Intempéries meurtrières dans le Sud du Maroc : une région en proie à la marginalisation dévoile sa vulnérabilité

Les orages d’une intensité rare ont mis en lumière la vulnérabilité extrême de certaines régions du Maroc, particulièrement celles du Sud et du Sud-Est, encore affectées par la marginalisation et le manque de ressources.
Face aux crues impressionnantes qui ont frappé ces zones, les sentiments sont partagés. D'une part, ces précipitations exceptionnelles, malgré les lourdes pertes humaines et matérielles, ont apporté des apports d'eau essentiels à une région désertique fortement touchée par la sécheresse. D'autre part, elles ont révélé de nouveau l’extrême fragilité de ces territoires, rappelant les séquences dramatiques du séisme d’Al Haouz en septembre 2023. Comme alors, ce sont les mêmes paysages, faits d’habitats fragiles en pisé et abritant une population souvent démunie, qui ont été balayés par la fureur des éléments.
Cette partie du Maroc, s'étendant des montagnes de l'Atlas jusqu'à Oued Draa dans l'Anti-Atlas, souffre d’une marginalisation chronique, ne profitant que très peu des fruits de la croissance nationale.
La province de Tata, située à environ 280 kilomètres au sud-est d’Agadir et considérée comme la moins bien dotée de la région Souss-Massa, a particulièrement souffert de ces orages violents. L’absence de barrages a permis aux précipitations tombées en montagne, notamment dans la commune de Tamanart, de s’écouler directement vers l'Atlantique après avoir irrigué le lac Iriki, asséché depuis longtemps. Cette région oasienne, allant de Tata à Errachidia en passant par Ouarzazate, Zagora et Tafilalet, nécessite un véritable plan de développement. Un programme ambitieux pourrait revitaliser les palmeraies en agonie, autrefois la principale source de subsistance des habitants, aujourd’hui affaiblies par la maladie du Bayoud et la sécheresse.
Le potentiel touristique de cette région reste sous-exploité. Avec ses paysages à couper le souffle, le développement d'activités touristiques, combiné à une formation adaptée et au financement de projets locaux, pourrait créer des emplois et valoriser les savoir-faire artisanaux locaux.
Ces intempéries ont également révélé la nécessité de repenser l’architecture en terre cuite des villages de l’Anti-Atlas, pour l’adapter aux changements climatiques, en renforçant les techniques de construction et en interdisant la construction de maisons en bordure des oueds.
Les autorités marocaines ont mobilisé rapidement des ressources pour limiter les dégâts. Depuis le 6 septembre, les provinces de Zagora, Tinghir, Errachidia, Ouarzazate, Tata, Assa-Zag et Es-Semara ont été frappées par des pluies torrentielles accompagnées de grêle et de vents violents. Les crues soudaines, atteignant parfois jusqu’à 20 mètres dans certaines zones montagneuses, ont provoqué des destructions massives, emportant bétail et palmiers sur leur passage.
Selon le dernier bilan du ministère de l’Intérieur, 18 personnes ont perdu la vie et quatre autres sont toujours portées disparues. La province de Tata compte à elle seule 10 décès. Des recherches intensives sont en cours pour retrouver les disparus.
Sur le plan matériel, les dégâts sont tout aussi considérables : 56 maisons se sont effondrées, dont 27 totalement, et 8 ouvrages d'art de taille moyenne ont été détruits partiellement ou totalement. Le réseau électrique et les infrastructures d’eau potable et de télécommunications ont été sévèrement touchés, bien que des interventions sur le terrain aient permis de rétablir une grande partie de ces services.
En ce qui concerne les routes, 110 tronçons ont été temporairement coupés, dont 84 ont déjà été rouverts à la circulation. Les autorités s'efforcent de mobiliser toutes les ressources humaines et matérielles nécessaires pour faire face à cette situation exceptionnelle et apporter l'aide nécessaire aux populations affectées.
Le 18/09/2024
Rédaction de l’AMDGJB Géoparc Jbel Bani
www.darinfiane.comwww.cans-akkanaitsidi.net www.chez-lahcen-maroc.com
Les tags en relation
Les articles en relation

#MAROC_FRUITS_ET_LEGUMES : Le marasme pointe son nez en attendant les pluies
La sécheresse, le recul des niveaux des barrages, la demande extérieure, les restrictions imposées par le gouvernement suite au coronavirus, la spéculation ...

Conseils de Voyage pour le Maroc : Prudence Recommandée pour les Touristes Britanniques
Le Royaume-Uni a mis à jour ses conseils aux voyageurs pour le Maroc, une destination prisée des touristes britanniques. Dans un avis du 10 juin, le ministèr...

Plan Maroc Vert: un volume d'investissement important
Depuis le lancement, en 2008, du Plan Maroc Vert, l'investissement privé dans l'agriculture s'est élevé à plus de 60 milliards de dirhams, rappo...

Maroc : Sécheresse, effondrement du cheptel et réforme agricole
Le Maroc subit les conséquences dramatiques de sept années de sécheresse, entraînant une baisse historique du cheptel (-38?%) et une crise majeure dans les ...

Les besoins en eau potable au Maroc : Casablanca, Tanger, Marrakech en tête des grandes consommatri
Les besoins en eau potable du Maroc dépassent 1,7 milliard de mètres cubes par an, avec Casablanca, Tanger et Marrakech en tête des plus grands consommateurs...

La feuille de route nationale du tourisme 2023/26 présentée à Agadir
La ministre du tourisme, de l’artisanat et de l’économie sociale et solidaire, Fatim-Zahra Ammor, poursuit sa tournée régionale pour la présentation de ...

#Maroc_Stress_Hydrique: 1,9 million de Marocains seraient concernés par l’exode rural
Face à la sécheresse, 5,4% de la population marocaine choisirait l’exode rural, alerte la Banque mondiale dans son récent rapport. Cet article est une revu...

Innovation au service de l’oléiculture marocaine
L’oléiculture occupe une place stratégique dans l’agriculture marocaine, contribuant de manière significative à l’économie rurale et à l’emploi. A...

Maroc : la gestion hasardeuse de l’agriculture prive la population d’eau
Face à la diminution des ressources en eau au Maroc, Abdelouafi Laftit, ministre marocain de l’Intérieur a demandé mardi 26 décembre dernier aux walis et ...

#Souss_Massa_Écosystème_Touristique : La SDRT est venue combler le manque constaté
Abdelkrim Azenfar DG de la Socie?te? de De?veloppement Re?gional Touristique (SDRT) de Souss-Massa Quel regard portez-vous sur l’apport de la SDRT en te...

Le Maroc perd chaque année 174 millions de dollars à cause des risques climatiques (étude)
Le Maroc est classé 124e parmi les pays confrontés à des risques climatiques, selon l’ONG allemande Germanwatch. Ainsi, le pays perd annuellement 174 milli...

Une ville du Maroc envahie par les criquets
La ville de Fam Al Hisn, près de Tata, dans la région de Souss-Massa-Draâ, a été envahie cette semaine par les criquets. En collaboration avec les autorit�...