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Reportage Dakhla, un pôle touristique et commercial en devenir

Reportage  Dakhla, un pôle touristique et commercial en devenir

Le monument représentant la péninsule de Dakhla.

Dakhla est une ville d’avenir. Les potentialités dont elle regorge la prédisposent à s’ériger en pôle économique et commercial de premier ordre. Chef-lieu de la région Oued Eddhab-Lagouira, elle possède des atouts exceptionnels : 660 km de littoral, 70% du potentiel national exploitable de pêche, un climat et un sol propices à l’agriculture. C’est aussi une ville des plus ventées et par conséquent des plus favorable à l’installation de parcs éoliens. Bref, Dakhla a tout ce qu’il faut pour émerger et devenir une des locomotives de l’économie du Royaume. Mais pour y arriver, quelques contraintes doivent être surmontées notamment en matière d’aménagement, de renforcement des infrastructures et de promotion des investissements.

Richesses halieutiques énormes

Le secteur de la pêche maritime constitue un des principaux piliers de l’économie de la ville. Le potentiel halieutique est estimé à 6 millions de tonnes de petits pélagiques, dont 2 millions de tonnes exploitables par an. Les chiffres sont parlants et traduisent l’importance de cette richesse naturelle et les opportunités de croissance qu’elle offre. Mais selon le directeur du Centre régional d’investissement (CRI) de Oued Eddahab-Lagouira, Mohammed Abdellah Bouhjar, seulement 500 000 tonnes sont capturées. Ce qui veut dire que 1,5 million de tonnes ne sont pas encore exploitées.«Il faut donc penser à une utilisation optimale de cette richesse de manière à en faire une source de création d’emploi. Cela passe par l’octroi de licences pour la réalisation de projets intégrés basés sur la valorisation des produits de la mer», souligne M. Bouhjar.En effet, pour tirer le meilleur parti des richesses halieutiques de Dakhla, il est primordial de valoriser et de commercialiser les produits de la mer. D’où l’importance d’aménager des zones industrielles équipées à proximité de la zone portuaire, à l’instar de celle dénommée Assalam qui a vu le jour il y a moins de trois ans.

Zone industrielle délaissée

Dakhla vient en effet de se doter il y a quelques années d’une zone industrielle de 27 hectares, comprenant plus de 320 lots. Baptisée Assalam, cette zone est équipée à plus de 95%, permettant ainsi de créer une dynamique économique autour des industries agroalimentaires (produits de la mer notamment).

Mais le projet d’une autre zone industrielle, beaucoup plus importante, a eu moins de succès. Créée en 2003 sur près de 300 hectares, dont seulement une soixantaine équipés, ce projet est pratiquement à l’arrêt. Réalisé par le ministère de l’Équipement et du transport, il n’attire toujours pas d’investisseurs malgré sa proximité du port. 

«La cause est probablement liée à son statut basé sur la location des lots. C’est pourquoi nous avons suggéré une formule basée sur une location longue durée à des prix symboliques, ou carrément de changer le statut de la zone de manière à pouvoir mettre en vente les lots équipés», explique le directeur du CRI.

En attendant qu’une solution soit trouvée, force est de reconnaître qu’une meilleure concertation et une plus forte convergence des actions menées par les différents intervenants dans le secteur de la pêche ne seront pas de trop à l’avenir. Cela éviterait de lancer de grands projets, qui s’avèrent par la suite peu, voire pas du tout adaptés aux attentes des investisseurs.

Le tourisme, il n’y a pas que le balnéaire

Dakhla table aussi sur le secteur du tourisme pour booster l’économie locale et créer de l’emploi aux jeunes. Il faut dire qu’elle n’a pas tort de miser sur ce secteur, compte tenu des potentialités que présente la région. Grâce à son littoral et à son climat favorable aux sports nautiques, la ville s’est imposée sur la carte touristique mondiale.

