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Le tapis berbère marocain (dossier)

Le tapis berbère marocain (dossier)

Avoir un tapis berbère marocain chez soi, c’est faire entrer dans sa maison une petite lueur de ce beau pays qui fait grandir l’âme ! C’est vrai, le tapis berbère marocain est vraiment chargé d’histoires et d’émotions. Le mot tapis est défini “Zarabia” en Arabe, “Tazerbyt” en berbère, et justement, au Maroc, c’est le mot “qtifa” qui est souvent employé. Le tapis berbère en général, mais plus particulièrement le vrai tapis berbère marocain dispose d’une renommée sans faille et sans pareille !

Tapis de laine, tapis berbères dits aussi : “tapis d’Afrique du Nord”, transmettent le nom de la région, de l’ethnie, de la tribu et donc, du pays dans lequel ils ont été conçus. A ce titre, il faut savoir que les véritables connaisseurs de tapis peuvent définir de manière précise :

– L’âge d’un tapis,                                                            

– Son lieu de fabrication grâce aux motifs, aux couleurs, à la méthode de vrillage (torsion de la laine), nombre de fils de trame qui sont visibles au dos du tapis, selon les procédés de teinture employés.

L’art ancestral du tissage berbère a été décerné au Maroc et ce, grâce au tapis Béni Ouarain dont les motifs expriment les mêmes déjà utilisés à l’ère Néolithique. On reconnaît un véritable tapis berbère de laine marocain selon :

– sa matière : noué, tissé, brodé il l’est dans une laine très douce et extra-vierge extraite d’une race de moutons du Moyen Atlas ;

– sa couleur, ivoire naturel pour le tapis Béni Ouarain et/ou pour d’autres types de tapis souvent des dominances de tons rouge, orange, noir, blanc, jaune ;

– son nouage sachant qu’un travail artisanal doit forcément démontrer des petites irrégularités qui se remarqueront sur l’envers du tapis (sauf sur un kilim qui est réversible) ;

– sa grange ou finition de frange qui se trouve à une seule extrémité de celui-ci. Pour l’histoire du tapis, il est évident que la domestication du mouton tient un rôle important dans l’art du tissage berbère.

Chez les berbères, le travail de la laine remonte à plusieurs millénaires, à l’origine et à l’aide de plante saponaire, les femmes lavaient la laine de mouton à la rivière.

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Il n’est pas rare dans les zones rurales montagneuses que ces traditions perdurent et c’est justement, dans ces régions précises, que se trouvent les plus beaux tapis. On distingue des motifs ou signes berbères symboliques, des ornements qui ont souvent un rapport avec des rites, des croyances, une manière de penser et donc tous les imaginaires liés aussi à cette culture berbère. Le savoir-faire du tissage se transmet de mère en fille, de générations en générations, les ouvrages sont tissés bien souvent sur les mêmes métiers à tisser.

A l’origine, les tapis étaient surtout destinés aux usages domestiques et, dans la tradition berbère, ils étaient aussi intégrés à la dote du mariage, de même, selon les aléas économiques des foyers, le tapis a toujours été et est encore une valeur économique certaine.

Le tapis de laine marocain se distingue surtout des deux modèles suivants :

– Les tapis Béni Ouarain qui portent le nom d’une tribu, celle des “Imazighen” qui sont issus des régions montagneuses du Moyen-Atlas.

En berbère le nom de la tribu signifie “peuple libre”. Ces tapis sont conçus en laine de mouton très épaisse issue d’une race particulière de moutons ; cette laine connaît d’ailleurs une réputation mondiale, ce qui fait donc et aussi la renommée de ce tapis de laine marocain si prisé.

Ces tapis sont tissés par les femmes qui dessinent des motifs géométriques bruns foncés sur fond ivoire naturel. Les nuances de brun proviennent de la laine brune de la tête du mouton alors que la laine couleur naturelle provient du corps de l’animal.

