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Maroc-Algérie :Des signes d'apaisement mais les contentieux demeurent

Maroc-Algérie :Des signes d'apaisement mais les contentieux demeurent

Une réouverture de la frontière relancerait le tourisme et les échanges bilatéraux. Selon le ministère marocain du Commerce extérieur, l'Algérie n'a représenté que 2% des importations du Maroc et 1% de ses exportations en 2010 L'appel du Maroc à une réouverture des frontières avec l'Algérie s'inscrit dans un climat d'apaisement mutuel mais le contentieux sur le Sahara demeure entier et la méfiance profonde entre les deux capitales. Dans un discours du trône samedi, le roi Mohammed VI a souhaité une "nouvelle dynamique" et à terme une "normalisation" des relations bilatérales, allant jusqu'à publiquement évoquer une "réouverture des frontières terrestres". Cette frontière, qui court sur plus de 1500 km de la Méditerranée au Sahara, a été fermée en 1994 suite à un attentat islamiste à Marrakech (sud du Maroc) que Rabat avait imputé aux services secrets algériens. Depuis quelques mois, Rabat et Alger ont donné des signes de réchauffement de leurs relations, avec notamment des visites de ministres, sans pour autant que soit résolue l'épineuse question du Sahara. Pour beaucoup de Marocains, l'Algérie qui soutient toujours fermement le Front Polisario détient donc la clé du conflit "mais elle ne le fait pas parce que son objectif est d'affaiblir le Maroc", selon le politologue marocain Mohamed Darif. Pour certains experts, l'amorce actuelle de dégel entre Rabat et Alger est d'abord la conséquence directe du printemps arabe. "Ce mouvement a suscité des craintes" et "incité les dirigeants des deux pays à multiplier les appels à l'apaisement et à la coopération économique", estime l'historien Mâati Monjib. Une réouverture de la frontière relancerait le tourisme et les échanges bilatéraux. Selon le ministère marocain du Commerce extérieur, l'Algérie n'a représenté que 2% des importations du Maroc et 1% de ses exportations en 2010. "Face au dynamisme des deux sociétés civiles, les schémas nationalistes étriqués des dirigeants paraissent aujourd'hui relativement dépassés", dit Khadija Mohsen Finan, professeur de science politique à l'Université Paris VIII. Mais de l'avis général, les relations bilatérales, marquées par de profonds ressentiments depuis l'indépendance, restent difficiles et imprévisibles. "C'est comme deux crocodiles dans le même marigot. Les régimes des deux pays se considèrent comme deux +géants+ du Maghreb. Leurs relations sont souvent marquées par une volonté de domination régionale", résume Mâati Monjib, historien à l'université Mohamed V de Rabat. Côté algérien, la méfiance reste visiblement de mise comme en atteste la tonalité générale de la presse dimanche après le discours de Mohammed VI. La réouverture des frontières terrestres est devenue chez le roi du Maroc "une obsession", écrit le quotidien libéral francophone Liberté. "La question des frontières est perçue comme un échappatoire aux difficultés socio-économiques du Maroc", affirme encore Liberté qui ne parle du discours royal que dans ses pages intérieures. Officiellement Alger n'a pas réagi au discours du roi mais dès samedi soir, Kassa Aissi, le porte-parole du Front de libération nationale (FLN), principal parti au pouvoir, qualifiait "d'effet d'annonce" l'offre de Mohammed VI. "C'est une démarche récurrente qui n'exprime qu'un point de vue, celui du Makhzen (palais royal) marocain", a-t-il déclaré par téléphone. L'Histoire aussi a laissé des cicatrices entre les deux pays. En 1963, une "guerre des sables" les a opposés après plusieurs incidents frontaliers. Un cessez-le-feu est intervenu en février 1964, laissant la frontière entre les deux pays inchangée. "Cette guerre a marqué à jamais l'imaginaire collectif des deux peuples et cassé l'euphorie qui a suivi leur indépendance", relève M. Monjib. SOURCE WEB Aufait/agences