Midterms 2022 : les deux leçons des élections américaines

Les premiers résultats des élections américaines de mi-mandat attestent d’une résistance du camp démocrate, Joe Biden échappant ainsi à un vote sanction. A trop miser sur les candidatures clivantes, la vague républicaine attendue n’a pas eu lieu.
Joe Biden a échappé à la « raclée ». Barack Obama avait employé cette image pour décrire la déroute démocrate essuyée à la Chambre des représentants en 2010, lors de ses premières élections de mi-mandat. En son temps, Bill Clinton aurait pu la prendre également à son compte après le scrutin de 1994. Les premiers résultats des élections de mi-mandat, presque invariablement fatales au parti qui occupe la Maison Blanche, décrivaient le 9 novembre au matin une résistance démocrate inattendue.
Ce président bientôt octogénaire, peu à l’aise avec les mots, peu populaire, et dont le mandat est lesté par une poussée d’inflation inédite depuis des décennies, peut toiser ses illustres prédécesseurs, auxquels il est souvent comparé à son désavantage. A mi-chemin de son mandat, il ajoute cette résistance à un bilan législatif conséquent. Le blocage que pourrait produire la probable perte de la Chambre des représentants par son camp, avant que la situation ne s’éclaircisse pour le Sénat, devrait l’empêcher désormais d’aller plus loin.
Ce bilan législatif se traduira à terme, après que Joe Biden aura quitté la Maison Blanche, par une modernisation en profondeur de son pays, qu’il s’agisse de ses infrastructures ou de son adaptation au défi posé par le dérèglement climatique. Un legs important pour une personnalité politique régulièrement sous-estimée.
Le second enseignement de l’étroitesse des gains républicains concerne directement le camp conservateur. Ce dernier escomptait un vote de confiance qui ne s’est pas matérialisé dans les urnes. Certes, il a pu bénéficier des fautes de Joe Biden, dont son incompréhension initiale d’une inflation qui s’est avérée durable et sévère. Les républicains ont été portés par les prix élevés de l’essence à la pompe, sans doute l’indice le plus scruté aux Etats-Unis, mais leur attractivité laisse manifestement à désirer.
Le Grand Old Party ne peut s’en prendre qu’à lui-même. En se montrant incapable de résister à la pression de Donald Trump et à sa thèse délirante d’une élection présidentielle truquée pour expliquer sa défaite indiscutable en 2020, le Parti républicain s’est engouffré dans une impasse.
Une faute déjà commise
Le chef de la minorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, n’avait pas tort de s’inquiéter de la « qualité » des candidats propulsés lors des primaires par l’ancien président, notamment dans la course pour le contrôle du Sénat. Le fait du prince et le goût de Donald Trump pour des candidatures flamboyantes, sorties tout droit des plateaux de télévision ou franchement complotistes, a produit des résultats peu convaincants.
Les déconvenues enregistrées dans la nuit de mardi à mercredi dans des Etats comme le Michigan ou la Pennsylvanie l’attestent. Les conservateurs auraient probablement enregistré de plus grands succès avec des personnalités plus conventionnelles ou simplement plus qualifiées pour exercer les fonctions auxquelles elles prétendaient.
Cette faute est d’autant plus remarquable que le Grand Old Party l’avait déjà commise il y a une décennie, au pic de la vague quasi insurrectionnelle du Tea Party. Déjà à cette époque, des candidatures incendiaires avaient remporté l’épreuve des élections primaires avant d’essuyer de cinglants désaveux lors des élections générales.
Le Parti républicain a toujours été une « grande tente », selon la formule consacrée, où peuvent cohabiter des sensibilités différentes. La chasse à la pureté idéologique et la dénonciation infamante des républicains de papier (« Republican in name only ») lui ont rarement porté chance. Pas plus aujourd’hui que la traque interne des élus jugés insuffisamment loyaux à l’égard du battu de 2020.
Alors que s’ouvre déjà le cycle de l’élection présidentielle de 2024, à un rythme échevelé qui est une plaie démocratique, l’heure du renouvellement semble impérative pour les deux grands partis, pour des raisons bien différentes. Les démocrates doivent se mettre en quête de la relève parce que les années, et non son bilan, rattrapent Joe Biden. Les républicains, s’ils veulent l’emporter, doivent au contraire rompre avec au moins une partie de ce qui les définit aujourd’hui et que résume le nom de Donald Trump.
Le 09-11-2022
Source web par : le monde
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