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Taxe aérienne et textes d’application Haddad : Echec et mat (Cheikh mat)

Taxe aérienne et textes d’application Haddad : Echec et mat (Cheikh mat)

Pour ceux qui ne le savent pas, le ministre du tourisme, Lahcen Haddad, aime s’afficher dans les réseaux sociaux. Il est même un internaute assidu qui émarge tout ce qui le concerne dans ses comptes Facebook, Twitter, LinkedIn et autres. Mais s’il évoque souvent ses activités en tant que ministre, il ne cache aucunement son goût pour l’autopromotion notamment en publiant, à jet continu, une multitude de ses photos officielles et privées.

D’ailleurs ce n’est un secret pour personne que d’affirmer que Haddad mise beaucoup sur la communication pour soigner son image. C’est vrai qu’il est photogénique …Mais il faut savoir doser quand on aspire à devenir un bon communicant car trop de communication tue la communication même si, nous journalistes, aimons bien les ministres bons communicants.

Tout comme Lahcen Haddad qui aime parler aux journalistes sans se méfier des conséquences de l’overdose médiatique. Car à trop vouloir communiquer, on finit par tomber dans le panneau des bourdes comme celle que Haddad a commise en répondant aux questions de notre confrère «L’économiste » à propos de l’entrée en vigueur de la taxe aérienne le…1er avril courant.

D’ailleurs le choix du 1er avril comme date de l’application de cette satanée taxe, est tout à fait saugrenu quand on sait les méfaits du poisson de ce jour en canulars et autres mensonges.

Malheureusement ce qui s’est passé le 1er avril avec la taxe aérienne n’a rien avec le poisson d’avril puisque la confusion était totale dans la pratique réelle d’une loi toute aussi réelle.

La faute incombe à qui ? A un ministre qui s’est fait piéger, lui-même, en faisant une confession terrible à notre confrère « l’économiste » et ce quatre jours avant la date fatidique du 1 er avril.

Haddad a tout simplement révélé que « le décret d’application de la loi sur la taxe aérienne n’avait pas encore été finalisé ». Et pour cause, les ministères concernés par l’encaissement de cette taxe en l’occurrence l’équipement, les finances, le tourisme et l’ONDA, n’ont pas encore accordé leurs violons sur ce sujet. Non seulement le ministre dévoile combien son département est dans l’incapacité de peaufiner en son temps les textes d’application d’une loi, mais il met à nu l’impuissance de tout un gouvernement à légiférer dans les temps impartis soit trois mois après l’approbation de la loi des finances. Et le pire, c’est que le ministre fautif semble avoir été extrêmement étonné, ou il a feint d’être surpris, c’est du pareil au même, par la réaction des compagnies aériennes et des professionnels.

Un peu téléphoné cet étonnement, tout comme le ton policier du communiqué officiel de son ministère qui confirme que l’application de la taxe est devenue effective le 1 er avril. Trop tard ! Le mal est déjà fait, car quand le premier responsable avoue que les modalités d’application de la taxe aérienne ne sont pas encore fixées, personne ne saura comment elle sera perçue et déboursée aux pouvoirs publics. Du coup, l’application de cette taxe a brusquement disparu des écrans des systèmes d’information utilisés pour la réservation des agences de voyages.

L’Association internationale du transport aérien (IATA) qui n’a jamais digéré l’instauration de cette taxe, aurait même demandé à ses adhérents et aux agences de suspendre momentanément l’application de cette taxe en attendant les textes d’application. La confusion est totale au sein des agences et des compagnies aériennes dont certaines n’ont pas hésité à reporter son application jusqu’à nouvel ordre. La grande surprise est venue de la RAM et Air Arabia qui ont suivi la tendance en décidant de surseoir à la mise en application de la taxe aérienne. Quand on sait que la RAM a été la première compagnie à venir au secours du ministère du tourisme quand Rynair et Easyjet ont décidé de supprimer certains vols vers le Maroc, on reste pantois devant la réaction de la RAM. Mais on l’a appris depuis longtemps, le PDG Benhima est un as de l’acrobatie puisqu’il est capable de licencier 1500 employés marocains et de recruter des dizaines d’hôtesses de l’air africaines. Une drôle de façon d’équilibrer les comptes et de redresser les manches d’une RAM en dérive malgré le renflouement de ces caisses par les pouvoirs publics. Les contribuables, s’entend.