Mais sans structures d’accueil de haut niveau, espérer développer cette activité génératrice de devises serait un leurre.

«Les responsables de notre région ainsi que le ministère de tutelle doivent mettre à profit ces atouts et lancer des projets touristiques nouveaux. Il existe des sites magnifiques, mais qui doivent être aménagés et développés pour attirer les investisseurs. D’autant qu’ici, contrairement à d’autres villes, le problème du foncier ne se pose pas», souligne le directeur du CRI. Et d’ajouter que Dakhla se doit de mettre en avant les autres atouts qu’elle possède, outre la beauté de ses plages.

À côté des sports nautiques qui ont fait la réputation de cette ville, il faut en effet explorer d’autres créneaux. Et la région n’en manque pas. M. Bouhjar cite à titre d’exemple le tourisme du désert, les festivals et le folklore local, les dessins rupestres, sans oublier la réserve naturelle où vivent des espèces animales rares.

L’avenir de la région de Dakhla passe certainement par le développement d’un secteur touristique fort. Le CRI travaille dans ce sens. Des projets d’envergure sont prévus. «Le projet d’une station balnéaire de 200 hectares est à l’étude. Il sera réalisé dans le cadre d’un partenariat entre l’État marocain et la société émiratie Achafi», affirme M. Bouhjar.

Agriculture et pastoralisme

Beaucoup l’ignorent, mais Dakhla est une ville agricole par excellence. Son climat propice et la nature de son sol permettent d’avoir une productivité élevée tout au long de l’année. «Pour les tomates par exemple, la moyenne nationale est 100 quintaux par hectare alors qu’ici, cette moyenne est de 220 quintaux par hectare», souligne le directeur du CRI. Le secteur agricole joue un rôle socioéconomique majeur dans la région de Oued Eddahab-Lagouira. Il crée 1,5 million de jours d’emploi par an et sa production est destinée quasi totalement (95%) à l’export. La superficie agricole utile exploitée s’élève à 566 hectares alors que la superficie agricole utile exploitable avoisine 1 million d’hectares. C’est dire le potentiel d’investissement que recèle ce secteur. Par ailleurs, avec des terrains de parcours de près de 13 millions d’hectares, la vocation pastorale de la région de Oued Eddahab-Lagouira est des plus importantes sur le plan national. Ainsi, le cheptel camelin s’élève à 25 000 têtes, 40 000 pour les ovins, 30 000 pour les caprins, et 400 pour les autruches.

Pour ce qui est de la production de viandes, elle est de 2 500 tonnes pour les viandes rouges, 250 tonnes pour les viandes blanches, 4 millions de litres par an de lait de chamelle et 600 000 litres de lait de vache. 

Questions au directeur du CRI de Oued Eddahab-Lagouira, Mohammed Abdellah Bouhjar  «La région jouit d’une position stratégique exceptionnelle entre l’Europe et l’Afrique subsaharienne»

Que faut-il faire pour encourager l’investissement au niveau régional ?

La première contrainte qu’il faut surmonter a trait aux procédures administratives qu’il faut simplifier davantage. Je rappelle qu’avec les centres régionaux d’investissement, on a pu réaliser une révolution par rapport à la situation d’avant puisque le délai de création d’une entreprise ne dépasse pas 24 heures. Je pense qu’il faut faire la même chose en ce qui concerne les projets d’investissement. Il faut simplifier les choses aux gens qui veulent créer de la richesse et de l’emploi. La charte d’investissement doit être améliorée. Autre point important : la nécessité de renforcer la convergence des actions des différents intervenants : départements ministériels, offices, agences et établissements publics doivent coordonner plus leurs actions.

Où en est le projet de la zone franche d’exportation à Dakhla ?

