Après Chirac et Farah Diba, l'effet de mode "Taroudant" se répand
Dans la région, un petit coin de paradis nommé Al Hossoun
Des paysagistes français y font revivre l'architecture locale, dans des écrins de verdure luxuriants
Des maisons d'hôtes s'installent aujourd'hui dans leur sillage
Dar Al Hossoun, la première propriété de Ossart et Maurières, a changé de propriétaire et devenue une maison d’hôtes active tout au long de l’année (Ph. SB)
Dans un petit village nommé Al Hossoun, à l’écart des grandes murailles de Taroudant, un petit paradis est né depuis plus d’une dizaine d’années. Loin des regards et surtout du brouhaha de la ville, des jardins contemporains abritant plantes et arbres venus des quatre coins du monde. Malgré le climat hostile du Souss et la rareté de l’eau dans cette région, ces jardins botaniques prospèrent. Derrière cette métamorphose, deux paysagistes français, venus découvrir Taroudant à la fin des années 90 et tombés sous le charme de la ville. Eric Ossart et Arnaud Maurières ont tout simplement ressuscité l’oliveraie laissée à l’abandon avec peu de moyens mais beaucoup d’ingéniosité. Passionnés par l’architecture locale et l’utilisation de la terre comme matériau de construction, Ossart et Maurières ont réussi à faire sortir de terre des jardins luxueux qui font aujourd’hui le bonheur de propriétaires et des invités qui y séjournent. Cette activité a créé une dynamique économique dans la région et de l’emploi direct et indirect. «Le premier terrain acheté à Al Hossoun en 2003 était destiné à abriter la propriété de l’impératrice Farah, veuve du Shah d’Iran, qui nous a confié la réalisation de sa propriété secondaire», se rappelle Arnaud Maurières. L’impératrice, tombée également sous le charme de Taroudant au début des années 2000, est devenue ainsi, avec plusieurs autres personnalités internationales connues, à l’image de Jacques Chirac, l’ancien président français, une habituée de la région. La réalisation de cette propriété a été le coup de pub rêvé pour propulser le travail des paysagistes dans cette partie reculée du Maroc. L’effet de mode déclenché, Al Hossoun a vu débarquer des internationaux pour y établir leur résidence secondaire. Plusieurs réalisations de Ossart et Maurières dans le même esprit ont ainsi vu le jour depuis les années 2000. On compte à leurs actifs une dizaine de maisons rénovées et de riads conçus de A à Z dans Taroudant mais aussi d’autres villes du sud du Maroc. Mieux encore, pour rentabiliser leurs biens, quelques propriétaires ont transformé le lieu en maisons d’hôtes. Cette activité génère du travail pour la main-d’œuvre locale et crée des postes d’emplois permanents dans cette zone.
Habitats vernaculaires
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Fondations, murs, piliers et branches, toitures et plafonds, carrelage et enduit en terre, tous les éléments de construction utilisent la terre et le bois prélevés localement. Les méthodes de construction s’inspirent de l’architecture locale (Ph. SB)
Le choix de construire en terre récupérée sur le site même est un acte à la fois économique et écologique. Les maisons en terre sont ainsi simples et la décoration intérieure confortable mais peu coûteuse. Appelées aussi «habitats vernaculaires», les constructions à l’intérieur de ces jardins sont réalisées à partir de la terre et bois prélevés sur le site, des briques creuses fabriquées in situ, en les mariant avec le béton qui assure la solidité. Cette technique utilise le savoir-faire local, qui reste très rare comme pour la conception des branches et le pisé. En effet, le «pisé» dans la région du Haut Atlas a pratiquement disparu face au béton et à la brique. Arnaud Maurières nous confie que seul un village dans une montagne à côté de Taroudant dispose encore de quelques artisans avec ce savoir-faire. «En utilisant la terre comme matériau de construction, nous avons en même temps fait revivre un savoir-faire ancestral qui a commencé à se perdre dans cette région», ajoute Maurières. Plus encore, les carrelages, également réalisé avec les matériaux récupérés sur place, ont révélé un potentiel économiquement intéressant pour le petit village. Le succès des maisons et jardins de Ossart et Maurières a fait aussi connaître le carrelage artisanal en terre cuite de Taroudant. Un grand distributeur de carrelage européen s’est intéressé à ce type de carreaux de terre et compte le distribuer en Europe. Bien sûr, pour les premières commandes les quantités restent raisonnables. Mais le potentiel reste important.
La triste histoire de l’Oliveraie de Oued Souss
Jusqu’aux années 70, les environs de Taroudant abritaient les grandes oliveraies de Oued Souss et produisait la célèbre huile d’olive du même nom. Avec la succession de sécheresses et le changement de climat dans la région, l’arrosage avec l’eau des puits est devenu inévitable. Les autorités ont démarré le creusement de puits pour permettre l’irrigation des oliviers et maintenir la production. D’abord gratuite, l’eau d’irrigation est devenue payante vers la fin des années 90. Avec l’augmentation du coût d’énergie, l’eau est devenue trop chère pour les agriculteurs de la région. Ceux-ci ont tout simplement abandonné leurs oliveraies puisque ce n’était plus rentable au profit de la culture des agrumes ou autres cultures. L’interdiction par la loi d’arracher les oliviers a fait que la célèbre Oliveraie de Oued Souss, en particulier cette partie d’Al Hossoun, a commencé à se dégrader puis mourir petit à petit.
Le Souss, bientôt un nouveau désert?
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Les jardins sont un réel laboratoire à ciel ouvert où des dizaines de plantes désertiques ont cohabité et prospéré. Certains jardins ont créé leur propre micro-climat comme à Dar Al Hossoun (Ph. SB)
Avec la rareté des précipitations et le changement climatique, le sud du Maroc devient petit à petit une nouvelle zone désertique. La présence d’agrumes dans la région de Taroudant n’est possible aujourd’hui que grâce au système d’irrigation au goutte-à-goutte et des technologies pour la rationalisation de l’utilisation de l’eau. Très peu de végétations arrivent à pousser dans ce climat. Le principe du travail d’Eric et Arnaud et de réaliser leurs jardins à Taroudant en ramenant des espèces végétales qui résistent bien à la sécheresse. En effet, de par leurs voyages partout dans le monde, ils ramènent des espèces qui vivent et prospèrent dans des déserts plus secs que celui du Maroc. On retrouve ainsi des plantes venues des déserts du Mexique, du Brésil, du Madagascar et même de l’Australie.
La conception des jardins se fait avec des graminées et des succulentes (plantes désertiques) composées d’une quarantaine, voire une cinquantaine de variétés. Le tout est agencé de façon à ce que les plantes plus volumineuses protègent les plus petites.
Le 22 Janvier 2016
SOURCE WEB Par L’économiste
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mardi 26 janvier 2016
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