Programme « Villes sans bidonvilles »Le taux de réalisation a atteint 69 %
Malgré les contraintes, les résultats obtenus sont globalement positifs. Publié le : 20.07.2011 | 16h38 Le programme «Villes sans bidonvilles» affiche de bons résultats, malgré la persistance de quelques blocages. C'est ce qui ressort du bilan réalisé par le ministère de l'Habitat, de l'Urbanisme et de l'Aménagement de l'espace, à fin juin 2011. Selon les données officielles, le taux de réalisation du programme d'éradication des bidonvilles a atteint 69%, malgré les difficultés et les dysfonctionnements. Ce programme a profité à un million d'habitants des bidonvilles depuis son lancement en 2004, soit au total près de 240.000 familles ventilées comme suit : 177.416 ménages ont été relogés, 13.200 autres attendent d'être transférés dans des unités déjà construites et enfin 48.400 familles sont concernés par les logements en cours de construction. Quant aux 109.398 familles restantes, 84.618 d'entre elles sont concernées par des programmes en cours d'étude, tandis que pour 24.780 ménages, il n'y a pas encore de visibilité. À fin juin, 43 villes ont été assainies, tandis que pour les 42 autres, le taux de réalisation diffère d'une ville à l'autre, se situant entre 10% et 100%. Rappelons qu'une commission interministérielle a été créée, en 2010, regroupant l'Habitat, les Finances et l'Intérieur afin de trouver des solutions aux villes confrontées à de grandes problématiques, en l'occurrence, Casablanca, Rabat et sa région, Kénitra, Larache, Marrakech et Guercif «Ce programme, initié conformément aux Hautes orientations royales, qui a atteint sept ans, a permis d'aboutir à des résultats bons et encourageants grâce à l'implication de tous les partenaires et les départements concernés», a affirmé Ahmed Taoufiq Hejira. Et d'ajouter : «Et ce malgré quelques contraintes liées à l'augmentation du nombre des familles ciblées, au foncier, ou d'ordre technique, financier ou institutionnel» Citons à cet effet les contraintes liées à l'augmentation du nombre des familles ciblées, dont le nombre a augmenté de 400.000 personnes. De plus, avec la prolifération sans précédent de l'habitat insalubre depuis mars dernier, ce chiffre risque de repartir à la hausse, ce qui fausse toutes les prévisions et pourra retarder de manière significative l'éradication définitive des baraques. Signalons également que le frein le plus important reste la mobilisation du foncier. En effet, certaines régions souffrent de la rareté des terrains. Ajoutons à cela la difficulté à mobiliser le foncier public et la flambée des prix du foncier et la lenteur administrative en matière d'expropriation. Autre difficulté, l'occupation illégale des terrains identifiés pour le recasement, ce qui ralentit davantage la machine. Malgré ces difficultés, les travaux avancent de manière soutenue. Tantôt, le taux de réalisation frôle les 100%, tantôt il ne dépasse guère les 9%. Passons donc en revue l'état d'avancement de quelques villes parmi les 42 non encore assainies, sachant que 17 d'entre elles approchent, d'une manière significative, de ce but Le Grand Casablanca Au niveau du Grand Casablanca, suite aux directives royales, un nouveau programme a été lancé le 7 avril 2011 qui nécessitera un investissement de près de 4,9 milliards de DH ciblant 45.920 familles, dont 25.710 à Casablanca, 15.449 à Mohammedia, 2.430 à Nouaceur et 2.331 à Médiouna. Au total, 645 ha ont été mobilisés, dont 630 ha divisés en lots (un lot pour deux familles) et 15 ha destinés à abriter des appartements. À fin juin, 3 projets sont autorisés et sont en cours de mise en chantier. Occupant une superficie de 74 ha, ils profiteront à 4.072 familles. Par ailleurs, 7 projets, prévus sur une surface de 230 ha, sont en cours d'autorisation et