Investissements L'Afrique, le continent de demain mais.
Pour Moulay Hafid Elalamy, ministre de l’Industrie, du commerce, de l’investissement et de l'économise numérique, il ne faut pas «s’emballer» et céder à cette «surchauffe exagérée» d’un continent qui pourrait être victime d’une surmédiatisation.
L’Afrique sera-t-elle l’avenir du monde ? C’est à cette question que d’éminents experts et personnalités du monde des affaires ont tenté de répondre lors des Rencontres économiques les 9 et 10 avril à Casablanca. Le ton a été donné lors de la session inaugurale par le ministre de l’Industrie, du commerce, de l’investissement et de l'économise numérique, Moulay Hafid Elalamy. «Non, l’Afrique ne sera ni un continent mort ni l’avenir du monde !» a-t-il lancé devant un parterre de personnalités venues nombreuses à l’événement organisé par le Cercle des économistes. Selon Elalamy, l’Afrique pourrait en effet être l’un des avenirs du monde, mais il ne faut pas «s’emballer» et céder à cette «surchauffe exagérée» d’un continent qui pourrait être victime d’une surmédiatisation. «Cette excitation est une erreur d’appréciation grave et qui ne sera pas dans l’intérêt des Africains», lance le ministre. Il nuance toutefois que le continent dispose d’énormes potentialités. «Nous avons des richesses naturelles et fossiles, une volonté politique pour nous positionner dans l’échiquier mondial et puis une jeunesse et des capacités indéniables», déclare Elalamy. Le ministre, qui a dévoilé il y a quelques jours son plan industriel , conditionne l’entrée du continent africain dans la carte de la mondialisation à l’instauration d’une politique d’industrialisation. Les pays africains peuvent ainsi s’inspirer du modèle marocain qui s’est positionné sur des secteurs pointus comme l’aéronautique et l’automobile. Un modèle qu'il faudra dupliquer dans le reste du continent, selon Elalamy.
En attendant ce grand bond en avant, l’Afrique ne pèse aujourd'hui qu'environ 2,75% dans la production mondiale. Une part n’a pas changé d’un iota depuis les années 1970, comme l'a souligné André Cartapanis du Cercle des économistes. D’où l’urgence de l’émergence d’un véritable tissu industriel et de produits à valeur ajoutée made in Africa.
Pour sa part, Jean-Marie Chevalier également du Cercle des économistes fait montre d'un certain scepticisme.
«L’apport de l’Afrique à l’économie mondiale pourrait être positif, mais aussi négatif. L’Afrique subit plusieurs maux comme la pauvreté endémique, la corruption, les réfugiés, la mauvaise gouvernance, la malédiction pétrolière, les diversités ethniques, les problèmes de démocratie et de droits de l’Homme». Un tableau noir dressé par l’économiste qui interpelle les dirigeants africains à s’attaquer d’abord à ces problèmes structurels avant toute considération économique.Un vent d’optimisme soufflera dans la salle avec les déclarations du ministre du Tourisme, Lahcen Haddad. «Durant ces dernières années, alors que plusieurs pays du monde ont traversé une crise économique difficile et ont connu une croissance faible, l’Afrique subsaharienne, à titre d’exemple, a pu maintenir sa croissance économique à 4,7% en 2013. Cette croissance devrait continuer à augmenter pour arriver à 5,2% en 2014». De même, «la demande et les cours des matières premières ont nettement augmenté et les investissements directs étrangers nets, alimentés par la découverte de nouveaux gisements de pétrole et de gaz dans de nombreux pays, en particulier l’Angola, le Mozambique et la Tanzanie, ont augmenté de 16% pour atteindre un montant quasi record de 43 milliards de dollars en 2013», précise le ministre. De leur côté, les flux de capitaux ont continué de croître pour s'élever à environ 5,3% du PIB de la région en 2013, soit un niveau sensiblement supérieur à la moyenne des pays en développement (3,9%).Les Rencontres qui ont clôturé hier ont ainsi permis un débat franc sur la situation actuelle du continent et son positionnement futur dans l’échiquier mondial. Si chacun y est allé de sa thèse, une chose est sûre pour les Marocains : l'Afrique, c'est l'avenir.
Témoignage d'Ahmed Reda Chami, ancien ministre du Commerce et de l’industrie
«Plusieurs études confirment le potentiel économique d’un continent en mouvement. À l’horizon 2020, il y aura 200 millions de foyers à revenu moyen (autant qu'en l’Europe).
Il faut savoir que l’Afrique est un continent qui a doublé son PIB en l’espace de 12 ans, soit à peu près une moyenne de croissance de 6% par an. L’Afrique, c’est aussi 110 millions d’internautes aujourd’hui, alors qu’ils n’étaient que 4 millions en 2000. Elle vit un véritable désenclavement numérique. De même, elle figure maintenant dans le radar de toutes les compagnies mondiales. Par exemple, j’ai été surpris de voir le PDG d’IBM visiter deux fois le Maroc en moins d’un an. Tout cela montre qu’il y a un fort engouement pour l’Afrique et pour le Maroc, en particulier comme tête de pont. Cependant, il faut remettre les choses dans leur contexte. Si ce continent croît d’une manière surprenante, il ne faut pas omettre que l’Afrique ne représente que 2% du commerce mondial. De même, 2/3 des pays africains sont en dessous de la moyenne de l’Indice de développement humain mondial. Pire, alors que l’écart entre l’Asie et le reste du monde se réduit, celui de l’Afrique avec le reste du monde ne cesse de s’agrandir. Tout cela nous amène à une conclusion : il y a des opportunités indéniables et palpables, mais il faut en même temps prendre en compte certains indicateurs et relever urgemment plusieurs défis».
SOURCE WEB Revue de Presse
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