Iran, Liban et Sahara au menu du sommet du CCG

Réunis ce mardi à Riyad, les pays membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) ont abordé diverses questions liées à la coopération, la sécurité et la prospérité dans la région. Sans grande surprise, le programme nucléaire et balistique de l’Iran, ainsi que la situation au Liban étaient au cœur de ces discussions. En outre, le sommet des États du Golfe a appuyé la marocanité du Sahara. Éclairages avec Hafid Boutaleb, expert en relations internationales.
Le 42e sommet du Conseil de coopération du Golfe (CCG), présidé par l’Arabie saoudite et auquel participent les dirigeants d'Oman, du Koweït, de Bahreïn, des Émirats arabes unis et du Qatar, s’est tenu ce mardi dans la capitale saoudienne, Riyad. Ce sommet, qui intervient près d’un an après que l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, Bahreïn et l’Égypte ont accepté de rétablir leurs relations avec le Qatar, a abordé diverses questions liées à la coopération entre les pays membres du CCG. Les dirigeants de ces nations ont également discuté des progrès réalisés pour faire avancer l’intégration et la collaboration dans divers domaines afin de répondre aux aspirations des populations et de façonner un nouvel avenir glorieux pour la région. Le sommet a également abordé les moyens de renforcer davantage la sécurité et la prospérité dans la région.
Le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammad ben Salmane a représenté son pays à ce sommet en l’absence de son père, le roi Salmane. Lors de son discours d’ouverture, il a déclaré que cette réunion se tient à un moment où la région est confrontée à de nombreux défis qui nécessitent des efforts coordonnés pour renforcer la sécurité et la stabilité des nations du CCG. Il a souligné l’importance d’achever le processus d’intégration économique et de renforcer le rôle régional et international du CCG. Selon lui, cet objectif ne peut être atteint qu’en adoptant une position politique unie et en développant des partenariats avec la communauté internationale. Il a également insisté sur la nécessité de trouver l’équilibre nécessaire pour assurer la sécurité et la stabilité des marchés énergétiques mondiaux. Le prince héritier saoudien a en outre déclaré qu’il était essentiel de lutter contre le changement climatique en fournissant au monde une énergie propre et en faisant progresser le développement et l’innovation dans ce domaine. Ainsi, l’homme fort du royaume saoudien a appelé à «une plus grande coordination des efforts face aux multiples défis» et a souligné la nécessité «d’unifier les positions pour renforcer le rôle» du CCG aux niveaux régional et international.
Dans leur communiqué final, les pays du CCG ont convenu de «l’importance de se coordonner pour parvenir à une politique étrangère unifiée et efficace qui protège les intérêts des peuples du Golfe». Ils ont également convenu de la nécessité de «diversifier» leurs économies, qui dépendent fortement du pétrole et du gaz.
L’Iran au cœur des discussions
Le mardi, lors de ce sommet, le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a plaidé pour une approche «efficace et sérieuse» du programme nucléaire et balistique de l’Iran. Cet appel a été lancé alors que les pourparlers visant à relancer l’accord nucléaire de 2015 de Téhéran avec les puissances mondiales échouent à Vienne.
En effet, depuis que l’ancien président américain Donald Trump a retiré les États-Unis de l’accord sans trop penser aux conséquences, Téhéran abandonne progressivement les engagements limitant son programme nucléaire. ?Le pays enrichit maintenant de l’uranium à 60% de pureté se rapproche de l’enrichissement à 90% qui peut être utilisé dans une arme nucléaire. C’est une situation alarmante qui exige une intervention immédiate et soutenue, estiment ses voisins du Golfe.
