Interdiction des sacs en plastique Mission impossible?

Le secteur redoute la date fatidique du 1er juillet
La reconversion mal négociée
L’informel risque de saboter le projet
Après leur interdiction, et le choix d’une alternative, le vrai challenge sera de récupérer les milliards de sacs en plastique perdus dans la nature ou encore en circulation (Ph. L’Economiste)
Pour certains plasturgistes, le compte à rebours est déjà enclenché. En principe, le 1er juillet signifiera le certificat de décès des sacs en plastique. A partir de cette date, plus aucun sac de cette nature ne devrait circuler. Dans le secteur, cette interdiction, qui a surpris tout le monde, est mal vécue. S’il est interdit de fabriquer des sacs en plastique, quelle alternative s’offre donc aux opérateurs? «Aujourd’hui, personne ne pense plus à se reconvertir dans une autre matière première car les opérateurs sont d’abord dans une logique de sapeur-pompier», explique un membre de l’Association des producteurs des sacs et sachets en plastique. Les industriels veulent d’abord éteindre le feu. Et le feu, c’est le fait d’avoir investi dans des machines qui ne fabriquent que des sacs de caisse. Un produit qui sera interdit dans environ quatre mois. Ce qui signifie l’arrêt de mort de plusieurs unités industrielles car, pour certaines, l’enjeu représente plus de 70% de production. Selon la profession, la plasturgie représente environ 45.000 emplois directs et 300.000 indirects. L’absence d’une filière de distribution structurée explique la multiplicité des intervenants entre les usines et les différents points de vente en ville et dans les marchés hebdomadaires. A lui seul, le sac en plastique pèse 50.000 emplois directs et indirects.
La décision de bannir les sacs en plastique est définitive. C’est du moins ce que confirment les inquiétudes des professionnels, d’autant que le gouvernement n’a prévu aucun moratoire. Pour ne pas fermer, certains industriels sont en train de se positionner sur d’autres produits tels que les sacs poubelles, les sacs de surgélation, et autres produits à usage industriel ou agricole. Sauf que ces produits ne sont pas très demandés et ne sauraient compenser le manque à gagner. Par conséquent, il faudra examiner d’autres pistes pour se diversifier.
L’impression qui se dégage chez les opérateurs, c’est que le créneau des sacs de caisse ne fait plus partie des priorités. En effet, l’utilisation de matières premières d’origine végétale nécessite de gros investissements que les industriels sont incapables de réaliser aujourd’hui. En décembre 2015, le gouvernement a lancé une enquête pour évaluer les besoins des opérateurs en mesures d’accompagnement. Très peu d’entreprises ont répondu au questionnaire. «Cette enquête, qui aurait dû être lancée il y a deux ans, bien avant l’interdiction brusque des sacs en plastique, est en train de causer beaucoup de tort au secteur. Les banques commencent à refuser les crédits aux entreprises du secteur car elles ne savent pas comment va évoluer le secteur. De leur côté, les fournisseurs ne font plus confiance à leurs clients», explique l’Association des producteurs de sacs en plastique. La Mauritanie a précédé le Maroc dans l’interdiction des sacs en plastique. L’expérience n’a pas été concluante, puisque les opérateurs mauritaniens se sont rabattus sur le papier journal importé du Maroc. Le contact direct avec les produits alimentaires a occasionné la réapparition de plusieurs maladies orphelines. De son côté, la France a de nouveau reporté la date de l’interdiction des sacs en plastique au mois d’avril prochain. Pas sûr que l’échéance sera respectée.
L’informel joue le trublion
L’interdiction des sacs en plastique ne signifie pas forcément leur disparition. La prévalence de l’informel rend cette perspective aléatoire. De nombreuses unités de fabrication de sacs ont élu domicile dans la périphérie des centres urbains tels que Tit Mellil, Aïn Herrouda, Médiouna, Oued Hassar dans la région du Grand Casablanca, par exemple. Beaucoup ne respectent aucune norme de sécurité ni d’urbanisme.
Le 16 Février 2016
SOURCE WEB Par L’économiste
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