen pour renflouer leurs recettes. Aujourd’hui, «la Fédération du transport/CGEM réclame le retour à l’unicité de gestion et aux objectifs définis au départ dans le dahir de 1963», préconise Ziati. De l’avis du professionnel, le concept de gare routière a été torpillé par les collectivités locales. La mise en place d’une entité publique chargée de la gestion des gares routières pourrait constituer une piste de réforme. Anachronisme Les gares routières devaient être gérées par des entités spécialisées, indépendantes des transporteurs avec la participation des bailleurs de fonds au conseil d’administration. Par conséquent, les guichets ne devraient pas être confiés à des courtiers chargés de vendre les billets pour le compte des transporteurs, alors qu’ils n’ont rien à voir avec le secteur du transport. Autant d’intervenants à l’origine de l’anarchie qui sévit dans la grande majorité des gares routières. Aujourd’hui, certains transporteurs n’entrent plus dans l’enceinte de la gare, déposent les voyageurs et en prennent d’autres à l’extérieur, avec tout ce que cette pratique génère comme risques et insécurité. SOURCE WEB Par Hassan EL ARIF L’Economiste