Bidonvilles L’éradication n’est possible qu’à l’horizon 2015
Au niveau du Grand Casablanca, les opérations seront achevées fin 2013 ou en 2014. Parmi les 85 villes concernées par le programme VSB, 43 sont déclarées Villes sans bidonvilles. L’éradication des bidonvilles ne pourra être achevée qu’à l’horizon 2015 et non en 2012, comme cela a été avancé auparavant. Et pour cause, la ville de Casablanca qui regroupe le 1/3 des bidonvilles au niveau du Royaume connaît un retard, surtout à cause de la démultiplication des ménages et de l’augmentation du nombre des familles multiples. Rien qu’entre le début du Printemps arabe et les élections législatives, les estimations font état d’une hausse de 10 à 15% surtout au niveau de Nouaceur et Médiouna. Une chose est sûre depuis la signature de la convention devant sa Majesté le Roi, les parties concernées disposent d’une meilleure visibilité. Au niveau de la région de Casablanca, 630 ha ont été définis pour la mise en place du programme présenté à Sa Majesté le Roi et qui vise l’éradication des bidonvilles restants de la région. Les acteurs locaux ont également été mobilisés pour l’achèvement des opérations de transfert des ménages bidonvillois à Carrière centrale, Bachkou et Sidi Moumen. Opération de recasement Actuellement, il existe 109.000 bibonvillois dont 45.000 ont été relogés et 25.000 autres sont concernés par des opérations en cours d’études ou de travaux. Quant au reste, il n’y avait pas de visibilité. C’est cette catégorie qui profitera du foncier public mis à la disposition des opérateurs publics concernés par l’opération de recasement, en l’occurrence Al Omrane, Idmaj Sakane, l’Agence urbaine et Dyar Al Mansour qui pour la première fois fait son entrée à Casablanca. Concernant le relogement des bidonvillois de Carrière Centrale, la démolition a concerné 80% des baraques. Les 6.400 ménages concernés seront transférés à Lahraouiyine sur une superficie de 101 hectares. Par contre à Sidi Moumen, les choses se passent différemment à cause de l’accroissement des familles habitant ces baraques. Il a été recensé 18.000 ménages actuellement contre 11.000 ménages en 2007, soit 7.000 bénéficiaires de plus. CoNcernant Bachkou, sur 1.800 ménages, 200 ne sont pas encore concernés par le relogement. Ces derniers sont constitués de familles nombreuses. « Le grand problème de ce bidonville ce sont les familles composées de plus d’un ménage allant parfois jusqu’à 7 ménages par baraque », nous a confié une source proche du dossier. Au départ, l’État a fixé l’attribution d’un lot de 80 m2 (R+3) pour deux baraques. Face à cette problématique, il a été contraint de céder sur ce point et de programmer 2 ménages par lot. Résultat, les habitants d’une seule baraque peuvent avoir droit à deux voire même trois lots. Éradication des bidonvilles Après l’Intervention royale, 13 opérations ont été définies dont 9 ont été confiées au groupe Al Omrane, 3 à Idmaj Skane, 1 à l’Agence urbaine de Casablanca. La quatorzième opération concerne un autre type de logement (lots et appartements). La particularité de ces opérations, c’est qu’en plus de la viabilisation des lots, les opérateurs publics sont tenus de construire les équipements socio-économiques, ce qui est une première pour ce type d’intervention. Pour sa part, Al Omrane a lancé 5 opérations en 2011 tandis que les 4 restantes seront initiées en 2012. Les travaux ne seront achevés que fin 2013 pour les 9 opérations, ce qui causera un débordement sur 2014 et repoussera l’éradication totale des bidonvilles recensés à l’horizon 2015. À condition bien sûr qu’aucune baraque ne soit créée, ce qui relève de l’impossible. Outre Casablanca, d’autres villes connaissent les mêmes problématiques. Il s’agit de Casablanca, Marrakech, Kénitra, Rabat, Larache et Guercif. En vue de définir les moyens susceptibles d’accélérer le rythme de réalisation du programme, une commission tripartite créée en mai 2010 (composée des ministères de l’Intérieur, de l’Économie et des Finances et de l’Habitat, de l’Urbanisme et de l’Aménagement de l’espace) a effectué des visites au niveau de ces villes et a fait ressortir les contraintes entravant la bonne marche du programme. Au niveau de ces régions, des procédures susceptibles d’accélérer le rythme de réalisation du programme ont été définies ; notamment la prospection du foncier mobilisable, le changement des modes d’intervention, le renforcement du contrôle, l’arrêt des listes définitives des ménages cibles, etc. Pour rappel, parmi les 1.750.000 habitants concernés par le programme (chiffres actualisés en septembre 2011), 1.200.000 d’entre eux sont concernés par des unités achevées ou en cours de réalisation, soit un taux de réalisation de près de 70%. Si le programme n’a pas connu d’augmentation depuis son lancement (400.000 habitants de plus), le niveau de réalisation serait aujourd’hui de 83% au lieu de 70%. C’est ce qui ressort des statistiques annoncées par le ministère de l’Habitat. Parmi les 85 villes concernées par le programme VSB, 43 sont déclarées Villes sans bidonvilles, les travaux dans les 42 villes restantes à déclarer ont atteint une moyenne excédant 60% et la déclaration « sans bidonville » de 17 autres villes est prévue très prochainement. L’Intérieur hausse le ton Le ministre délégué auprès du ministre de l’Intérieur, Charki Draiss, a réaffirmé, à Agadir, l’engagement de l’État à enrayer l’habitat clandestin et anarchique, à travers une approche globale alliant une lutte ferme contre les lobbies à l’origine de ce fléau et la poursuite des efforts tendant à faciliter l’accès à la propriété. « Le phénomène de l’habitat clandestin et de l’occupation illégale du domaine public sous toutes ses formes, a pris une proportion dangereuse dans cette région », a concédé d’emblée le ministre, cité par la MAP, pour expliquer la mise en place d’une Commission de son département chargée d’enquêter sur ce dossier, à l’heure où les opérations de démolition des constructions anarchiques se poursuivent sans relâche dans différentes zones d’Agadir et sa région. Durant la seule semaine en cours, il a été procédé à la démolition de plus de 1200 constructions sur des terrains du domaine forestier dans les piémonts et 200 autres édifiées, parfois sur quatre étages dans la commune d’Aghroud en bord de mer. M. Draiss a fustigé ce qu’il a qualifié de « mafia » constitué de tout un réseau d’intermédiaires, de spéculateurs et d’un important lobby immobilier. Publié le : 8 Février 2012 - Nadia Dref, LE MATIN