– Les tapis Azilal proviennent d’une région du Haut-Atlas et sont beaucoup plus colorés. Ils sont aussi fabriqués en laine de mouton mais la finition s’avère plus rase avec des poils beaucoup plus courts que pour un tapis Béni Ouarain.

Si les tapis berbères se différencient d’une province d’origine, d’une région ou d’une tribu, si les techniques, les motifs, les couleurs varient aussi, on remarque toutefois entre tous les tapis berbères des similitudes et ainsi, un alphabet de formes commun.

Le tissage berbère et ses variétés de nouage

Une trame de laine et de noeuds de laine ou, une trame de laine et de noeuds de morceaux de tissus recyclés, font décidément de beaux tapis ! Le nouage et le tissage sont les deux techniques principales de confection d’un tapis mais il y a aussi la broderie.

Selon la technique choisie pour la confection d’un tapis, l’un sera confortable, très chaud, très doux alors que l’autre sera plus fantaisiste, attractif, coloré et original.

Le premier s’appellera “Béni Ouarain”, “M’Guild”, “Kilim”, “Azilal” etc…

Le second s’appellera “Boucherouïte” un terme bien choisi qui signifie d’ailleurs “issu de la récupération” !

Pour un tapis de laine, tout commence par le filage de la laine réalisé à la main, ce qui permet de créer les fils qui seront parfaits pour le tissage.

Le métier à tisser est préparé avec les files de chaîne et le nouage peut commencer.

A savoir : plus la trame est petite entre les noeuds et plus le tapis est dense.

Dans le cadre d’un tapis Boucherouïte, tapis marocain du XXe siècle, c’est un ouvrage né des familles modestes implantées dans les zones rurales du Maroc. Ces familles ne pouvant pas toujours s’offrir de la laine, ont donné naissance à une nouvelle forme de noeud fait avec des bandelettes de tissus recyclés et récupérés. Le résultat est surprenant, spontané et poétique, véritable tapis de l’art populaire du tissage marocain, c’est un tapis des plus extravagants !

Pour le tapis berbère Kilim, il est originaire des régions Zemmour et Boujaad du Moyen Atlas. Ce tapis n’offre pas la texture d’aspect velours d’un tapis en laine Béni Ouarain car ce n’est pas un tapis uniquement noué, il est aussi tissé et brodé. Ce tapis présente souvent des motifs rectilignes ou géométriques, des dessins plutôt petits mais toujours très soignés.

Le tissage se fait à l’aide d’une laine fine mais robuste, les couleurs sont chatoyantes, le kilim (sauf le modèle indien) et le vrai, offre l’avantage de n’avoir ni d’endroit ni d’envers, il est donc réversible.

Le noeud berbère est une technique précise de nouage de tapis qui est née dans la région du Moyen-Atlas marocain. Les autochtones berbères et surtout les femmes de cette région ont ainsi mis au point un noeud spécial et particulier qu’ils utilisent à leur guise. Ainsi, les femmes berbères ou artisanes tisseuses suivent leur inspiration et donnent naissance à une création toujours surprenante, exclusive, unique !

Un formidable livre revient sur toutes ses techniques : « Tapis et tissage, l’art des femmes berbères » et un de nos ouvrages préférés : « Azetta, l’art des femmes berbères » de Paul Vandenbroeck

Les tapis du Moyen Atlas

Le Moyen-Atlas abrite la majeure partie des tribus qui tissent les tapis. Confectionner un tapis dans ces régions du Maroc, est synonyme de processus qui s’accompagne souvent de rituels précis, pour la préparation, au début et à la fin du tissage. Tout commence déjà par la laine qui doit être purifiée avant d’être ensuite teinte selon les recettes d’antan à l‘aide de pigments naturels. La laine est exposée à la belle étoile durant une nuit entière ce, afin d’éloigner le mauvais oeil.

Pour le Moyen-Atlas et les régions de Meknès-Rabat, on compte sur les tribus Zemmour, Zaer, Zain, Bani Mtir, Ait Sgougou, Beni M’guild.

