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Conflit Touareg au Sahel : Irrédentisme et Autodétermination

Conflit Touareg au Sahel : Irrédentisme et Autodétermination

Le conflit touareg qui secoue la région du Sahel trouve son origine dans un profond réveil de l'irrédentisme plutôt que dans l'islamisme, bien qu'ils soient souvent confondus. Ce malentendu a conduit à une interprétation erronée des causes réelles des affrontements. Revenons sur les événements clés et les dynamiques complexes qui animent cette région.

Une revendication qui évolue : de l'intégration au séparatisme

Contrairement aux précédents soulèvements touareg, qui cherchaient davantage d’intégration et de justice sociale au sein des États sahéliens, les insurgés de 2012 ont adopté un discours radicalement différent. Leur objectif principal n’était plus le développement ou les réformes, mais l’autodétermination et l’indépendance. En revendiquant la création d’un État touareg, l’Azawad, ils ont déclaré un "mouvement révolutionnaire" visant à libérer leur peuple de ce qu’ils considèrent comme une "occupation malienne".

Les racines historiques de l’irrédentisme touareg

Les Touareg, ou Imazighen, sont des nomades berbères dont la répartition géographique s’étend du Sahara algérien et libyen à la région sahélienne. Historiquement, ces populations ont exprimé leur opposition à leur rattachement aux États sahéliens dirigés par les Noirs sudistes après la colonisation française.

Le premier soulèvement touareg au Mali date de 1962-1963 dans l’Adrar des Iforas. Il fut violemment réprimé par le régime de Modibo Keita. La situation s’aggrava avec les sécheresses des années 1970, qui poussèrent de nombreux Touareg à chercher refuge en Libye et en Algérie, où le colonel Kadhafi tenta de rallier ces populations à son projet d’un État saharien.

Depuis les années 1990, plusieurs mouvements touareg ont vu le jour, notamment le Mouvement populaire de libération de l’Azawad (MPLA), suivi de nombreuses insurrections. La guerre de 2012 a marqué un tournant, avec une revendication clairement séparatiste et des combats bien plus organisés.

Les figures clés et les rivalités internes

Le conflit de 2012 a mis en lumière des figures telles qu’Ag Mohammed Najem, colonel de l’armée libyenne et chef opérationnel du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Cependant, des rivalités internes entre sous-clans touareg, notamment au sein des Iforas, ont poussé Iyad Ag Ghali, ancien chef des rébellions, à créer un mouvement concurrent. Ce dernier, bien que partageant les revendications ethno-nationales du MNLA, s’est déclaré islamiste et fédéraliste pour se démarquer.

En janvier 2013, Iyad Ag Ghali a lancé une offensive en direction du sud, menaçant directement Mopti et Bamako. Ce coup de force a précipité l’intervention de la France à travers l’opération Serval, suivie par l’opération Barkhane.

Une situation toujours instable

Avec le retrait des forces françaises et de l’ONU du Mali, les tensions sous-jacentes ont refait surface. Dans le nord, les affrontements sont principalement animés par l’irrédentisme touareg, tandis que dans la région des Trois frontières (Mali, Niger, Burkina Faso), l’islamisme se superpose aux tensions ethniques, notamment avec les Peuls.

Ce contexte complexe nécessite une approche nuancée pour comprendre les dynamiques locales et régionales, souvent réduites à des simplifications trompeuses.

Le 15/01/2025

Rédaction de lanouvelletribune

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