Notre objectif est de financer des initiatives locales afin de prévenir la radicalisation
Entretien avec le Suisse Khalid Koser
Khalid Koser, directeur du Fonds global contre le terrorisme (Global Community Engagement and Resilience Fund, GCERF).
Le Matin : Pouvez-vous nous présenter le Fonds global contre le terrorisme, le Global Community Engagement and Resilience Fund, GCERF ?
Khalid Koser : Le Fonds mondial pour l’engagement de la communauté et la résilience est une institution financière ayant pour but de soutenir et d’appuyer des initiatives locales et citoyennes pour renforcer la résilience face à l’extrémisme violent. C’est un partenariat public-privé soutenu par les gouvernements, le secteur privé et les fondations. Il a pour vocation de combler un manque de financement. Il existe de nombreuses initiatives locales pour prévenir la radicalisation, y compris au Maroc, mais force est de constater que ces organisations locales peinent à trouver le financement nécessaire à leurs initiatives.
Sur quoi tablez-vous concrètement à travers la création de ce fonds, qualifié par certains de banque antiterroriste ?
Tout d’abord, le terme Banque antiterroriste est erroné. GCERF n’est pas une banque, c’est un Fonds. Nous ne prêtons pas d’argent, nous sommes une fondation à but non lucratif, nous ne faisons pas de bénéfices financiers. Notre objectif n’est pas exclusivement de contrer le terrorisme, mais plutôt l’extrémisme violent sous toutes ses formes. La vocation de GCERF est de contribuer aux efforts nationaux et internationaux pour réduire l’extrémisme violent. Notre but est la prévention, c’est pourquoi nous apportons un soutien aux communautés locales, nous les aidons à identifier et à résoudre les causes de la radicalisation et de la violence.
Quels sont les critères ayant présidé au choix des pays devant bénéficier du financement du Fonds ?
Nous travaillons actuellement avec quatre pays bénéficiaires : le Maroc, le Mali, le Nigeria et le Bangladesh. Ces pays se sont portés volontaires pour être pays pilotes des opérations de GCERF et ceci pendant la première année. Il est primordial que nous travaillions en étroite collaboration avec les autorités nationales, il est vrai que l’un de nos objectifs premiers est d’aider à renforcer les lois nationales et les stratégies contre l’extrémisme violent et également de promouvoir un plus grand engagement et dialogue entre le gouvernement et les communautés à risque. Dans les prochaines années, nous aimerions collaborer avec un plus grand nombre de pays bénéficiaires.
Peut-on avoir une idée sur les sommes qui seront accordées à chaque pays, et au Maroc en particulier ?
Depuis sa création, GCERF a reçu des promesses de dons et des contributions de l’ordre de 25 millions de dollars, essentiellement de huit pays donateurs et de l’Union européenne. Ces fonds ne sont pas destinés à des pays en particulier ou à des projets. Ce sera au conseil de la Fondation de décider de la somme à allouer à chaque pays et à déterminer les projets qui seront soutenus. Le critère principal de sélection est la vulnérabilité qu’a ce pays face à l’extrémisme violent. Les membres du conseil de Fondation sont issus des gouvernements, y compris du Maroc, de la société civile et du secteur privé.
Le Maroc est le seul pays bénéficiaire en Afrique du Nord. Comment voyez-vous le Maroc utiliser les fonds qui lui seront alloués ?
Dans les prochains mois, nous travaillerons avec le gouvernement du Maroc et d’autres acteurs nationaux pour identifier les communautés à risque, et nous inviterons ces communautés à nous présenter des projets qui répondent à cela. Il pourrait s’agir de projets qui soutiendraient l’éducation, le renforcement des droits des femmes, la participation civique et l’aptitude à la réflexion critique.
Y a-t-il une convention ou un accord qui a été signé dans ce sens ?
En novembre dernier, le Maroc a été confirmé comme membre de notre conseil de Fondation et a réitéré sa volonté de servir de pays pilote pour la première année. Nous nous rendrons à Rabat en début d’année prochaine pour rencontrer des interlocuteurs gouvernementaux et ainsi officialiser les activités de GCERF au Maroc.
Au Maroc plusieurs entités et institutions, ainsi que des ONG travaillent activement pour la lutte contre le terrorisme. Avec qui préférez-vous travailler ? Le département de l’Intérieur par exemple, le ministère des Habous et des affaires islamiques, le ministère de l’Éducation… ou plutôt avec la société civile ?
Nous aimerions travailler avec tous les ministères concernés, les agences et autres parties concernées. Les gouvernements, le secteur privé, la société civile sont représentés dans notre conseil de Fondation. Au niveau national, nous rassemblerons le gouvernement et les autres interlocuteurs pour identifier les besoins et évaluer les propositions de projets. Au niveau local, nous avons la possibilité non seulement de financer des projets proposés par la société civile, mais aussi des autorités locales et des entrepreneurs locaux.
28 décembre 2014 –
SOURCE WEB par Brahim Mokhliss, LE MATIN
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