Déchets ménagers
La gestion déléguée montre ses limites Publié le : 08.08.2011 | 17h45 La Capitale en passe de perdre son image de ville verte. Conteneurs débordés, odeurs nauséabondes, avenues non balayées, c'est pratiquement le décor quotidien de la capitale du Royaume. Les déchets envahissent Rabat suscitant la grogne générale des habitants qui assistent impuissants à ce spectacle devenu quotidien dans les rues de cette ville. Les critiques se multiplient donc, pointant du doigt les sociétés chargées de la collecte et de la gestion déléguée des déchets pour leur non-respect du cahier de charges. On reproche notamment à ces entreprises de ne pas respecter les fréquences de passage des camions (les bennes de collecte des ordures ménagères), de ne pas déposer assez de conteneurs. Ces derniers, quand ils existent, ne sont pas nettoyés régulièrement. Notons que les rues ne sont pas non plus en meilleure situation. D'après certains observateurs, le balayage des avenues ne suit aucun programme et semble aléatoire. Une situation qui a contribué à augmenter les points noirs qui ne cessent de se multiplier, surtout dans les quartiers populaires et défavorisés. D'après Reda Benkhaldoune, président de l'arrondissement Agdal-Ryad, la défaillance de la gestion déléguée est due au manque de contrôle qui normalement devrait être assumé par les communes. Ces entités disposent, en effet, d'un service d'hygiène censé contrôler régulièrement les activités des entreprises délégataires. Mais ce n'est pas le manque de contrôle qui est le seul facteur derrière la non-rentabilité de la gestion déléguée. Quand les communes ne remplissent pas correctement leur mission, le conseil de la ville s'en charge à travers son «service d'hygiène et d'espace vert» qui effectue la même tâche. Ce dernier est doté, en plus du pouvoir de contrôle, d'une autorité de sanction et de saisie en cas d'infraction de ces entreprises aux dispositions du cahier de charges. Ce pouvoir ne dissuade pas pour autant les sociétés délégataires. «Toutes les pénalités contre infraction que ces entreprises ont amassées sont restées impayées. Ces sociétés avançaient comme argument le non-paiement de leurs arriérés par les communes. Ce qui compliquait de plus en plus ce dossier et rendait la tâche d'améliorer ce service plus difficile», souligne M. Benkhaldoune Après plusieurs réunions du conseil de la ville, ce dernier a envisagé pour la première fois au cours de l'année 2011 «un plan de redressement pour remédier à une situation qui devient de plus en plus préoccupante ». Mais il fallait d'abord payer à ces entreprises les arriérés que leurs doivent les communes et dont le montant s'élèvait à 4 milliards de centimes. Cette opération a été rendue possible grâce à l'intervention du ministère de l'Intérieur, il y a six mois, qui a débloqué ce montant. «Les entreprises sont en train de récupérer leurs arriérées. Ce qui nous permettra d'exiger une meilleure qualité de service», annonce M. Benkhaldoune. Selon cet élu, le conseil serait en train d'étudier la possibilité de revoir les cahiers de charges et les conventions qui lient la mairie à ces entreprises. Ces dernières pourront bien faire objet de modification à travers l'introduction de nouveaux avenants qui fixeront d'une manière plus précise les standards de conteneurisation, la fréquence de collecte et de balayage. Rappelons qu'actuellement, de nombreuses communes, dont les dernières en date sont celles de Rabat (Hassan, Yaâcoub Al Mansour et Youssoufia), Casablanca et Fès, ont délégué la gestion des déchets solides à des sociétés privées. Le coût moyen des services de collecte est estimé 366 DH par tonnes. Quant à la durée du contrat de concession, elle varie entre 5 et 7 ans. Historique La ville de Rabat, comme toutes les villes du Royaume, a connu ces dernières décennies une augmentation démographique et un développement urbain qui ont nécessité la mise à niveau de l'environnement et du cadre de vie. Ainsi, le secteur des déchets solides a été fortement influencé, non seulement par le changement de mode de vie, mais aussi par l'augmentation de la production des déchets ménagers et assimilés. Face donc à ces mutations, les services communaux chargés de la gestion de ce secteur sont restés impuissants et n'ont pas pu suivre cette évolution à cause de l'absence d'un cadre organisationnel de ce secteur. Il s'en est suivi une dégradation de l'environnement et du cadre de vie des citoyens. Cette situation a incité le conseil de la ville à conclure des conventions avec quatre sociétés délégataires en 2002, qui s'occupent depuis de la collecte des ordures ménagères. Repères Critiques Les critiques se multiplient, pointant du doigt les sociétés chargées de la collecte et de la gestion déléguée des déchets pour leur non-respect du cahier des charges. Contrôle Le conseil de la ville assure la mission de contrôle de la gestion déléguée via son «service d'hygiène et d'espace vert». SOURCE WEB Par Yousra Amrani | LE MATIN