LA PÉRENNITÉ DU RAMED MENACÉE PAR LE FINANCEMENT
LE COÛT GLOBAL DU RÉGIME INCONNU
LE MINISTÈRE DES FINANCES RÉCLAME UNE ÉTUDE D’ÉVALUATION
APPEL À LA CRÉATION D’UNE INSTANCE DE GOUVERNANCE DU RAMED
Trois ans après sa généralisation, le Ramed n’est pas encore stabilisé. Sa pérennité est liée au financement mais aussi à la gouvernance de ce régime. Même si le ministère de la Santé se targue d’avoir atteint 99% des bénéficiaires ciblés, l’offre de soins ne suit pas
Après trois ans de sa généralisation, le Ramed est à la croisée des chemins. Le ministère de la Santé, qui a organisé vendredi un symposium de deux jours consacré à cette thématique, affiche une satisfaction. Ainsi, à fin février dernier, « le nombre des bénéficiaires du régime d’assistance médicale des démunis a atteint 8,4 millions de personnes, soit un taux de réalisation de l’ordre de 99% », dira El Houssaine Louardi, lors de l’ouverture de cette rencontre de deux jours. Il compte atteindre la totalité des bénéficiaires ciblés d’ici la fin de l’année, soit 8,5 millions de personnes. Dans ce total, les pauvres représentent 84% et ceux qui vivent dans la précarité 16%. Cependant, ce bonheur affiché cache mal la réalité : l’AMO et le Ramed ne couvrent que 60% de la population. Pour relativiser ce pourcentage, le ministre de la Santé a rappelé le lancement cette année de la couverture médicale des indépendants, selon le programme arrêté par le gouvernement. De même, le projet de loi sur la couverture des étudiants sera programmé lors du prochain Conseil de gouvernement.
En attendant, le plus grand défi que devra relever le Ramed est lié à sa pérennité. D’ailleurs, le ministre nuance sa position en affirmant qu’après trois années de sa généralisation, « il est difficile d’affirmer avec certitude la réussite du Ramed dans sa mission de fournir et d’améliorer les prestations initialement prévues pour les bénéficiaires ». El Houssaine Louardi est conscient de ce qui l’attend : « il nous est demandé de repenser notre vision et notre méthodologie de travail afin d’affronter la réalité en matière de ciblage, de prise en charge, de financement et de gouvernance du régime ». Sur ce dernier point, l’idée de mettre en place une instance chargée de la gestion du Ramed est sur la table. Le challenge est d’ajuster le financement du régime et la généralisation du système de facturation dans les hôpitaux publics, qui ne reflètent pas actuellement la véritable ampleur de la consommation et du coût des soins. D’ailleurs, le ministre, en charge du budget, a surfé sur la vague. Driss El Azami a réclamé la réalisation d’une étude d’évaluation du régime pour en détecter les faiblesses. On ne peut continuer à naviguer à vue. Aujourd’hui, le ministère de la Santé est confronté à des difficultés de fixer le coût global du Ramed. Driss El Azami appelle à «la nécessité de maîtriser les dépenses et de rationaliser les services. Et cela en mettant en place un système d’information spécial Ramed, en attendant la comptabilité analytique».
Il faudra également « proposer des solutions pour une meilleure gestion et la mise en place les mécanismes de contrôle et de suivi », dit-il. Idem pour la mobilisation des ressources financières. En effet, le budget général, les collectivités locales et les bénéficiaires doivent mettre la main à la poche. Pourtant, le gouvernement a consenti à garantir le financement du Ramed, a rappelé le ministre des Finances. Ainsi, le budget du ministère de la Santé a augmenté pour passer de 8,14 milliards de DH en 2008 à 13,1 milliards en 2015. Et cela pour renforcer les centres hospitaliers universitaires, provinciaux et locaux. Idem pour les efforts au niveau des ressources humaines. Ce ministère a bénéficié de 21.015 postes budgétaires dont 4.893 pour les CHU. Et cela depuis 2008. De même, le département a reçu en 2014 plus de 1,164 milliard de DH du Fonds de soutien à la cohésion sociale. 857 millions de DH étaient destinés à la pharmacie centrale et 280 millions aux centres hospitaliers.
Le privé à la rescousse
LE ministre de la Santé reconnaît la persistance de contraintes à l’élargissement de l’offre des soins pour les bénéficiaires du Ramed. En cause, le manque de ressources humaines et la rareté de certaines spécialités, dit-il. Ce département mise sur la participation du secteur privé, via les contrats Partenariat-Public-Privé. Et cela en attendant la mise en œuvre du décret concernant l’organisation de l’offre de soins et de la carte sanitaire qui permettra de corriger les dysfonctionnements liés à la répartition des ressources humaines. Beaucoup d’espoir est également placé dans la mise en œuvre de la nouvelle loi sur l’exercice de la médecine qui ouvre le capital aux non médecins. Ce qui permettra des investissements dans le secteur privé de la santé et ainsi, l’extension et la diversification de l’offre de soins.
16 Mars 2015
SOURCE WEB Par M.C. L’ECONOMISTE
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