Pour le Moyen Atlas et les régions de Fes et Taza, on compte sur les tribus Beni Ouarain, Ait Ighezzrane, Beni Alaham, Ait Halli, Ait youssi, Ait Seghrouchéne, Marmoucha, Ait Youb, Ait Izdeg, Aît Yaâcoub.

Ainsi, le Maroc est riche d’une variété de styles de tapis dont les plus emblématiques sont :

Le tapis Azilal, issu de la province d’Azilal à Tadla dans la région de Béni Mellal offre un tapis très coloré, chatoyant et lumineux. Les touches de couleurs sont représentatives de la saison à laquelle le tapis est tissé.

Le tapis Beni Ouarain, conçu par la tribu des Bénis Ouarain, au coeur des montagnes du Moyen-Atlas. Tapis très épais et très chic, il est fabriqué dans une laine de mouton aux nuances naturelles de brun foncé et d’ivoire, il présente des dessins très épurés et géométriques.

Le tapis Boujaad dans son aspect très vieilli ne plaît pas à tout le monde, il est particulier c’est vrai. A l’inverse, dans sa version vintage, il s’arrache de plus en plus dans le monde !

Le tapis Beni Mguild présente toujours un design ou une couleur improbable, ce tapis est imprévisible. Les motifs sont audacieux, les dessins sont géométriques assez simples, c’est l’irrégularité de leur position qui est de mise sur ce tapis aux nuances de rouge, d’orange, de rose, indigo ou de magenta. Chacun de ces tapis est unique et raconte son histoire.

Le tapis Beni M’Rirt est originaire des régions montagneuses du Maroc plutôt propices au froid et à la neige, c’est pourquoi c’est un tapis très dense, chaud et confortable.

Le tapis Zayane est originaire du Haut-Atlas, sa conception met en avant un travail de noeuds sur deux lignes. Le fond du tapis est souvent jaune et les motifs sont géométriques dans les tons de rouge, vert, beige.

Le tapis Zemmour du Moyen-Atlas est à forte dominance de rouge et des nuances d’orange et de jaune, un tissage éclairé ou sombre de blanc ou de noir et avec, très occasionnellement une touche de bleu.

Le tapis Ait Youssi, propose un travail basé sur le chiffre 7, cela se remarque sur le travail de tissage qui présente différents treillis losangiques qui s’enchaînent. Ce sont ces contrastes qui font la particularité de ce tapis.

Le tapis de Guerrouane, ou Iguerouane en Amazigh est tissé par cette population issue de la tribu du même nom, originaire à la base de la région de Tafilalet qui a ensuite migré dans les environs d’Ifrane…

Le tapis Oulmès à forte dominance de rouge, motifs losangiques provient de la région éponyme, soit Oulmès et sont travaillés par les femmes berbères issues de la tribu Oulmès.

Les tapis du sud du Maroc

Le tapis Taznakht, originaire du Haut-Atlas est un tapis berbère qui nécessite bien souvent jusqu’à neuf mois de travail. Un bon tapis du genre peut compter jusqu’à 480’000 nœuds au mètre carré. Les couleurs naturelles de ce merveilleux tapis proviennent du safran, du henné, de la menthe et autres ingrédients naturels, les tons sont donc de rouge, de vert, orangé, c’est un tapis très chic ! Il compte parmi les modèles reconnus parmi les anciens tapis confectionnés au Maroc. Les types de tapis Taznakht, Zayane, Habal, font ainsi la fierté de l’artisanat marocain.

Le tapis Chichaoua est un tapis qui porte le nom de la ville qui se situe à 70 km de Marrakech. Les Chichaouas sont de la région de Haouz à Marrakech, soit située entre le haut et le moyen Atlas. Ce genre de tapis est généralement très grand et il est noué sur les fils de chaîne du métier à tisser qui sont faits en poils de chèvres avec de la laine de mouton teintée à la couleur rouge orangée. Ce tapis n’offre pas ou très peu de motifs. C’est une région réputée dans l’art du tissage des beaux tapis de laine, une région qui est très propice pour l’élevage.

