Pépinières d’entreprises : le fiasco du programme épinglé par la Cour des comptes

Un échec cuisant, c’est le moins qu’on puisse dire du Programme national des pépinières d’entreprises à la lecture du rapport annuel de la Cour des comptes au titre de l’année 2021, dévoilé ce mardi. On vous explique pourquoi.
Alors que la promotion de l’entrepreneuriat des jeunes figures parmi les grandes orientations stratégiques du Royaume pour réduire le taux de chômage, le dernier rapport de la Cour des comptes épingle le fiasco du Programme national des pépinières d’entreprises (PNPE), mis en place dans le cadre du Fonds de promotion de l’emploi des jeunes, lancé en 1994.
Avec l’ambition de créer 4.000 entreprises et 40.000 postes d’emploi et d’atteindre 2 milliards de dirhams d’investissements privés, ce projet, auquel l’Etat a alloué des crédits budgétaires s’élevant à 160 millions de dirhams pour la création d’espaces d’incubation pour les activités portées par les jeunes entrepreneurs, n’a atteint aucun de ces objectifs.
17 pépinières sur 36 opérationnelles
Alors que 36 pépinières d’entreprises devaient être construites au niveau national, en vue de les mettre à disposition des communes concernées, qui sont chargées de leur gestion, seules 27 ont été édifiées à fin mai 2022. Pire encore, seules 17 pépinières sont opérationnelles, avec un taux de fonctionnement moyen de 72%.
Cinq pépinières, d’un coût de réalisation de 34,36 millions de dirhams, ne sont toujours pas fonctionnelles malgré la construction de leurs locaux. De plus, les travaux de réalisation de deux autres pépinières d’un coût de 24,69 millions de dirhams sont suspendus et trois autres pépinières réalisées ont été réaffectées à d’autres types d’activités, révèle le rapport de la Cour des comptes.
Création d’emplois : l’objectif atteint à 2%
Pour ce qui est des objectifs du programme, l’institution dirigée par Zineb El Adaoui note que « les résultats atteints demeurent en deçà des objectifs escomptés et ne sont pas adéquats avec le montant des investissements publics mobilisés ». En effet, les pépinières opérationnelles n’ont créé que 2.765 emplois sur les 40.000 attendus et 87 entreprises sur les 4.000 prévus, soit des taux de réalisation respectifs de 2% et de 7%.
Les résultats modestes obtenus, tant sur le plan quantitatif que qualitatif, sont dus à «des insuffisances en termes de conception et de suivi du programme à l’instar de l’absence d’études de faisabilité, la non- formalisation du programme, ainsi que l’absence d’organe central de gouvernance et de pilotage du programme», souligne-t-on.
Un étranger parmi les bénéficiaires du programme
Plus scandaleux, l’audit de la Cour des comptes a révélé que certains locaux professionnels ont été attribués à des bénéficiaires ne remplissant pas les critères prévus par le programme. A Oujda, par exemple, des gérants d’entreprises ont pu bénéficier de locaux réservés aux personnes sans emploi.
A Taourirt, quatre bénéficiaires habitent en dehors de la province et dépassent l’âge limite de candidature, alors qu’une cinquième personne a pu bénéficier de deux locaux à la fois. L’un des bénéficiaires à El Jadida ne dispose même pas de la nationalité marocaine. A Benguérir, onze bénéficiaires du programme réservé aux jeunes ont plus de 45 ans.
Par ailleurs, l’évaluation de l’exploitation des pépinières d’entreprises opérationnelles a révélé que «de nombreux locaux professionnels ont été attribués aux bénéficiaires en l’absence de cahiers de charges et sans conclusion de contrats de bail dans certains cas». De plus, certaines clauses des contrats conclus ne sont pas compatibles avec les objectifs du PNPE, comme c’est le cas de la durée de bail, censée garantir le principe de rotation dans l’exploitation des locaux professionnels.
Le rapport de la Cour des comptes a également noté l’absence de mesures particulières pour intégrer l’approche genre: sur 848 bénéficiaires, seuls 35 sont des femmes. Il a aussi été relevé une non-conformité des activités effectivement pratiquées avec celles ciblées.
Dans l’ensemble, la conception et la mise en œuvre des pépinières d’entreprises, ayant coûté plus de 281,85 milliards de dirhams, font face à plusieurs carences qui impactent négativement aussi bien l’atteinte des résultats escomptés que la durabilité et la performance des pépinières réalisées. Par conséquent, toutes les pépinières réalisées se sont écartées du modèle de gestion qui leur avait été initialement fixé, conclut le rapport de la Cour des comptes.
Le 7 Mars 2023
Source web par : le360
Les tags en relation
Les articles en relation

Bilan du CRI-SM: l’investissement touristique en tête
C’est le secteur du tourisme qui a donné de l’élan à l’investissement dans la région Souss-Massa ce premier semestre 2016 puisqu’il représente 50% ...

Transition énergétique : Zineb El Adaoui appelle à une meilleure gouvernance
Zineb El Adaoui, première présidente de la Cour des comptes, a mis en lumière la nécessité d’améliorer certains aspects de la stratégie énergétique n...

El Adaoui ouvre le dossier des "indemnités fictives"
Zineb El Adaoui a promis de transférer à la Justice les dossiers des indemnités relatives à des missions fictives. Parmi les bénéficiaires de ces indemnit...

Le beau parcours de Zineb El Adaoui, unique femme Wali nommée par le Roi
Zineb El Adaoui que le Roi Mohammed VI a nommée Wali, Inspecteur Général de l’Administration Territoriale est née en 1960 à la province d’El Jadida. C�...

Conseils communaux: l’Intérieur fait le ménage
L’inspection générale du ministère de l’Intérieur, dirigée par le wali Zineb El Adaoui, a effectué plusieurs missions de contrôle dans des dizaines d...

Vidéo. La liste complète des nouveaux walis et gouverneurs nommés par le roi
Le roi Mohammed VI a reçu dimanche au Palais royal, à Casablanca, les nouveaux walis et gouverneurs nommés au niveau de l'Administration territoriale et ...

Quand l’université devient une activité lucrative
Ces dernières années, plusieurs universités marocaines ont investi dans la formation continue destinée à des cadres et salariés d’entreprises issus de p...

Journée d’étude organisée par la Direction générale des collectivités locales
Les conseils des préfectures et des provinces face à l’impératif de l’amélioration de la performance et de l’efficacité de gestion Trois ans aprè...

Zones industrielles, l’appel de Zineb El Adaoui
La Cour des comptes préconise l’élaboration d’un programme de mise à niveau des espaces créés par les collectivités territoriales sur la base du cadre...

CAN 2025 et Mondial 2030 : Zineb El Adaoui alerte sur les finances
Zineb El Adaoui, présidente de la Cour des Comptes du Maroc, a exprimé ses inquiétudes concernant l’impact des investissements nécessaires pour accueillir...

Maroc-Portugal : Les Cours des comptes renforcent leur coopération
Les Cours des comptes du Maroc et du Portugal ont signé un partenariat visant la coopération entre les deux pays dans plusieurs domaines. Détails. Le pré...

#MAROC_Zineb_El_Adaoui_nouvelle_présidente_de_la_Cour_des_comptes
Le Souverain a nommé, le 22 mars, Zineb El Adaoui en tant que présidente de la Cour des comptes. Zineb El Adaoui a été nommée, le 22 mars, par S.M. le R...