Archéologie : vieille de 3200 ans, une gigantesque peinture d’une divinité araignée vient d’être découverte au Pérou
Plusieurs archéologues, menés par Régulo Franco Jordan, ont été dépêchés le 22 mars dernier pour tenter de sauver ce qui peut encore l’être et étudier le site. Baptisé « Tomabalito » (soit « petit Tomabal » en français), l’édifice semble être un mausolée ancien où se déroulaient des rituels liés à la pluie et à la fertilité. Le gouvernement péruvien a annoncé le lancement de fouilles archéologiques dès la fin de la crise sanitaire.
Cette peinture murale représenterait un dieu-araignée muni d'un couteau © Regulo Franco Jordan
Des archéologues péruviens ont mis au jour une immense peinture murale d'une divinité araignée tenant un couteau sur la paroi de ce qui semble être un lieu de culte précolombien vieux de plus de 3 200 ans. Découvert par accident en novembre dernier, il pourrait nous en apprendre davantage sur la culture Cupisnique.
Tout commence, au Nord du Pérou, lorsque des agriculteurs entreprennent d’étendre la superficie de leurs champs d’avocat et de canne à sucre. Avec leurs machines, ils détruisent sans s’en rendre compte près de 60% d’un temple pré-hispanique vieux de plus de 3 200 ans. En laissant apparaître une grande peinture murale aux formes géométriques, ils constatent que l’endroit est peut-être plus important qu’il n’y paraît. Plusieurs archéologues, menés par Régulo Franco Jordan, ont été dépêchés le 22 mars dernier pour tenter de sauver ce qui peut encore l’être et étudier le site. Baptisé « Tomabalito » (soit « petit Tomabal » en français), l’édifice semble être un mausolée ancien où se déroulaient des rituels liés à la pluie et à la fertilité. Le gouvernement péruvien a annoncé le lancement de fouilles archéologiques dès la fin de la crise sanitaire.
Un site exceptionnel de la culture Cupisnique
Mesurant 15 mètres de long, la monumentale peinture murale retrouvée s’étend sur un mur en adobes (des briques de terre crue séchées au soleil) et représente une divinité araignée qui tient un couteau, dans des nuances pigmentaires de rouge, d’ocre, de gris et de blanc. Par son sujet et sa localisation, d’après les scientifiques, le site remontrait à l’époque de la culture Cupisnique (entre 1200 et 500 av. J.-C.). Comme pour beaucoup de populations précolombiennes, l’araignée (associée chez les Cupisniques à la pluie et à la fertilité), a une place de choix au sein du panthéon mythologique, comme en témoigne sa présence dans de nombreux vestiges de l’époque, notamment les géoglyphes de Nazca, situés plus au sud.
Le géoglyphe de Nazca représente une araignée, très présente dans les panthéons mythologiques des populations précolombiennes du Pérou © Steve Bailey - Flickr
La proximité entre le site et la rivière Viru conduit Régulo Franco Jordan à penser que ce mausolée pouvait servir de lieu d’adoration des divinités de l’eau, particulièrement lors de grandes fêtes célébrant la pluie et la fertilité. « Il est probable qu’une cérémonie spéciale et sacrée de l’eau ait eu lieu entre janvier et mars, lorsque les pluies descendaient des régions les plus élevées », explique-t-il. Situé à peine à 1,5 km du site archéologique dit du « Castillo de Tomabal », lié à une autre civilisation pré-hispanique, l’archéologue a provisoirement baptisé le temple « Tomabalito ».
Documenter l’une des plus anciennes civilisations précolombiennes
Longtemps assimilée à la culture Chavin, alors considérée comme la mère de toutes les civilisations latinoaméricaines, la culture Cupisnique n’est considérée comme une civilisation à part entière que depuis 1929, suite au travail de l’archéologue Rafael Larco Hoyle. D’autres cultures antérieures, notamment la civilisation de Caral (3000-2300 av. J.-C.) ont depuis été mises au jour au Pérou, où la plupart des peuples précolombiens trouvent leur origine. La culture Cupisnique, dont l’économie était principalement basée sur l’agriculture et la pêche, nous est principalement parvenue grâce à des céramiques, notamment des vases. Ces derniers présentent en général une anse-étrier, qui s’apparente à une poignée, sont monochromes, polis et possèdent des décors représentant des animaux ou des chamans se transformant en animaux. Le grand travail sur les bas-reliefs de ces vases et sur leur polissage leur donne un aspect basaltique, comme s’ils avaient été sculptés directement dans une pierre noire.
Ce vase Cupisnique en terre cuite présente une anse-étrier et représente un chaman se transformant en jaguar © Wikipedia Commons – Pattych
Contrairement aux objets correspondant à la civilisation Chavin, l’araignée est un symbole très récurrent dans les vases et les assiettes Cupisniques, ce qui laisse supposer son caractère divin. L’étude prochaine du Tomabalito permettra sûrement d’en connaître plus sur les rites et les usages de cette civilisation encore assez mal connue aujourd’hui.
Le 31/03/2021
SOURCE WEB PAR Connaissancedesarts
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