C’est un projet important de nature à attirer beaucoup d’investissement à Dakhla compte tenu des avantages qu’il offre sur les plans fiscal, douanier et de changes. Mais c’est un projet qui n’a pas encore démarré quoique le décret y afférent ait été promulgué en 2010. La première tranche de ce projet porte sur 13 hectares. Son aménagement nécessitera pas moins de 130 millions de DH.

Outre ses richesses naturelles, Dakhla jouit d’une position géostratégique importante…
La région de Lagouira-Oued Eddahab jouit en effet d’une position stratégique exceptionnelle. Elle pourrait servir de liaison entre l’Europe (Iles Canaries) et l’Afrique subsaharienne. 
En tant que chef-lieu de la région, Dakhla peut devenir une plaque tournante sur le plan économique et commercial. Les atouts qu’elle possède peuvent attirer les investisseurs désirant développer leurs activités en Afrique. Cette ville a un rôle important à jouer dans le cadre de la nouvelle politique africaine du Royaume.

Les énergies renouvelables

Dakhla est parmi les villes les plus ventées du Royaume. De même qu’elle bénéficie d’un ensoleillement permanent toute l’année. Cela ferait d’elle un des grands producteurs des énergies renouvelables, éolienne et solaire. En 2011, l’État marocain et un groupe allemand ont signé une convention relative à la réalisation de plusieurs projets éoliens devant produire 672 mégawatts, apprend-on auprès du Centre régional d’investissement de Dakhla. «C’est énorme, c’est équivalent de la consommation d’une métropole de 12 millions d’habitants environ», affirme M. Bouhjar. Mais cet important chantier de plus de 15 milliards de DH tarde à démarrer. «Il va falloir attendre le raccordement de la ville au réseau haute tension de Tan Tan», explique le même responsable. C’est un des engagements de la partie marocaine. En attendant que cet obstacle soit surmonté pour que ce chantier d’envergure se concrétise, d’autres projets seront lancés incessamment, selon le directeur du CRI. Il s’agit notamment d’un projet à Dakhla portant sur la production de 9 mégawatts avec la même entreprise allemande ainsi que de trois autres projets dont l’étude a été bouclée.

A Largoub, une entreprise publique et des partenaires français s’apprêtent à lancer plusieurs projets de production d’énergie photovoltaïque portant sur une production totale de près de 14 mégawatts.
L’aquaculture 
Le directeur général du Centre régional d’investissement (CRI) de Oued Eddahab-Lagouira, Mohammed Abdellah Bouhjar, est convaincu que l’aquaculture constitue un secteur porteur de l’économie locale. Selon lui, ce secteur pourrait être un levier de développement socio-économique si les atouts de la région étaient exploités de façon optimale. La baie de Dakhla offre en effet des conditions idéales pour ce genre d’activités. «Certes, il y a des projets qui existent déjà, mais ils restent en deçà des potentialités de la ville. La baie de Dakhla est longue de 40 km extrêmement favorables à cette activité», souligne le même responsable.

Publié le : 20 avril 2014 –

SOURCE WEB Par Abdelouahed Rmiche, LE MATIN

Tags : Richesses halieutiques énormes- Zone industrielle délaissée- Le tourisme, il n’y a pas que le balnéaire- Grâce à son littoral et à son climat favorable aux sports nautiques, la ville s’est imposée sur la carte touristique mondiale- Dakhla se doit de mettre en avant les autres atouts qu’elle possède, outre la beauté de ses plages- tourisme du désert, les festivals et le folklore local, les dessins rupestres, sans oublier la réserve naturelle où vivent des espèces animales rares- Le projet d’une station balnéaire de 200 hectares est à l’étude. Il sera réalisé dans le cadre d’un partenariat entre l’État marocain et la société émiratie Achafi- Agriculture et pastoralisme- avec des terrains de parcours de près de 13 millions d’hectares, la vocation pastorale de la région de Oued Eddahab-Lagouira est des plus importantes sur le plan national- projet de la zone franche d’exportation à Dakhla - Les énergies renouvelables- L’aquaculture-