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Tourisme Jeunes Enquête L’Economiste Sunergia Tourisme

Tourisme    Jeunes  Enquête   L’Economiste   Sunergia  Tourisme

Vive l’auberge… marocaine! 5 millions de jeunes «bougent» 47% des jeunes voyagent «fréquemment» L’écrasante majorité visite le Maroc…et avec l’argent de papa-maman Soirée de festival à Agadir. Les jeunes d’aujourd’hui vont certes souvent dans le sud, mais préfèrent les plages du nord A la quasi-unanimité, les jeunes de 2011 disent voyager au Maroc: 97%. Les régions favorites sont celles du nord à 64%. Arrive, assez loin derrière, la région du sud à 47% et qui devance toutes les autres destinations comme la campagne, le Moyen Atlas ou la montagne tout court. A noter que les régions du nord et la côte atlantique du sud concentrent les projets du plan Azur de la Vision 2010. Ils disposent effectivement d’atouts géographiques et une notoriété peu égalés dont les jeunes Marocains profitent déjà. Le marketing touristique a fait par exemple de Marrakech et sa région une destination mondialement courue, qui a, par moments, déclassé le renom d’Ibiza, et plus, une marque et une attitude que l’on exporte (cristallisant ce fameux fantasme oriental dans l’esprit bobo occidentalisé). Le revers de l’attentat d’Argana n’en a été que plus terrible. Nous n’avons pas pu expliquer pourquoi les jeunes de 25-29 ans vont davantage dans la région du nord (71%), plus nombreux que leurs benjamins qui y vont à 54%. Peut-être est-ce corrélé à la situation sociale et matérielle et le choix des parents pour les plus jeunes? Car, la majorité des jeunes aisés (89%) choisissent la destination du nord, comme -et avec- papa-maman (63% des jeunes de la CSP (catégorie socioprofessionnelle) A-B voyagent en famille et 27% avec les amis). Ce taux chute à 49% pour les CSP D. Il est vrai que la côte méditerranéenne, en particulier celle rebaptisée Tamuda Bay (regroupant Kabila, Fnideq, Cabo Negro, Marina Smir) est la zone de rencontre habituelle durant l’été de ceux qualifiés d’«élite» marocaine et ce qu’elle compte de dirigeants du Maroc moderne. Ce qui n’empêche pas le sud de demeurer prisé par cette jeunesse «dorée» qui y passe ses vacances à 58%. (Source: Hors série Grande enquête de L’Economiste-Sunergia sur les jeunes d’aujourd’hui, juin 2011) C’est sans doute le plus gros revers du tourisme depuis le lancement, en 2001, de la Vision 2010, laquelle a permis de compter, en 2010, 9,4 millions de touristes. L’émergence en 2011 de ce que l’on appelle les «printemps arabes», puis l’attentat de Marrakech, ont fait quasiment déserter les touristes étrangers, disent, implacables, les chiffres(1) du dernier trimestre (sans y ajouter la crise financière et économique mondiale poinçonnant directement les principaux marchés émetteurs). Ne voilà-t-il pas les professionnels appeler précipitamment à la rescousse le touriste national: campagnes de com’ dépoussiérées pour vendre les charmes des villes touristiques, kounouz biladi(2) (ou équivalents) rafraîchis et spots publicitaires produits à la hâte. Jamais Marocain n’a autant entendu de pubs pour lui vendre le tourisme dans son pays via des canaux touristiques référencés et structurés; bien que, jusqu’à présent, aucun tour-opérateur national n’ait pris le pari de ce positionnement pour baisser les tarifs, et ce, depuis la mobilisation du département du Tourisme(3) il y a sept ans, lequel avait lancé le plan Biladi pour le tourisme interne (cf.www.leconomiste.com), et en dépit de l’appel de l’actuel DG de l’ONMT (Office national marocain du tourisme), Hamid Addou, pour déjouer la frilosité des investisseurs nationaux. Rien n’y fait. Pourtant, les Marocains visitent bel et bien leur pays et en nombre! Reste à savoir où ils vont… 5 millions de jeunes «bougent» Un jeune sur deux déclare voyager régulièrement et pratiquement tous (97%) voyagent au Maroc. Un gros tiers voyage «souvent», et 11% voyagent «toujours», selon les résultats de l’enquête de L’Economiste-Sunergia (cf. www.leconomiste.com, et le hors-série «Grande enquête de L’Economiste-Sunergia sur les jeunes- juin 2011»). Soit un vivier de 5 millions de Marocains âgés de 16 à 29 ans qui «bougent» dans le Royaume(4) pour les vacances et à 59%, on voyage en famille. Et l’on voit aussi les amis, avec 22% de nos jeunes voyageurs. Deux jeunes sur trois voyagent au moins 2 à 3 fois par an. Et un jeune sur cinq effectue 4 à 5 voyages par an! C’est la génération moving! En revanche, pour le verre à moitié vide, 51% des jeunes sondés déclarent ne voyager que «rarement», ce qui donne quand même de 1 à 3 voyages par an. Le plus fort discriminant à l’acte de voyage est celui de la catégorie socio-professionnelle: si plus d’un jeune sur deux (54%) de la catégorie aisée voyage tout le temps (souvent à toujours), la majorité écrasante des jeunes dont les parents sont de la couche défavorisée (70%) voyage rarement, bien que 49% de ces jeunes voyagent deux à trois fois par an. Enfin, transcendant les CSP, le choix de la destination est unanime: le Maroc d’abord et avant tout. Seul