Les neuf actions prioritaires proposées par la CGEM pour intégrer l'informel
Mesures fiscales, procédures réglementaires, renforcement du contrôle… Le patronat liste les chantiers prioritaires qui, selon lui, permettraient de réduire le poids de l'informel dans notre économie.
La CGEM a livré, ce jeudi 5 avril, son étude sur l’économie informelle et ses impacts sur la compétitivité des entreprises. Le document comporte également des propositions de mesures d’intégration.
Le commerce informel estimé à 54 milliards de dirhams
Réalisée par le cabinet Roland Berger, l'étude fait ressortir que « l’économie informelle pèse plus de 20% du PIB hors secteur primaire ». Elle est estimée à 170 milliards de dirhams par an, dont 30 milliards de dirhams comme manque à gagner fiscal.

Sans surprise, le commerce représente à lui seul 31,76% des 170 milliards, suivi du secteur de la restauration, l’hôtellerie et les services personnels à hauteur de 16,47%. Les activités industrielles et artisanales, comme le travail du bois ou le travail des métaux, représentent un peu plus de 14%, suivies du BTP avec 12,94%.
Dans les importations, l’informel représente 40 milliards de dirhams dont la plus importante part, soit 36 milliards, est le fait de la sous-facturation. Quant à la contrebande, elle ne représente que 4 milliards.
Toutes ces activités emploient plus de 2,6 millions de personnes (41% du total des actifs). Plus de 90% de ces personnes travaillent dans des unités de production informelles.

Concurrence déloyale et manque à gagner pour l’Etat
Les conclusions de l’étude commanditée par la CGEM confirment les constats largement partagés sur l’impact de l’informel sur l’économie formelle. Elles se résument en :
- un manque à gagner fiscal (IS, TVA et Droits de douane)
- Gap de compétitivité prix
- Pression négative sur les prix de marché
- Perte de chiffre d'affaires
- Risques importants : règles d'hygiène non respectées, marchandises de moins bonnes qualités.
- Pénibilité, précarité et instabilité de l'emploi
- Absence d'avantages sociaux
- Salaire moyen faible.

Comment y remédier ?
Le constat étant fait, la question qui s’impose est de savoir comment agir pour remédier à ce fléau qui gangrène l’économie marocaine. La CGEM a mené un benchmark de deux pays confrontés aux mêmes enjeux de l’informel.
Le Chili et la Turquie ont réussi, sur 10 ans, à baisser le poids de l’informel respectivement de 10% et 20%, grâce à un ensemble de mesures ciblant les unités de production informelles, l’économie souterraine et la contrebande.

La recette CGEM
Pour le cas du Maroc, la CGEM recommande un plan d’action qui s’articule autour de 4 chantiers prioritaires. Le premier chantier est relatif au renforcement de l'attractivité du secteur formel à travers trois mesures :
- Réduire le gap de compétitivité fiscale entre formel et informel (allègement de la fiscalité sur le travail et les outils de production...)
- Simplifier la TVA (consommation vs. production)
- Augmenter les droits de douane sur l'importation de produits finis (textile notamment).
En deuxième lieu, la CGEM propose l’accompagnement des UPI dans l'intégration à l'économie formelle à travers le développement d’un cadre règlementaire spécifique et incitatif pour les UPI et l’accompagnement de leur basculement vers le formel, à travers un appui à l'accès au marché et le renforcement de leurs capacités.
Le troisième chantier prioritaire défini par la CGEM concerne la lutte contre les leviers de l’économie souterraine. Pour ce faire, le patronat estime qu’il a un rôle à jouer dans le processus de détection des fraudes et espère y être intégré. La Confédération entend s’impliquer également dans le processus visant à établir des référentiels (prix de référence vs. prix de revient...).
Le quatrième et dernier chantier prioritaire a trait à l’assèchement de la contrebande. Un objectif que la CGEM espère atteindre en poussant à la création « des conditions de transfert de la main-d'œuvre de contrebande à l'emploi productif formel » et en « renforçant les contrôles sur tous les fronts de la contrebande ».
Enfin, le patronat complète son plan d’action par deux leviers transverses que sont l’éducation et la formation ainsi que la lutte contre la corruption. Ces deux leviers regroupent des actions comme la sensibilisation des consommateurs aux impacts de l’informel, la promotion de l’emploi formel, la baisse des plafonds autorisés de paiement en cash ou encore la digitalisation et la numérisation des services publics.
Le 05 Avril 2018
Source Web : Médias 24
Les tags en relation
Les articles en relation
Pénurie d’électricité en Chine : les importateurs marocains s’inquiètent
En Chine, des coupures d’électricité forcent depuis plusieurs semaines les usines à l’arrêt et perturbent la chaine d’approvisionnement mondiale. Le r...
Gouvernement, syndicats, CGEM : voici les détails du nouvel accord social
Le gouvernement, trois centrales syndicales et la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) ont signé, jeudi soir à Rabat, le nouvel accord s...
La CGEM, très réceptive aux demandes des professionnels
Le président de la Confédération Générale des Entreprises du Maroc avait annoncé que 2021 constitue un nouveau tournant dans la vie de l’entreprise maro...
COP22: Miriem Bensalah réaffirme à Londres l'engagement de la CGEM dans la lutte contre le réchau
Mme Miriem Bensalah-Chaqroun, présidente de la CGEM, a réaffirmé à Londres l'engagement fort du secteur privé dans la lutte contre le réchauffement cl...
Le royaume du Maroc précurseur dans le déploiement de l’hydrogène vert : organisation du 2ème
Sous l’égide du Ministre de la Transition Energétique et du Développement Durable, l’Institut de Recherche en Énergie Solaire et Énergies Nouvelles (IR...
Coût social de la crise, le patronat a sa petite idée sur qui devra trinquer
Absence de visibilité et confiance sérieusement entamée, voici les signes sous lesquels se profile la rentrée économique 2020-2021 pour les entreprises. Lo...
Zones d'ombre autour de l'application du pass vaccinal en entreprise: la CGEM interpelle le gouverne
Dans une lettre adressée à trois ministres du gouvernement Akhannouch, la CGEM veut obtenir des éclaircissements au sujet des modalités d’application de l...
Tourisme : La CGEM mandatée pour fédérer le secteur
La CGEM parviendra-t-elle à mettre d’accord tous les principaux intervenants du secteur du tourisme. Suite aux divers "conflits" qui ont touché la Confédé...
Relance économique : la TPME en quête d’un nouveau souffle
Nous nous sentons délaissés. Le gouvernement parle depuis quelques semaines maintenant de renforcer la préférence nationale pour permettre aux entreprises m...
Indicateurs économiques : comment les énergies renouvelables peuvent changer la donne
La stratégie nationale de développement des énergies renouvelables aura un impact certain sur bon nombre d’indicateurs économiques, dont l’inflation, pl...
#Tourisme_Maroc : Donnez-nous les moyens de notre optimisme !
A priori, Mme la Ministre du Tourisme reçoit, cette après-midi de jeudi 05 janvier, les professionnels membres de la CNT pour débattre de la feuille de route...
#MAROC_L_informel_qui_tue
On peut, quand on veut, empêcher l’informel de prospérer et surtout de provoquer des accidents mortels. Ce n’est pas la première fois que des citoyens...


vendredi 6 avril 2018
0 
















Découvrir notre région