Liberté de la presse Un bilan plutôt figue que raisin

Recul des poursuites de journalistes, mais les interdictions controversées persistent
Une politique à hue et à dia • El Khalfi cherche l’apaisement avec les éditeurs
Au cours de son mandat, Mustapha El Khalfi a souvent été piégé par l'incohérence de certaines de ses décisions (Ph. Bziouat)
«Les éditeurs de journaux sont nos partenaires, et nous sommes réceptifs à leurs doléances». Mustapha El Khalfi semble chercher l’apaisement avec les professionnels qui se sont opposés à certaines dispositions dans les projets de loi formant code de la presse. Le ministre, qui intervenait lors de la présentation du rapport annuel sur la liberté de la presse, mercredi dernier à Rabat, a indiqué que «les points de discorde avec les éditeurs sont limités, et devront être corrigés dans le cadre de la procédure législative».
Les professionnels s’étaient élevés contre plusieurs dispositions de ces textes, dont notamment l’interdiction de certaines publicités, comme celle des jeux de hasard et de pronostic sportif. El Khalfi s’est référé à un autre élément de discorde: les amendes et les dédommagements prononcés par la justice contre les entreprises de presse. Si le ministre présente la suppression des peines privatives de liberté comme l’une des principales avancées des nouveaux projets de loi, leur remplacement par des amendes continue de poser problème. Surtout que des entreprises de presse risquent d’être ruinées et poussées à mettre la clé sous la porte à cause des montants élevés qui peuvent résulter d’un jugement. Le ministre a indiqué que la proposition de fixer un taux du chiffre d’affaires, par exemple 20%, pour dédommager le plaignant n’est pas dans l’intérêt des journaux. D’où la proposition d’opter pour la procédure d’expertise, qui pourrait déterminer le niveau des dommages subis par le plaignant.
La présentation du rapport annuel sur la liberté de la presse intervient également dans un contexte marqué par la poursuite judiciaire du secrétaire général du Syndicat national de la presse, Abdallah Bakkali. Les professionnels considèrent qu’il s’agit d’une régression au moment où les nouveaux projets de loi ambitionnent d’instaurer un nouveau régime de gestion des litiges impliquant des journalistes.
Les conclusions sévères du dernier rapport d’Amnesty international sont encore dans les esprits. Si El Khalfi reconnaît l’existence, en 2015, de cas de «limitation de la liberté de la presse», il a refusé que cela soit traité «comme une politique systématique». L’année dernière, «les cas d’atteinte à la liberté des journalistes durant l’exercice de leur métier a enregistré un recul de 50% par rapport à 2014, soit seulement 6 cas contre 14 sur la même période, selon les données du Syndicat national de la presse». Le rapport a également mis l’accent sur le recul des affaires devant la justice impliquant des journalistes. Le nombre d’affaires est passé à 24 en 2015 contre 56 en 2014. Sur ce total, 14 ont abouti à l’innocence, au non-lieu ou à l’incompétence du tribunal. La justice a prononcé des sanctions dans les 10 autres affaires, notamment des amendes (7), emprisonnement avec sursis (2) et la prison en première instance (1).
Parmi les cas qui avaient défrayé la chronique, l’interdiction d’un hors-série du magazine Sciences&Avenir traitant le thème Dieu et les sciences, notamment à cause d’illustrations de miniatures ottomanes.
Fragilité économique, fragilité éditoriale.
La résilience du modèle économique des entreprises de presse reste un véritable défi. Mustapha El Khalfi est conscient que cela peut avoir un impact direct sur l’indépendance de ces entreprises. Le ministre a estimé que c’est la solidité économique et financière qui épargnera aux journaux d’être victimes de la logique liant la ligne éditoriale aux publicités. Pour lui, le doublement du montant des subventions publiques accordées à la presse s’inscrit dans cette logique. Son montant est passé à 60 millions de DH en 2015 contre 42 millions en 2012. Le marché de la publicité a, quant à lui, connu une augmentation de 4,52% par rapport à 2014. Son chiffre d’affaires dans le secteur de la presse a atteint 5,67 milliards de DH en 2015 contre 5,42 milliards l’année précédente. Sauf qu’avec les nouveaux projets de loi formant code de la presse, plusieurs journaux seront privés d’une manne financière vitale, suite à l’interdiction de certaines publicités comme celle sur les boissons alcoolisées et les jeux de hasard.
Le 04 Mars 2016
SOURCE WEB Par L’économiste
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