un jeune sur cinq (17%) dont les parents sont aisés déclare voyager à l’étranger. Le Maroc, ce «plus beau pays du monde», dont certains se sont moqués, serait donc la destination favorite en soi et non pour des contingences matérielles? Nous l’ignorons. Sont plus mobiles et volontiers preneurs de déplacements: les urbains et les plus jeunes. Les citadins voyagent souvent ou toujours à 53%, contrairement aux 62% des jeunes des champs qui voyagent rarement. Et c’est en famille que l’on voyage le plus à 59%; ensuite viennent les amis, ces compagnons de route pour 22%. Rien d’étonnant: deux pôles prioritaires dans une vie de jeune. Une tendance intéressante et significative apparaît, par rapport à la première enquête du genre, celle de 2006 (réalisée pour L’Economiste par Sunergia: les exemplaires de publication de cette enquête sont épuisés). Nous avons 15% des sondés qui disent voyager seuls, accompagnant l’émergence d’individualité de plus en plus forte. Ces nouveaux individualistes du voyage sont des jeunes dont les parents sont plutôt défavorisés: 21%. Serait-ce que les plus pauvres sont les plus émancipés? Difficile à dire. En tout cas, ils le sont davantage que la moyenne, et davantage que les plus aisés dont seulement 8% disent voyager seuls. Ceux-là préfèrent largement les voyages en famille. Dans les grands centres urbains, 28% des jeunes 25-29 ans voyagent avec leurs conjoints… disent-ils. Sauf que l’échantillon étant, à la majorité écrasante, célibataire, l’on peut en déduire, sans trop de risques, que lesdits conjoints sont des… petits copains, ou des petites copines. Pour rappel, plus de 55% des jeunes sondés sont «en couple», un terme qui couvre un éventail très large de situations: juste pour sortir ou pour une vie conjugale légalisée (des ultra-minoritaires, ceux-là). Ce comportement confirme l’émancipation grandissante de cette nouvelle génération qui n’a plus peur de braver ce qu’elle appelle «l’arbitraire du policier»(5) ou qui se débrouille pour passer la nuitée en dehors d’établissements qui exigent de montrer l’acte de mariage pour autoriser un garçon et une fille à réserver une même chambre… Ce qui explique probablement pourquoi ces jeunes préféreront des gîtes, ou des appartements loués, ou encore loger chez des amis ou des parents, aux offres des complexes touristiques ayant pignon sur rue. Les bons plans? «On les trouve entre amis et sur le net», déclarent-ils. Hôteliers, hôtelières, cette jeunesse, émancipée sur bien des aspects, s’adapte et s’organise à son aise avec ou sans la bénédiction de la loi, et sans trop raconter sa vie aux parents (dont la bénédiction reste, elle, importante). Une jeunesse solidaire (l’amitié est un socle fondamental dans sa vie), et grâce au net (déferlante des réseaux sociaux), qui fabrique volontiers ses propres circuits, y compris touristiques sans trop prêter attention aux offres et aux discours académiques et désuets. Les professionnels du tourisme dont le métier est de vendre du rêve ont là une autoroute, reste à séduire. Par .H.B. L’Economiste (1) Le décalage entre les chiffres de la douane qui compte les arrivées et ceux des nuitées des hôtels et maisons d’hôtes référencés, montre par ailleurs que le flux de touristes net et réel -dont les MRE- n’est pas entièrement évalué par l’appareil statistique actuel et qu’une grande proportion préférera les gîtes, les appartements des amis, de la famille aux offres touristiques (2) Formule lancée en 2005 par le ministère du Tourisme en partenariat avec quelques professionnels hôteliers, supposée être attractive, mais faute de TO marocains et de masse critique de l’offre, le projet n’a pas fait long feu. (3) Adil Douiri, ministre du Tourisme, de l’artisanat et de l’économie sociale -2002-2007- (c’est sous son mandat qu’ont été mises en œuvre les principales dynamiques de la Vision 2010, dont le plan Biladi pour le tourisme interne sans réel décollage) a fait chou blanc la tentative de mobiliser les voyagistes marocains pour se constituer en tour-opérateurs ayant la masse critique qui aurait permis de baisser les prix, et de rendre attractive l’offre touristique structurée pour les Marocains, lesquels jusqu’à présent préfèrent d’abord rester en famille et considèrent les tarifs prohibitifs. (4) Selon les projections du recensement de 2004, il y a actuellement plus de dix millions de Marocains ayant entre 16 et 29 ans, soit le plus grand nombre de jeunes en âge de travailler qu’aura le Royaume de toute son histoire démographique. En théorie, une aubaine démographique fabuleuse -celle qui fait décoller la Corée du Sud- que l’on laisse filer en réalité: la chenille démographique est en mouvement, on fait moins de bébé et on a plus de vieux (5) Etant entendu ici le symbole de l’autorité qui dispose du pouvoir d’interpeller, voire d’emmener au poste un jeune couple dans la rue dont les liens ne sont pas «légalement établis» -on se demande d’ailleurs dans le fond ce que cela peut réellement pouvoir dire-, par un acte de mariage, de fiançailles, ou un lien familial. SOURCE WEB L’Economiste