Sécurité alimentaire L’OCP lance l’offensive
Par Safall FALL Dimanche, 11 Mars 2012 14:38 «C’est le nerf de la guerre». En lançant cette phrase à la volée, Mostafa Terrab avait presque résumé, avant l’heure, l’une des principales retombées attendues du Forum mondial sur la sécurité alimentaire, qui entame aujourd’hui sa dernière journée d’échanges. Il faut dire que, s’agissant des investissements pour la sécurité alimentaire, le défi est loin d’être aussi simple. Il s’agit en effet de renverser une tendance de plus en plus perceptible et d’autant plus pertinente de nos jours, avec la prévalence d’une conjoncture économique peu favorable dans plusieurs régions du monde. «Entre 1980 et 2005, la part de l’agriculture dans les dépenses publiques a chuté de 10% à 5% dans le monde». C’est donc un appel qui a été lancé, en marge de cette manifestation à l’initiative de l’OCP, aux investissements privés et publics, pour instaurer une relative sécurité alimentaire dans les pays en voie de développement, à l’image du Maroc. Le secteur agricole, bien sûr, devrait être le réceptacle de tous ces cash flows. Pour Moussa Seck, le président du Consortium panafricain de l’agro-business et de l’agro-inudstrie (Panaac), «Le secteur privé aura un grand rôle à jouer dans le développement agricole au niveau des pays africains. Son apport devrait être principalement sous forme d’investissements dans les facteurs de production, ainsi que dans la recherche et l’innovation de nouvelles méthodes de culture». Cette position est appuyée par l’Indien M S Sawaminathan, président du Conseil scientifique de ce forum et d’une fondation de recherche éponyme. Ce dernier pense que les investissements privés devraient surtout porter sur le développement de la recherche et de l’innovation. Innover pour adapter La perche est tendue pour s’intéresser à ce dernier aspect. Là aussi, l’état des lieux est peu satisfaisant. La croissance de l’investissement dans les projets de recherche et de développement dans le secteur agricole a régressé de plus de 60% au cours de la période comprise entre 1985 et 2005. Cette baisse de l’investissement et de l’innovation a eu un impact direct sur la productivité. La croissance des rendements des céréales, par exemple, a fortement ralenti. Elle est passée à un rythme annuel de 3% par an au cours de la «Révolution verte», lancée dans les années 60-70, à une variation annuelle de 1%, de nos jours. Le gap se creuse de plus en plus. À cela s’ajoute la constance de la superficie mondiale des terres arables, qui a plutôt tendance à régresser, sous la pression de l’industrialisation et de l’urbanisation. Maîtrise Toutefois, il ne s’agit pas uniquement de produire plus. «L’ultime défi sera de rendre cette production accessible à toutes les bourses, particulièrement aux moins pleines», nous confie au passage Pierre Jacquet, un économiste de l’Agence française de développement (AFD). Il faudrait également que cette production suffisante se fasse au «bon endroit et au bon prix». L’Afrique, sur cet aspect, constitue un vivier à gros potentiel agricole. Pourtant, les pays les plus sous-alimentés du monde, s’y retrouvent concentrés. Ces derniers sont otages d’un système financier qui impose un caractère volatile aux prix des denrées alimentaires les plus basiques, comme les céréales. Pour l’heure, les experts de ce Forum mondial sur la sécurité alimentaire se gardent bien de tomber dans le pessimisme total. Pour ces derniers, la demande croissante devrait en effet être satisfaite, grâce à des améliorations de productivité. Cette dernière devrait en effet augmenter à moyen terme, passant du seuil de 1 % en variation annuelle à 1,75 %. Ces perspectives fournies par l’Initiative mondiale en matière de récoltes (Global Harvets Initiative) sont fondées, notamment, sur le développement de la filière industrielle mondiale de production de fertilisants. Tout cela est certes encore bien loin, mais offre au moins une bonne visibilité à l’OCP... Le business de la terre est bien loin de s’assécher. _______________________________________ Agriculteurs, organisez-vous ! C’est le leitmotiv le plus partagé par la plupart des experts internationaux participant aux débats en marge du Forum mondial sur la sécurité alimentaire, dont plus de la moitié viennent de pays du continent. L’organisation des producteurs agricoles africains, pour constituer une force de propositions assez significative et d’exercice de pression sur les marchés internationaux, est en effet devenue une condition sine qua non à la sécurisation alimentaire. Une idée reprise aussi par Aziz Akhannouch, ministre de l’Agriculture et de la pêche maritime, lors de son allocution d’ouverture de l’évènement. Ce dernier parle sans doute en connaissance de cause, puisque la même problématique de la structuration de la représentativité du secteur agricole s’impose au local. La tutelle a en l’occurrence misé sur le législatif, pour amener le secteur primaire à mieux s’organiser. Un projet de loi sur les inter-professions des filières agricole et halieutique, est dans le circuit législatif depuis fin 2011. Le fond de ce texte porte notamment sur la nécessité du «renforcement de la dynamique interprofessionnelle, à travers l’implication de l’ensemble des opérateurs privés intervenant dans les filières de production», comme indiqué dans le projet de loi. Les termes de celle-ci instaurent un regroupement des opérateurs d’une même filière, de la phase de production, de valorisation à celle concernant la commercialisation. Mise à jour le Dimanche, 11 Mars 2012 14:48 SOURCE WEB Les Echos Maroc