Enseignement supérieur La promotion de la recherche scientifique et la restructuration de l’université érigées en priorité
Selon Lahcen Daoudi, c'est aux cycles du primaire et du secondaire qu'il faut s'attaquer pour espérer régler les problèmes de l'enseignement supérieur.
Accusée de tous les maux, l’université marocaine peine à se forger une bonne réputation tant auprès des étudiants eux-mêmes que des acteurs économiques. Le ministre de l’Enseignement supérieur de la recherche scientifique et de la formation des cadres aspire à changer cette image écornée à travers la mise en place de bon nombre de mesures, dont certaines sont contestées çà et là. Pour atteindre les objectifs escomptés, deux chantiers tiennent à cœur à Lahcen Daoudi qui s’est exprimé hier au Forum de la MAP : la promotion de la recherche scientifique et la restructuration de l’université.
Le responsable gouvernemental déplore le retard accusé dans la mise en œuvre des réformes. Comme à l’accoutumée, il tire à boulets rouges sur ses prédécesseurs, estimant que l’université n’a jamais été au cœur des préoccupations des gouvernements qui se sont succédé depuis l’indépendance. En témoigne, selon lui, la marginalisation du volet de la recherche scientifique, malgré sa grande importance tant au niveau des facultés que des instituts et écoles relevant des différents ministères.
Contrairement aux idées reçues, les ressources financières ne constituent nullement un obstacle pour la promotion de la recherche scientifique, d’après le responsable gouvernemental. Pour M. Daoudi, il suffit de mobiliser le partenariat aussi bien national qu’international autour des besoins nationaux. À l’heure actuelle, plusieurs projets de recherche scientifique sont en cours de réalisation dans les universités marocaines grâce à la coopération internationale. L’objectif affiché est d’atteindre le deuxième rang (au lieu du cinquième) à l’échelle africaine en matière de recherche scientifique, après l’Afrique du Sud. Outre ce volet, la bonne gouvernance s’avère un élément clé sans lequel les ambitions ne peuvent être réalisées, de l’avis du ministre. À ce titre, «la restructuration de l’université marocaine s’impose», répète encore une fois M. Daoudi. Il faut dire que depuis sa nomination à la tête du département de l’Enseignement supérieur, il n’a cessé d’insister sur l’impératif de créer des pôles universitaires, notamment dans les grandes villes, afin de rehausser le niveau des études universitaires. Le regroupement des universités s’inscrit dans ce cadre. Le pas a été franchi par la récente fusion de l’Université Hassan II Aïn Chock-Casablanca et l’Université Hassan II Mohammedia et celle des Universités Mohammed V Souissi et Agdal. Le regroupement constitue, d’après le responsable gouvernemental, une garantie pour assurer une meilleure visibilité des universités marocaines à l’échelle africaine et même mondiale. L’idée est également de créer de véritables campus universitaires en assurant une bonne coordination entre les universités et les écoles supérieures afin que les formations soient plus pertinentes. Le premier campus universitaire du genre sera bientôt ouvert à Tamansourt. En dépit des problématiques de l’enseignement supérieur, M. Daoudi défend l’université, soulignant que les accusations ayant trait au domaine de l’emploi ne sont pas fondées. «L’université au Maroc ne produit pas des chômeurs. Il faut faire des comparaisons avec d’autres pays. En Espagne, le taux des diplômés chômeurs est de 57%. En France, ce chiffre est de 25%.
Et au Maroc, il est de 24%. C’est l’augmentation du taux de croissance qui est un élément déterminant. Il faut une moyenne stable de croissance entre 7 et 8%», explique-t-il. Mais, qu’en est-il de la qualité de la formation dispensée par les universités marocaines en comparaison avec les universités internationales ? Dans une déclaration au «Matin», le ministre signale qu’il y a des points positifs et d’autres négatifs, affirmant que l’évaluation devra se faire en premier lieu au niveau de l’enseignement primaire et secondaire : «C’est à la source qu’il faut remédier aux problèmes de l’enseignement supérieur. L’université ne peut pas, toute seule, assumer la responsabilité du niveau de l’enseignement supérieur, vu qu’il y a une continuité entre les entrants et les sortants». Afin d’améliorer la qualité des études, une adaptation des programmes universitaires a été mise en place, à partir de cette rentrée, en s’appuyant sur un benchmark international. L’année prochaine, les facultés de médecine seront concernées par cette mesure.
Par ailleurs, s’agissant du secteur privé, le responsable gouvernemental précise que les partenariats noués par le ministère avec des parties étrangères rentrent dans le cadre de la promotion de l’enseignement supérieur au Maroc. Contrairement aux accusations, il ne s’agit pas, selon lui, de créer un quelconque privilège, vu qu’un pourcentage d’au moins 20% est consacré aux étudiants issus des familles modestes.
La recherche scientifique
Depuis des années, la recherche scientifique au Maroc n’était dotée que d’une somme modique ne dépassant pas 15 millions de dirhams. Ce montant a connu une hausse palpable grâce à la coopération tant nationale qu’internationale (appel à projets). En effet, les crédits alloués au Fonds national de soutien à la recherche scientifique et au développement technologique s’élèvent à 300 millions de dirhams au cours de cette année. Un montant de 100 millions de dirhams est accordé à la recherche dans le domaine agricole, en partenariat avec le ministère de l’Agriculture. Les projets relatifs à la recherche dans le domaine du développement sont financés à hauteur de 90 millions de dirhams en partenariat avec l’Office chérifien des phosphates et 30 MDH avec Managem. Une enveloppe de 20 millions de dirhams est attribuée à la recherche dans le domaine des ressources naturelles, en partenariat avec le Haut Commissariat aux eaux et forêts, tandis qu’un montant de 30 millions de dirhams est accordé à la recherche avec la Fondation Lalla Salma de prévention et traitement des cancers.
L’université en chiffres
· Le nombre des étudiants inscrits dans les universités marocaines a augmenté de 47% entre 2011-2012 et 2014-2015, passant de 446.985 inscrits à 656.467 inscrits. Cette augmentation concerne également le nombre des établissements universitaires qui est passé de 382 à 392. À ce titre, M. Daoudi relève la problématique de l’assiette foncière sur laquelle se penche actuellement son département. L’objectif est de mobiliser une moyenne de 100 ha dans les grandes villes et de 50 ha dans les villes moyennes. S’agissant des d’étudiants boursiers, leur nombre a augmenté de 48%, passant de 182.500 en 2011-2012 à 270.000 en 2014-2015. Le budget alloué aux bourses a également évolué, passant de 718 millions de dirhams à 1.650 millions de dirhams.
16 septembre 2014 –
SOURCE WEB Par Jihane Gattioui, LE MATIN
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