Bilan 2011 Le tourisme résiste
Si cette année, l'industrie touristique a pâti d'événements conjoncturels, notamment l'attentat de Marrakech et le Printemps arabe, en 2012, la crise de l'euro risque de constituer un problème structurel. Le ralentissement de l'activité touristique n'est pas près de s'estomper. Si 2011 est une année très difficile pour le tourisme national, 2012 le sera encore plus. Telle est l'appréciation de Hamid Addou, directeur général de l'ONMT (Office national marocain du tourisme), qui a été invité, hier, par la Chambre de commerce britannique, pour développer la stratégie de l'Office à l'international en matière de promotion de la destination Maroc. «En 2011, le bilan ressort honorable par rapport à d'autres destinations touristiques qui ont affiché des fléchissements des arrivées touristiques de plus de 50%. Si cette année, l'industrie touristique a pâti d'événements conjoncturels, notamment l'attentat de Marrakech et le Printemps arabe, en 2012, la crise de l'euro est un problème structurel qui peut être durable. Ainsi, les touristes européens qui décideraient de voyager seraient moins nombreux», considère Hamid Addou. En fait, au niveau promotion, tout l'art est de savoir convaincre les touristes via une stratégie efficace. Aussi faudrait-il que le budget promotionnel suive. À noter que les moyens mis à la disposition de l'Office ont stagné, et ont même baissé ces deux dernières années. «Le pays se trouve dans une situation délicate. Généralement, le montant du budget représente 1 à 1,5% des recettes touristiques d'un pays. Aujourd'hui, il est en deçà de ce niveau. Mais je pense que ce budget serait plus conséquent dans les prochaines années, étant donné l'importance des projets touristiques à lancer», a-t-il ajouté. Pour ne citer que les projets dans le balnéaire où un réel retard est à rattraper, nombreux sont ceux qui seront lancés ou ouverts, comme il est prévu dans la Vision 2020. Hamid Addou a donné l'exemple du Resort de taille humaine à lancer à Agadir, à 45 km de l'aéroport de la ville, qui dans 10 ans deviendrait l'une des premières destinations balnéaires de la méditerranée. «Pour Agadir, qui était il y a 15 ans la première destination balnéaire non européenne, nous commercialisons près de 20 000 lits. Tandis que la station de Charm el Cheikh, dotée de 120 000 lits, accueille près de 7 millions de touristes par an. Un grand effort a été déployé par les Égyptiens pour répondre à la demande de touristes britanniques, allemands et russes ou scandinaves. Seulement, pour le projet d'Agadir, il ne s'agira pas de dupliquer le modèle égyptien», a-t-il précisé, tout en rappelant l'importance grandissante de la variable Environnement. «Pour le balnéaire, au-delà de l'augmentation de la capacité d'hébergement, il faut des Resorts qui respectent l'environnement. Dans les 7 au 8 prochaines années, ne pas participer à dégrader l'environnement serait l'une des raisons de certains touristes, notamment allemands et britanniques, de ne pas se rendre à une destination». Des changements de comportements auxquels il faut s'adapter. En somme, restructurer la distribution, mettre les festivals et les musées dans les circuits, repenser le plan Biladi, développer des noms marketing pour les huit régions telles que définies par la Vision 2020, des circuits d'interprétation dans les villes et des centres d'excellence pour une meilleure adaptation de la formation aux besoins du marché et rehausser le niveau de compétition des professionnels touristiques sont aujourd'hui les principaux chantiers du secteur. Le Maroc vole la vedette Le Maroc arrive en tête des destinations étrangères les plus prisées des touristes français en 2011, en détrônant la Tunisie, selon le dernier baromètre annuel de l'activité tour operating de l'Association des tour-opérateurs de France (CETO). Au cours de la période allant du 1er novembre 2010 au 31 octobre 2011, les tour-opérateurs membres du CETO ont fait voyager 385 521 touristes français au Maroc dans le cadre de «voyages à forfait», en baisse de 16,2% par rapport à la même période un an auparavant, mais devant la Tunisie qui a chuté de 45,2%, avec 370 982 visiteurs hexagonaux. La Turquie arrive en troisième position avec 305 314 touristes français, en hausse de 21,3%, suivie de l'Espagne continentale qui a accueilli 276 449 français (+25,4%) et de la Crète/Rhodes (220 087 visiteurs, +20,4). L'Égypte, autre destination phare des Français a caracolé en huitième position, avec 153 357 touristes français, soit une baisse de 43,7%, sans doute à cause de la révolution qui a chassé du pouvoir le président Hosni Moubarak. Le Maroc arrive aussi en première position des destinations étrangères en «trafic pour les vols secs», avec 341 947 clients, en hausse de 3,7% par rapport à la même période de l'année dernière, suivi de la Tunisie avec 290 160 visiteurs, en baisse de 3,4%, et des États-Unis avec 159 407 touristes (+16,5%). Repères Grand potentiel • Une étude auprès de 1 500 voyages internationaux a révélé que 83 % des Allemands savent que le Maroc existe comme destination touristique. • 19 % ont été séduits, mais seulement 1 % de ces touristes étaient venus au Maroc. C'est dire que le potentiel est énorme pour les opérateurs et les investisseurs marocains. SOURCE WEB Par Nadia Benyouref | LE MATIN