TSGJB BANNER

Textile et habillement: L’informel représente 54% de l’activité

Textile et habillement: L’informel représente 54% de l’activité

Cette industrie est de loin le secteur le plus concerné par l’informel selon une étude du patronat. Il touche à la fois la production et les importations. Les ateliers clandestins emploient environ 200.000 personnes et pratiquent des prix 30% moins chers. L’Amith propose des mesures de protection…

L’industrie du textile et de l’habillement est l’un des secteurs les plus touchés par l’informel aussi bien au niveau des importations que de la production. Une étude réalisée par la CGEM estime la part de l’informel à 54% dans ce secteur qui devance ainsi d’autres secteurs, notamment le BTP, le transport routier et de marchandises ou encore l’alimentaire où l’informel représente respectivement 31%, 32% et 26%.

Les filières les plus touchées sont la confection et le tissu d’ameublement. Celles-ci sont, de l’avis de (Amith) l’Association marocaine des industries du Textile et de l’Habillement, «vulnérables à l’économie informelle en raison de la facilité avec laquelle les produits finis peuvent être fabriqués dans de petites unités et vendus sur le marché local». Mais au-delà de ces deux branches, des répercussions négatives sont ressenties au niveau de tout le secteur.

Pour l’Amith, déterminée, à promouvoir un secteur textile et l’habillement responsable et durable au Maroc, «l’informel dans notre secteur représente une concurrence déloyale pour les entreprises légales, compromet la qualité des produits, la protection des droits des travailleurs et l’environnement. Et il a également des répercussions significatives sur les consommateurs finaux».

Les professionnels du secteur, et en particulier les confectionneurs, n’ont de cesse de tirer la sonnette d’alarme face à la multiplication des ateliers clandestins dans plusieurs villes du pays, notamment à Casablanca, Tanger, Fès, Sidi Bennour, Guercif,… Des unités qui emploieraient, selon une évaluation de l’Amith, environ 200.000 personnes. Une main-d’œuvre majoritairement féminine, vivant dans la précarité dans les douars avoisinant les zones d’implantation des ateliers clandestins.

La production de ces petites unités inonde, explique un industriel, «le marché local avec des produits ne respectant aucune norme de qualité, dont la finition est mauvaise et vendus à un prix défiant toute concurrence. L’écart atteint parfois 50% par rapport au prix des unités formelles». En effet, les articles sont en polyester et de moins bonne qualité que la production locale confectionnée à partir de polycoton. La production informelle est de moyenne gamme répondant à une grande partie de la demande locale.

S’approvisionner auprès des entreprises du secteur

Outre les vêtements, la filière du tissu d’ameublement subit aussi l’impact de l’informel. Selon les industriels, la part de marché détenue par ces ateliers informels varie entre 5 et 6% d’un marché estimé à 40 millions de mètres par an. La production est principalement concentrée à Casablanca dans des petites unités dans les quartiers de Lahrawyine et Sbite.

Selon les industriels de la filière, «l’activité de ces unités est pénalisante pour le secteur dans la mesure où les prix sont cassés et où nos modèles sont copiés alors que cela a nécessité un coût pour la recherche des matières et le design !». Le décrochage des prix se situe entre 30 et 40%. Une concurrence qui a été fatale pour plusieurs unités qui, n’ayant pas pu résister, ont fini par fermer.

Contrairement à ce que l’on peut croire, le circuit informel est bien structuré et a même développé un courant d’affaires avec les entreprises de la place auprès desquelles les ateliers s’approvisionnent en intrants. Les paiements se font cash et sans factures. De son côté, l’Amith se mobilise pour lutter contre cette économie informelle qui se traduit par une concurrence déloyale mettant à mal les entreprises structurées qui respectent les lois et les réglementations en vigueur.

De plus, l’informel peut également compromettre la protection des droits des travailleurs qui, dans le secteur informel, peuvent être exposés à des conditions de travail précaires, avec des salaires bas, des heures de travail excessives et un manque de protection sociale. Cela peut entraîner une exploitation des travailleurs et une dégradation des normes de travail, ce qui est préoccupant du point de vue social.

Accompagner pour se conformer aux exigences

Par ailleurs, les entreprises informelles qui ne paient pas d’impôts lèsent ainsi les caisses de l’état. Enfin, poursuivent les responsables de l’association, l’informel peut également avoir un impact négatif sur l’environnement. Les acteurs informels peuvent ne pas respecter les normes environnementales en matière de gestion des déchets, de consommation d’eau et d’énergie, ce qui peut entraîner une pollution et une dégradation de l’environnement.

Remédier à ce phénomène passe, selon les industriels, par la sensibilisation des acteurs de l’informel, des consommateurs et par un accompagnement de ces ateliers informels en leur fournissant des informations, des ressources et des formations pour les aider à se conformer aux exigences légales et à opérer dans le secteur formel.

L’Amith appelle à la mise en place de mesures de protection du secteur contre les effets néfastes de l’économie informelle. Renforcer la régulation, la mise en place de normes claires, la surveillance accrue des entreprises du secteur, ainsi que des sanctions appropriées en cas de non-conformité.

Encourager la formalisation au moyen des incitations fiscales, des formations, et des programmes d’accompagnement spécifiques pour faciliter la transition vers la formalisation. Sensibiliser les consommateurs via des campagnes pour les informer sur les avantages d’acheter des produits de qualité réalisés dans le respect des normes de sécurité et de responsabilité sociale. Renforcer les contrôles aux frontières pour prévenir l’entrée de produits textiles informels sur le marché marocain, en veillant à l’application stricte des réglementations douanières et des normes en vigueur.

Et enfin, prévoir des incitations et des avantages pour les entreprises légales du secteur textile pour les encourager à rester conformes aux réglementations et aux normes, et à maintenir leur compétitivité sur le marché.

Source web par : LAVIEECO

Les tags en relation

 

Les articles en relation