L'Opep parvient à un accord historique pour limiter sa production
Si la perspective d'un carburant plus cher ne réjouira pas les automobilistes, la hausse attendue des prix devrait soulager les budgets des pays pétroliers.
Les Etats membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) se sont entendus à Vienne pour réduire leur production, scellant après des mois de dissensions un accord indispensable pour faire remonter les prix, accord salué par une ouverture en hausse des places boursières jeudi.
C'est la première fois depuis 2008 que les 14 pays du cartel s'engagent à limiter leur production, coupant court au pessimisme de nombreux observateurs.
Cet accord, mercredi, a provoqué une hausse de près de 10% des cours de l'or noir au New York Mercantile Exchange, où le baril de WTI, la référence américaine du brut, a pris 4,21 dollars, soit 9,31%, à 49,44 dollars sur le contrat pour livraison en janvier. Les cours du pétrole étaient également orientés en légère hausse jeudi matin en Asie, rapporte l’AFP. Les marchés eux aussi ont salué ces annonces en Europe: vers 17h05 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier valait ainsi 50,10 dollars à Londres, en hausse de 3,72 dollars par rapport à la clôture de mardi. Globalement les places boursières ont également salué cet accord, avec une ouverture en hausse de 1,34% pour la Bourse de Tokyo jeudi matin, et de 0,40% pour la Bourse de Hong Kong.
"C'est un très bon accord, à ma propre surprise!", a reconnu Bob Yawger, de Mizuho Securities, à New York, en résumant le sentiment général sur le marché.
L'accord sera effectif à compter du "1er janvier 2017", a déclaré le ministre qatari de l'Energie Mohammed Saleh al-Sada, qui préside la conférence de l'Opep, évoquant une décision "historique qui va certainement aider à rééquilibrer le marché et à réduire la surabondance des stocks" de pétrole. L'Opep, a-t-il précisé, va diminuer sa production de "1,2 million de barils par jour, pour porter son plafond à 32,5 millions de barils par jour". En octobre, le cartel avait produit 33,64 millions de barils.
Et l'organisation devrait, comme elle le souhaitait, entraîner dans son mouvement la Russie, le plus grand producteur mondial de pétrole, qui s'est "engagée à réduire de 300.000 barils" sa production, a annoncé le ministre qatari, après une réunion dans la capitale autrichienne.
Moscou a confirmé mercredi soir son intention de participer à l'effort si le cartel tient ses engagements. La Russie contribuerait ainsi pour moitié à l'objectif de réduction en volume (600.000 barils) demandé aux pays extérieurs à l'Opep.
L'accord conclut des semaines d'intenses tractations aux allures de poker entre Ryad, Bagdad et Téhéran. L'Arabie Saoudite avait clairement annoncé qu'elle ne consentirait à réduire sa production que si l'Irak et l'Iran, respectivement 2e et 3e producteurs du cartel, faisaient de même. En pratique, les plus fortes baisses de production seront supportées par l'Arabie saoudite (-486.000 b/j), l'Irak (-210.000), les Emirats arabes unis (-139.000) et le Koweit (-131.000), les plus gros producteurs mis à part l'Iran, selon un document diffusé par l'Opep.
L'Iran a obtenu gain de cause et va pouvoir augmenter sa production de 90.000 b/j pour la faire passer à 3,8 millions. Son ministre du Pétrole, Bijan Namdar Zanganeh, a fait un signe de victoire devant les journalistes au moment où il quittait le siège de l'Opep. Outre l'Iran, qui veut pouvoir profiter de la levée des sanctions économiques à son encontre, la Libye et le Nigeria sont exemptés des limitations en raison des conflits auxquels ils font face et de leur impact sur leurs finances.
L'Indonésie, qui a refusé de souscrire à l'accord, a vu son adhésion "gelée", par l'Opep fin septembre à Alger où les ministres du cartel s'étaient fixé pour objectif de ramener leur production entre 32,5 et 33 mbj. De façon générale, l'accord va faire remonter l'inflation mondiale à un "taux plus sain", y compris aux Etats-Unis, a estimé Mohammed Saleh al-Sada.
