Rapport : La crise hydrique inquiète les institutions financières nationales
A l’instar des autres pays du continent africain, le Maroc est devenu très vulnérable au cours des dernières années à l’érosion hydrique, a noté le rapport annuel sur la stabilité financière, dans sa dixième édition pour l'année 2022. Détails.
La situation hydrique au Maroc est alarmante. C’est ce qui ressort dudixième rapport annuel récemment publié par Bank Al-Maghrib, l'Autorité marocaine du marché des capitaux et l'Autorité de Contrôle des Assurances et de la Prévoyance Sociale et qui vient conforter les bilans présentés par le ministère de tutelle durant l’actuelle année législative.
Le document a souligné que la tendance au stress hydrique au Maroc a une dimension très critique que la voie de développement suivie par le pays depuis quelques décennies repose en grande partie sur l’industrie et l’agriculture, des secteurs généralement très consommateurs d’eau.
Basé sur des données de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture et de la Banque mondiale, le rapport des trois institutions financières indique que « les activités agricoles absorbent plus de 80 % de la consommation d'eau au niveau national .Cette situation est aggravée par une pluviométrie irrégulière, une répartition inégale des ressources hydriques sur le territoire national, une surexploitation des nappes phréatiques, une volatilité des réserves d’eau des barrages ainsi qu’une forte urbanisation et une croissance démographique encore dynamique.
Fort impact sur l’agriculture
Le même document indiquait que les sécheresses et la pénurie d’eau peuvent avoir une incidence significative sur le développement socioéconomique au Maroc à travers une contraction du PIB agricole. Il est à noter que la production agricole a tendance à rebondir après une sécheresse, avec un impact limité sur les tendances de croissance à long terme, néanmoins, et compte tenu de la baisse structurelle des ressources en eau, l’économie marocaine pourrait avoir plus de difficultés que par le passé à rebondir après les sécheresses et à éponger les pertes subies par la production agricole.
Le rapport souligne qu’une dégradation du marché de travail au milieu rural est un autre résultat désastreux suivi par la même source, ajoutant que « les conditions de vie (revenus et alimentation) dans les zones rurales sont intrinsèquement liées à la dynamique de l’activité agricole. Ces dernières années, la situation du marché du travail a connu, sous l’effet conjugué de la pandémie de la COVID-19 et de la mauvaise campagne agricole, une tendance générale à la baisse des niveaux d’emploi ».
Dans ces conditions, on pourrait s’attendre à ce que les sécheresses de plus en plus fréquentes et le stress hydrique structurel conduiraient à des déséquilibres très importants dans les zones rurales au cours des décennies à venir.
La troisième conséquence résultant du changement climatique et de la nécessité d'agir pour s'en prémunir est le « recul des exportations agricoles ». C'est ce que prévient le rapport annuel, notant qu’« une pression accrue sur l’approvisionnement en eau risquerait de compromettre à l’avenir le commerce des produits agricoles au Maroc. D’après les résultats des simulations réalisées par la Banque Mondiale, une baisse de l’approvisionnement en eau de 25% associée aux impacts du changement climatique pourrait faire chuter les exportations nettes d’environ 24,7% des exportations agricoles et 3,5% des exportations totales de marchandises »
Stratégie proactive
Pour y faire face, le Royaume a mis en place une stratégie hydrique proactive pour exploiter à bon escient, assainir et préserver cette matière vitale
Dans le cadre de l’approche stratégique actuelle du ministère de l’Equipement et de l’Eau, M. Nizar Baraka a expliqué dans sa dernière parution au Parlement qu’en plus du pilier « classique » relatif à la mobilisation des eaux conventionnelles, la vision actuelle s’emploie à renforcer deux autres nouveaux piliers stratégiques, à savoir : l’utilisation des eaux non-conventionnelles et la gestion de la demande hydrique. « Avant, il était plus question de gérer l’offre hydrique, actuellement nous estimons fondamental de gérer la demande à travers la limitation du gaspillage, l’augmentation de la rentabilité des réseaux de distribution de l’eau et l’activation des contrats de nappe », selon le ministre. « Nous avons actuellement 18 grands barrages en cours de réalisation, pour une capacité totale de 5.6 milliards de m3, qui s’ajouteront aux barrages déjà fonctionnels au niveau national et qui totalisent déjà une capacité de 20 milliards de m3. Nous avons œuvré à raccourcir de 6 à 12 mois les délais de réalisation des travaux de tous ces grands barrages programmés », précise le ministre, annonçant la finalisation récente de 3 grands barrages (Tidass, Toudgha et Agdz).
Afin de traiter la problématique d’envasement des barrages, Nizar Baraka a également annoncé le lancement, conformément à la vision royale, d’un programme qui devra bientôt établir la situation de cette problématique au niveau des ouvrages hydrauliques puis traiter les barrages prioritaires qui sont à un stade avancé d’envasement. A cet effet, plusieurs techniques sont prévues, notamment des travaux de surélévation.
Le 09/08/2023
Source web par : lopinion
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