Échec partiel de la COP16 Biodiversité à Cali : Peuples autochtones reconnus, mais désaccord sur le financement de la préservation

La COP16 Biodiversité, qui s'est achevée le 2 novembre à Cali, en Colombie, a laissé un goût amer malgré quelques avancées majeures. Alors que des progrès ont été réalisés sur la reconnaissance des droits des peuples autochtones et sur le partage des bénéfices issus des ressources génétiques, les discussions sur le financement de la préservation de la biodiversité ont échoué à aboutir à un consensus.
Après des négociations prolongées toute la nuit, la présidente de la COP16, Susana Muhamad, a suspendu la séance, laissant plusieurs questions en suspens, notamment celle du financement. Les pays en développement réclamaient un fonds spécifique pour la biodiversité, similaire au Fonds Climat, afin d’accéder plus facilement aux ressources. En opposition, les pays développés estimaient que le Global Biodiversity Framework Fund (GBFF), créé à la COP15 sous la gestion de la Banque mondiale, restait suffisant pour financer les besoins jusqu'en 2030. Une proposition de compromis, visant à ouvrir des discussions pour la création d’un fonds lors de la COP17 en Arménie, a été rejetée par plusieurs délégations, notamment l’Union européenne.
La suspension de la session a été décidée après vérification du quorum, constatant l'absence de nombreux délégués déjà partis. Ce report pourrait durer jusqu’à la prochaine intersession sur la biodiversité à Bangkok, voire la tenue d’une COP16-bis l’année prochaine.
Un autre texte, portant sur le suivi des plans nationaux pour la biodiversité, reste à adopter. Ce mécanisme de suivi vise à permettre un premier bilan lors de la COP17 en 2026, mais son adoption retardée affaiblit le processus onusien, qui a pour mission de freiner la crise de la biodiversité. « Le peuple colombien a tout donné, mais au final, tout dépend des négociations », a déclaré Susana Muhamad, visiblement émue.
Malgré cet échec partiel, certaines décisions importantes ont pu être prises. Un organe consultatif a été créé pour représenter les peuples autochtones dans les négociations internationales sur la biodiversité, reconnaissant ainsi leur rôle central dans la conservation de la nature. Cette décision, saluée comme historique, permet de mieux inclure ces communautés dans la gestion des zones riches en biodiversité.
Autre avancée notable : le partage équitable des bénéfices liés aux « informations de séquençage numérique sur les ressources génétiques » (DSI), souvent exploitées dans les industries pharmaceutiques et cosmétiques. Le « fonds Cali », sous l’égide de l’ONU, a été créé pour redistribuer une partie des bénéfices générés par les entreprises utilisant ces DSI. Bien qu’aucune obligation légale n’impose aux entreprises de contribuer, elles sont incitées à verser 1 % de leurs bénéfices ou 0,1 % de leurs revenus, partagés à égalité entre les pays et les peuples autochtones.
Malgré les divergences, plusieurs observateurs voient dans cette COP16 un « petit pas pour la nature ». Cependant, selon Sébastien Treyer, directeur de l’Iddri, le manque de consensus pourrait nuire aux futures négociations sur d'autres dossiers environnementaux urgents, comme le climat et la gestion des déchets plastiques.
Le 08/11/2024
Rédaction de l’AMDGJB Géoparc Jbel Bani
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