Les tapis du Haut Atlas

On appelle les tapis des Aït Ouaouzguites, une tribu qui peuple le territoire situé entre Ouarzazate et Taznakht, région de Taznakhet : les tapis du Haut-Atlas. Ces ouvrages offrent la même technique de tissage que celle utilisée pour les tapis citadin. On peut les dénommer également : les tapis Glaoua.

On compte trois techniques spécifiques qui sont :  les points noués (travail artisanal à la main), la tapisserie et le tissage à plat structuré en fenêtres symétriques On retrouve ainsi tous les arts du tissage de tapis, ce type de tapis est à la fois tissé, noué et brodé, les couleurs sont naturelles. Parmi ces styles précis, on retrouve :

Le tapis Glaoui qui intègre également les trois techniques de tissages et qui comporte des motifs assez complexes pour un résultat spectaculaire. Le glaoui se compose de bandes de tissages brodées alors que d’autres sont nouées, ainsi, on a la douceur des tapis noués et la joie des tapis tissés.

Les tapis Talsint en laine, sont des tapis entièrement noués ou tissés par des femmes originaires d’une tribu nomade. Ce sont des tapis très nobles.

Leurs motifs racontent toujours des histoires liées à l’environnement direct représenté au gré de l’inspiration, de l’imagination, de la créativité que souhaite l’artisane.

Le monde qui les entoure est source d’inspiration ! Les tapis Ourika proviennent de la vallée de l’Ourika à proximité de Marrakech, les tapis de laine naturelle de cette région offrent généralement un bel équilibre dans la créativité, ils ne manquent pas de charme !

Et pour les tapis de Tunisie, de Kabylie et d’Algérie…

Pour la tunisie, le tapis mergoum est propre à ce pays, il provient des villes de El Jem, Oudhref ou Kairouan. On trouve aussi les tapis Ouedhrefs ou mergoums de Ouedhref qui sont des variantes du tapis de Mergoum du Sud de la Tunisie

Le tapis de Mergoum est un tapis tissé et brodé avec des motifs en forme de losange, travaillé dans une laine pure de mouton, il est plus épais que le tapis kilim et il est tissé à deux fils.

Originaires des régions du nord-ouest de la Tunisie on trouve ces tapis berbères haute laine, c’est ainsi qu’ils sont désignés qui sont des tapis très épais et très douillets.

Le tapis  » Klim  » ou  » Kilim  » un tissage ras en laine, un tissage fait par les nomades du Sud tunisien.

Les Tapis fins tunisiens noués à fine texture sont des dérivés du célèbre  » tapis Kairouan « .

Les tapisseries de Gafsa.

Les tapisseries de Tataouine

Pour la Kabylie – Algérie, les tapis Berbere D’Ath Hichem, sont des modèles très ancien. Ath Hichem c’est un village de Kabylie situé dans la wilaya de Tizi-Ouzou. Le gris est très présent mais on voit aussi du rouge, des pointes de vert, de jaune, les motifs sont géométriques…

Dans le patrimoine artisanal Algérien on trouve aussi le tapis de Khenchela IV qui vient de la région de Khenchela en Algérie. Entièrement tissé à la main, il comporte différents symboles, motifs et couleurs emblématiques du tapis berbère algérien.

En Algérie, les tapis suivants sont aussi de renommée dans le pays :

Le tapis du M’zab, le tapis regma de Beni-Izguen, les tapis de El Atteuf, les tapis de Babar, les tapis de Nememcha, appelé « qt’if », les tapis chaoui des Aurès, les tapis des Herakta, le tapis Cherchellois, le tapis du Chenoua, les tapis de Maâtkas, les tapis de Tizi-Ouzou…

Les villes de Oued Souf, Biskra, Mergoum, Béjaïa sont également réputées pour le tissage des tapis.

Source web Par : tribaliste

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