Le plus grand rucher collectif au monde est dans le Souss
Le rucher d’Inzerki, construit en 1850, a été restauré en 1980, puis en 2006 par l’Usaid Ayant résisté aux intempéries de 1990 et 1996, il abrite aujourd’hui quelque 4.000 ruches Projet de réhabilitation de la structure Sur un versant sud à une altitude moyenne de 980 mètres au cœur du Haut-Atlas, trône au milieu de nulle part le plus grand rucher collectif au monde. Le choix de son emplacement aurait été déterminé par la présence de nombreuses plantes mellifères (Ph. Rhioui) INZERKI, ce nom ne vous dit sûrement rien. C’est pourtant là que se cache une curiosité mondialement connue par les apiculteurs. Ce site, en effet, à 100 km environ d’Agadir dans la commune rurale d’Argana, sur la route nationale 8 vers Marrakech, au cœur des montagnes du Haut-Atlas, abrite le plus ancien et le plus grand rucher collectif au monde dont la construction remonte à 1850. Pour y arriver, après près d’une heure de trajet sur la route nationale 8, il faut encore passer autant de temps sur une longue et sinueuse piste poussiéreuse. Mais le site vaut le détour. Sur un versant sud à une altitude moyenne de 980 mètres, une structure d’un autre temps, trône au milieu de nulle part. Aucune habitation à proximité, du moins visible, des montagnes, des collines et le silence au cœur d’une végétation diversifiée. Le choix de l’emplacement n’est pas fortuit. Il aurait été déterminé par la présence de nombreuses plantes mellifères comprenant particulièrement les arganiers, les amandiers, les palmiers, les dattiers, la lavande et diverses sortes de thym. «Jadis, l’activité des abeilles sur les lieux engendrait un bruit énorme qui s’entendait à des kilomètres», raconte un habitant de la localité. Normal, le rucher pouvait contenir jusqu’à 4.000 ruches environ lors de son activité maximale. Aussi si l’on considère que chaque ruche contenait 40.000 à 50.000 abeilles on atteint, incroyable mais vrai, une population totale de plus de 150 millions d’abeilles qui travaillaient dans cet immense rucher et son voisinage, ce qui devait provoquer un vrombissement audible à plusieurs kilomètres. Orienté sud pour un ensoleillement maximun, la structure est intelligemment implantée et conçue. Bâti en pisé, le rucher depuis sa construction a été transmis d’une génération à une autre. Il a fonctionné en partie jusqu’aux crues violentes de 1990 et 1996. Ainsi, plusieurs compartiments se sont écroulés lors de ses intempéries. Ce phénomène conjugué à la sécheresse engendrant la dégradation de la flore a causé la transhumance des apiculteurs et de leurs colonies d’abeilles ailleurs, entraînant le délaissement du rucher pendant des décennies. Mais aujourd’hui après l’amélioration de la pluviométrie ces toutes dernières années dans la région, générant un fleurissement de la végétation, les apiculteurs envisagent de réinstaller leurs ruches sur place. Ceci surtout que la structure a été restaurée en 2006 avec le soutien de l’Usaid dans le cadre du développement du tourisme rural. Elle avait fait déjà l’objet de rénovation tout d’abord en 1980 avec l’aide d’une association française et par la suite en 1996 avec le soutien de l’Unesco. Pour l’heure, une coopérative est en cours de création pour la réhabilitation du rucher. Bien que l’apiculture moderne se soit bien développée ces dernières années, il est question de pérenniser à travers la réhabilitation de cette structure, les techniques artisanales et ancestrales en la matière. Il s’agit aussi de préserver à travers ce rucher d’un autre temps, une richesse culturelle. Un patrimoine basé sur le collectivisme, porteur des prémices économiques et sociales qui ont poussé les tribus berbères du sud du Royaume à bâtir des agadirs (greniers collectifs) pour protéger leurs existences, leurs récoltes et mêmes les abeilles des incursions des tribus voisines et de la convoitise des voleurs. Dans ces objectifs, une ONG a été créée. Depuis sa mise en place, l’association Igounane Igounane-Inzerki pour le développement et la coopération s’active tout d’abord à instaurer un climat de confiance parmi les habitants afin de les aider à dépasser le cadre individuel qui sévit actuellement et d’accepter la création de structures de développement durable. Parallèlement, avec le soutien de la commune rurale d’Argana, les infrastructures de base (électricité, eau potable..) ont été posées. Il est question aussi d’accompagner la réhabilitation du rucher par l’implantation d’une maison du miel dans la commune d’Argana. Le projet est actuellement en gestation. D’un autre côté, le projet de labellisation du miel d’Inzerki est au programme dans le cadre du projet d’intensification et de valorisation de la production du miel à Ida Outannane. En attendant, le rucher devrait revivre dès 2012. Potentiel Taddart d’Inzerki ou Taddart ou Guerram, c’est ainsi qu’est appelé le plus ancien rucher collectif et traditionnel au monde. On raconte que c’est le défunt Cheikh Sidi Mohamed Lahoucine de Taroudant qui l’a baptisé ainsi. Selon les membres de l’association Igounane Igounane-Inzerki, le rucher se compose aujourd’hui de 279 cases. Chaque case peut contenir en moyenne 15 à 20 ruches traditionnelles, soit environ 4.180 ruches. Si on considère que chaque ruche peut produire 6 litres de miel minimum. Le rendement annuel serait de 25.000 litres de miel, à base de thym (Tazouknnit) et d’autres plantes médicinales. Ce qui confère au miel de la région une qualité exceptionnelle. Il y a 20 ans dans L’Economiste… Il y a près de 20 ans, plus précisément le 26 mars 1992, Meriem Oudghiri, notre actuelle secrétaire générale de la rédaction, avait réalisé une importante enquête sur le secteur du miel qui, à cette époque, sans la profusion d’outils média que nous avons aujourd’hui à disposition et le peu d’interlocuteurs professionnels, lui avait «demandé un temps fou et une recherche des plus ardues», souligne-t-elle avec un sourire nostalgique. Et à l’époque déjà, elle avait réussi à mettre en exergue les maux de ce secteur qui produisait de façon tout à fait artisanale quelque 3.000 tonnes par an, en grande partie autoconsommée. Les ruches utilisées étaient primaires avec des rendements considérés comme bas, de quelques kilos par ruche. Une production, de surcroît, éparpillée, quasi totalement réalisée par des apiculteurs plutôt fellahs à la base, n’ayant pas accès à la technologie, ni à l’achat de ruches modernes. Le peu de miel importé (moins de deux millions de DH par an) était taxé à 100% et les circuits de distribution étaient limités aux détaillants (épiciers) et à la grande distribution dans une faible mesure. Le secteur avait dû aussi affronter à l’époque l’invasion d’un prédateur de l’abeille appelé le Varroa qui avait fait d’énormes dégâts décimant des centaines de ruches. Et le Maroc n’était pas suffisamment armé pour le combattre… R. L. SOURCE WEB Par Malika ALAMI L’Economiste