En novembre dernier, à l’issue d’une réunion de leur groupe de travail, les États-Unis et le CCG ont adressé une mise en garde commune à l’Iran, accusé de «provoquer une crise nucléaire» et de déstabiliser le Moyen-Orient avec ses missiles balistiques et ses drones. Ces négociations indirectes entre Américains et Iraniens, qui ont repris fin novembre après plusieurs mois de suspension, visent à relancer l’accord international de 2015 censé empêcher Téhéran d’accéder à la bombe atomique. Elles ont également été l’occasion de lancer les discussions entre l’Arabie saoudite sunnite et l’Iran chiite, qui ont rompu leurs relations diplomatiques en 2016. Toutefois, c’était un Iran échaudé à la table cette semaine. Un Iran qui a remplacé son président réformiste par un dur, Ebrahim Raisi, pour défendre ses intérêts. Ainsi, les pourparlers n’ont enregistré jusque-là aucun progrès notable.
La situation au Liban inquiète
Toujours dans son communiqué, le CCG a appelé mardi soir le Liban à «effectuer des réformes» et à «empêcher le Hezbollah de mener des activités terroristes». «Le CCG a demandé au Liban de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer des réformes globales et lutter contre la corruption», indique le communiqué. Les pays membres demandent également au Liban «d’étendre son contrôle et sa souveraineté sur toutes ses institutions et d’empêcher le Hezbollah de pratiquer ses activités terroristes et de soutenir des organisations terroristes et des milices qui portent atteinte à la sécurité et la stabilité dans les pays arabes». Et de souligner «l’importance de renforcer le rôle de l’armée libanaise et la nécessité de limiter les armes aux institutions légitimes de l’État». Il a aussi insisté «sur le contrôle des frontières et la prise de mesures pour stopper le trafic de drogue à travers les exportations libanaises vers l’Arabie saoudite et les pays du CCG».
Marocanité du Sahara
Les pays du CCG ont réitéré leur appui à la marocanité du Sahara. Les pays membres s’engagent à soutenir toutes les «décisions prises» par le Royaume pour assurer sa «sécurité, sa stabilité et son intégrité territoriale», indique le communiqué publié au terme de ce 42e sommet de l’organisation régionale. En se félicitant de l’adoption, le 29 octobre par le Conseil de sécurité de l'ONU, de la résolution 2602, ils ont appelé à la poursuite du processus de négociations des «tables rondes» entre le Maroc, l’Algérie, la Mauritanie et le Polisario.
Notons que lors des travaux de la 4e Commission des Nations unies, les ambassadeurs des Émirats arabes unis, d’Arabie saoudite, du Qatar, d’Oman, du Bahreïn et du Koweït ont, à l’unisson, «rejeté toute atteinte aux intérêts suprêmes ou à la souveraineté et à l’intégrité territoriale du Royaume du Maroc».
Selon Hafid Boutaleb, expert en relations internationales, «il est intéressant de souligner que le retour du dialogue entre les membres du CCG, interrompu suite à la crise entre le Qatar et l’Arabie Saoudite, soit concomitant avec le soutien fort de la part de tous les pays membres du CCG à l’intégrité territoriale du Maroc». D’après lui, la fermeture de la parenthèse de la crise Qataro-saoudienne a ramené au-devant des priorités l’importance pour les pays du Golf de leur alliance avec le Maroc quant à leur avenir commun. Et d’ajouter que ce nouveau soutien fort est aussi en parallèle avec des tentatives d’apaisement avec l’Iran, notamment à l’initiative de l’Arabie Saoudite et des Émirats arabes unis.
«Cette donne s’inscrit en rupture avec la situation qui prévalait lors de la guerre au Yémen en 2015-2018 et pendant le printemps arabe en 2011, et qui donnait l’impression que le soutien des pays du CCG se faisait en échange d’un support militaire et sécuritaire de la part du Maroc», a-t-il expliqué. «Les déclarations de soutien à l’intégrité territoriale du Maroc lors du dernier sommet des pays du CCG laissent donc envisager des relations plus durables et beaucoup plus solides et pérennes que n’ont pu l’être auparavant les relations entre le Maroc et les pays de cette région», a conclu l’expert.
Le 15 décembre 2021
Source web par : lebrief
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