Au Maroc, les feux de forêt redoublent d’intensité

Les feux de forêt récemment enregistrés au Maroc confirment les prévisions pessimistes des scientifiques. Favorisées par des conditions climatiques extrêmes, ces catastrophes naturelles sont plus intenses, fréquentes et précoces qu'auparavant.
Larache le 14 juillet.
Les scientifiques sont unanimes : les feux de forêt seront à l’avenir plus intenses, fréquents et précoces, à cause du dérèglement climatique et de ses manifestations, dont la sécheresse et les épisodes caniculaires à répétition. Les incendies forestiers qui se sont déclarés dans le nord du pays leur donnent raison.
Du 14 au 21 juillet, plus de 10.000 hectares de forêts sont partis en fumée dans les provinces de Larache, Tétouan, Ouezzane et Taza. De moyenne ou grande taille, ces incendies forestiers sont considérés comme les plus dévastateurs jamais enregistrés dans le pays. Sur leur passage, des plantations d’arboriculture fruitière et de nombreuses ruches ont été détruites.
Sans oublier les centaines de personnes évacuées. « Les mesures mises en place au profit des populations touchées seront annoncées au plus tard, le lundi 25 juillet », a assuré Mustapha Baitas, ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement et porte-parole du gouvernement, lors d’une conférence de presse ce jeudi 21 juillet, à l’issue de la réunion hebdomadaire du Conseil de gouvernement.
Une intensité amplifiée
Le dernier des six feux de forêt déclarés a été maîtrisé dans la soirée du 20 juillet, quasiment une semaine après son déclenchement dans le massif forestier d’Ahl Serif, dans la province de Larache ; le plus grand feu, localisé dans la forêt d’Al Koula, a ravagé pas moins de 7.800 ha de couvert végétal.
La superficie globale incendiée en l’espace d’une semaine par les six feux dépasse le triple de la moyenne annuelle enregistrée ces dix dernières années (3.000 ha). C’est l’illustration d’une intensité plus élevée des incendies au Maroc, qui explique les difficultés rencontrées par les équipes d’intervention pour en venir à bout.
« La maîtrise d’un feu de forêt peut prendre un à quatre jours, selon son ampleur », indique à Médias24, Taoufik Aadel, ingénieur en chef et responsable des unités d’analyse des risques et des opérations d’intervention, au Centre national de gestion des feux de forêts à Rabat.
Dans le cas des feux de forêt du Nord, ces délais ont été largement dépassés en raison de l’intensité des incendies et de conditions climatiques défavorables : des vents soufflant à près de 40 km/h et un épisode caniculaire dont les températures ont atteint les 46 C° par endroits.
Des feux plus nombreux et précoces
Au-delà de l’intensité, la fréquence des feux a également augmenté. « De janvier à mai 2022, 75 départs de feu ont été recensés au Maroc, contre une quinzaine en moyenne ces dix dernières années dans le même espace temps », confiait à Médias24 Fouad Assali, chef du Centre national de gestion des risques climatiques forestiers, lors de la présentation du Programme d’action pour la prévention et la lutte contre les incendies de forêts.
Les six feux de forêts, qui se sont déclenchés de manière quasi simultanée dans le Nord, tendent à confirmer ce constat. La nouveauté réside aussi dans la précocité de ces désastres environnementaux. « Les incendies forestiers les plus importants se déclarent d’habitude entre le début du mois d’août et la mi-septembre. Mais cette année semble déroger à la règle avec de grands feux dès la mi-juillet », nous apprend Taoufik Aadel, craignant que le pire soit à venir.
En plus du Programme d’action pour la prévention et la lutte contre les feux de forêt, relevant de l’Agence nationale des eaux et forêts (ANEF), le ministère de l’Agriculture a créé une cellule centrale pour parer à toute éventualité.
Cette cellule évaluera avec précision les dégâts causés par les récents incendies grâce à l’imagerie satellite et aux enquêtes de terrain, avant de mettre en place un plan d’action pour réhabiliter les massifs forestiers touchés. Un bilan des opérations d’intervention est également prévu afin d’apporter des améliorations à un dispositif efficace mais perfectible.
Le 21/07/2022
Source web par : medias24
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