Devant cette rébellion générale face à une taxe maudite, le ministre Haddad a perdu son sang froid en se fendant dans un communiqué sarcastique digne de la puissance du ministère de l’intérieur d’antan. Feu Basri n’aurait pas fait mieux et ce même dans le volet sécuritaire qui était le plus cadenassé.

Appréciez le ton d’un ministre de tourisme qui est par définition un homme de communication, de promotion et de marketing quand il s’adresse aux compagnies aériennes qui nous amènent des touristes : « Cette redevance est une disposition d'un texte de loi, mis en place par les autorités souveraines du royaume du Maroc, et il n'appartient à aucune organisation, ni aucun tiers de décider d'un quelconque report, suspension ou modification, en dehors des procédures légales.

En cas de non-respect des dispositions de ce texte, les compagnies réfractaires seront passibles d'une amende pouvant atteindre 25 % de la valeur de la taxe non versée, conformément aux dispositions de la loi de finances 2014.

Les compagnies et les entreprises concernées doivent veiller à l'application de ce dispositif et de ne tenir compte que des communications expressément et officiellement notifiées par les autorités marocaines habilitées » Haddad ne décolère pas, il va même jusqu’à menacer la presse qui diffuse de fausses informations : « Toutes difficultés ou entraves à l'application de cette disposition du fait de ces fausses informations, seront directement imputés à la seule responsabilité des auteurs de ces fausses informations. Les autorités marocaines demeurent attentives à l'application stricte de ces dispositions règlementaires, dans le cadre de leurs prérogatives et leur souveraineté».

Heureusement qu’on l’a arrêté là, car il ne lui restait qu’un pas à franchir pour dire que les réfractaires seront passibles d’emprisonnement. Mais le mal est fait car ce communiqué qui a fait le tour du monde, est la pire des choses qui puisse arriver au tourisme marocain comme mauvaise publicité sur une destination aussi attrayante. Mais quelle mouche a piqué Haddad pour proférer des menaces et employer des grands mots comme « souveraineté » et « autorités souveraines » ? C’est le contraire de ce ton qu’il fallait adopter puisque la faute de l’absence d’un décret d’application incombe au ministère du tourisme et au gouvernement.

Il fallait donc s’excuser auprès de ses partenaires, reconnaitre ses erreurs et adopter un profil bas au lieu de monter sur ses quatre chevaux pour voiler une bourde aussi monumentale. Même les professionnels qui approuvent la taxe aérienne ont été déroutés par la déroute du ministère de tutelle, c’est pour cela qu’ils ont demandé au « ministère et aux autorités compétentes, de publier, sans délai, la procédure de recouvrement de cette taxe afin de permettre aux professionnels concernés de s’en acquitter, de leur donner la visibilité nécessaire et d’éviter tout amalgame susceptible de créer ce type de confusions » On comprend le désarroi des opérateurs touristiques qui connaissent l’ampleur des dégâts causés par ce cafouillage juridique qui dénote une incompétence criarde de nos responsables.

Autant dire que le feuilleton de la taxe aérienne qui a commencé à la fin de l’année 2013 avec la mise en garde de l’IATA et la suppression de plusieurs vols Low cost, n’est pas arrivé à son dernier épisode. Car au-delà des pertes financières et d’emplois que cette redevance va causer comme l’a estimé l’IATA en décembre dernier, il est certain que ces rebondissements auront un impact négatif sur   l’image du Maroc. Par conséquent la compétitivité de la destination sera mise à mal par l’application de cette taxe qui taxera beaucoup le tourisme qu’elle ne lui rapporte une bouffée d’oxygène. Car on ne le répétera jamais assez, il est insensé au moment où la crise économique bat son plein et où les destinations les plus prisées font tout pour réduire les tarifs, Haddad s’ingénie à taxer les touristes. La stratégie de l’échec est visible sur l’échiquier : échec et mat.

Jeudi, 17 Avril 2014 10:00

SOURCE WEB Par Lavie Touristique

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