Avec l'effort consenti par la Russie, sa mise en oeuvre devrait aboutir à une résorption du surplus structurel de production, qui plombait les cours depuis deux ans.
Des analystes sceptiques ont toutefois prévenu que l'application des limitations devra être surveillée de près, car aucune sanction n'est prévue pour les contrevenants.
Si la perspective d'un carburant plus cher ne réjouira pas les automobilistes, la hausse attendue des prix devrait soulager les budgets des pays pétroliers.
Les gros producteurs de l'Opep, Arabie Saoudite en tête, avaient longtemps soutenu une stratégie de prix bas, espérant ainsi évincer leurs concurrents, notamment les producteurs de pétrole de schiste américains et regagner des parts de marché.
Mais même les finances publiques de la riche Arabie Saoudite avaient fini par souffrir de l'effet des prix bas. Et la chute des revenus pétroliers a aggravé une situation économique déjà dramatique au Venezuela.
Le 01 Décembre 2016
SOURCE WEB Par Libération
Les tags en relation
Les articles en relation
Les producteurs de pétrole échouent à se mettre d'accord à Doha
De grands producteurs de pétrole, réunis au Qatar, ont échoué dimanche à se mettre d'accord sur un gel de la production pour soutenir des prix en berne...
Pétrole: L’Algérie a perdu plus de 58 milliards de dollars de devises en 2 ans (gouvernement)
L’Algérie a perdu plus de 58 milliards de dollars de réserves en devises sur les deux dernières années, à cause de la plongée du pétrole et de la saign...
Pétrole : Les prospections du Maroc dérangent les Canaries
Les autorités des Iles Canaries n’apprécient pas l’accord entre le Maroc et le groupe italien ENI pour lancer des opérations d’exploration pétrolière...
#Esprit_de_Samarkand_OPEP+,_BRICS : Fin de l’Histoire pour l’Occident ?
Les changements historiques dans la politique mondiale se produisent très lentement. Ce n’était pourtant pas le cas lorsque les États-Unis ont fait leur en...
Dubaï: la vitrine du monde musulman approche de la banqueroute, les européens fuient
La chute des prix du pétrole a fait ses premières victimes. L’émirat de Dubaï taille dans les dépenses et reporte des projets, si bien que beaucoup d’e...
La croissance dans la région MENA se consolidera à 3% en 2018 et à 3,3% en 2019
Des tensions géopolitiques ou une possible reprise de la volatilité des prix du pétrole pourraient assombrir les perspectives, selon la BM Dans son rappor...
Combien coûtera le carburant au Maroc après la décision de l’OPEP?
La libéralisation du marché des hydrocarbures a été très bénéfique pour les distributeurs et l’Etat. Mais, le citoyen et les entreprises vont devoir su...
Le Koweït augmente les prix du pétrole de 80%
C'est la première fois depuis 20 ans que les prix de l'essence augmentent dans le pays. Les prix du diesel et du kérosène ont été libéralisés en ...
PÉTROLE: LA CHINE PORTE « LE COUP DE GRACE » À L’ARABIE SAOUDITE !
Sur fond de l’effondrement des prix, Pékin a décidé de baisser ses importations du pétrole saoudien !…Pire, de les remplacer par le brut russe !… E...
Joe Biden veut "réévaluer" la relation des États-Unis avec l'Arabie saoudite
Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche a indiqué mardi que le président Joe Biden était prêt à "réévaluer la relation bi...
La dédollarisation est inévitable alors que les BRICS contrôlent le marché pétrolier
Investing.com – Marquant un tournant historique, les BRICS ont décidé le mois dernier lors d’un sommet en Afrique du Sud une expansion du bloc à d’autr...
L’Opep veut rétablir le système des quotas
Plusieurs pays membres de l’Opep dont le Venezuela et l’Équateur ont accueilli favorablement le retour à un système de quotas de production par pays, pro...