devront abriter 16.654 ménages. De plus, 3 projets sont en cours d'études et ciblent 23.030 bénéficiaires. Ils sont prévus sur des terrains totalisant 326 ha. Enfin, le dernier projet, prévu dans le cadre de ce nouveau programme visant la Grand Casablanca, devra s'étaler sur 15 ha et profitera à 2.164 familles Chaouia Ouardigha Au niveau de la région Chaouia Ouardigha, huit villes sont concernées par ce programme dont cinq ont déjà reçu le label VSB. Concernant les trois restants, notamment Deroua, Settat et El Brouj, 8.566 familles sont visées, dont 8.066 ont bénéficié d'unités déjà construites. Pour ce qui est de la ville de Settat, 1.182 familles ont été relogées, tandis que 408 lots sont prêts pour accueillir les bénéficiaires. Reste que le programme VSB est confronté une hausse de l'ordre de 189 ménages du nombre des familles concernées, ce qui nécessite la mise en place d'un programme spécial pour résorber ce rajout. Idem pour la ville de Deroua, qui est confrontée à l'augmentation du nombre des habitants des bidonvilles. En plus, 1.865 familles recensées, 113 nouveaux ménages veulent bénéficier de ce programme. C'est le cas des familles composées qui veulent que chacun de leurs enfants ait son propre logement ou lot, ce qui retarde la procédure de recasement. Pour El Brouj, 243 sur 450 familles concernées ont été relogées, alors que 7 lots sont prêts à être remis aux bénéficiaires Reste que la mobilisation du foncier et la lenteur administrative risquent de retarder la déclaration de cette ville en tant que Ville sans bidonvilles Au niveau de la région Fès-Boulmane, quatre villes sont visées par le programme VSB qui devra profiter à 15.463 familles dont 7.841 sont concernées par des unités disponibles. La ville de Fès connaît un taux de réalisation de l'ordre de 88,4% (8.642 familles dont 5.138 recasées). Toutefois, deux freins majeurs retardent son assainissement complet. Il s'agit de l'opération «Dhar al Mahraz» dont les bénéficiaires ne disposent pas des moyens financiers pour construire leur propre logement ainsi que des opérations ciblant les familles additionnelles. Pour ce qui est de la ville de Missour, le programme d'éradication des bidonvilles avance lentement suite à la lenteur du transfert du foncier public à Al Omrane Fès. Sur un total de 1.833 ménages, 625 seulement ont été relogés. Quant à la ville de Moulay Yaacoub, le programme avance à hauteur de 30%. 4.643 ménages sont visés, dont 1.733 sont concernés par des unités achevées Au niveau de la région Gharb-Chrarda, Béni-Hsen, huit villes sont concernées, dont 2 ont reçu leur label. Dans les six restantes, 32.853 familles sont ciblées, dont 15.655 bénéficient de 15.655 unités prêtes. La ville de Kénitra, figurant parmi les villes à problèmes, abrite à elle seule 15.652 familles, totalisant 47% du programme régional. 7.853 ont déjà bénéficié de ce programme. Reste que l'augmentation du nombre des ménages concernées et la problématique des familles composées retardent le processus d'assainissement de la ville. Sidi Slimane n'est pas en reste. Le taux de réalisation avoisine à peine 33%. Ainsi, sur un nombre total de 7.004 familles, seulement 1.827 d'entre elles ont été relogées, tandis que 541 ménages ont été tirés au sort et attendent d'être recasés. Ce qui fait défaut, c'est la mise en place de listes officielles mises à jour Au niveau de la région Doukkala-Abda, 3 villes sur 5 ont reçu leur label VSB. Concernant Azzemour, 653 familles habitent encore des bidonvilles. Pour le moment, aucune d'entre elles n'est concernée par le recasement, vu que le programme connaît des problèmes financiers et que la commune urbaine n'a pas encore apporté sa contribution, ce qui retarde l'opération de relogement qui devait être achevée en décembre 2011. Quant à Sidi Bennour, les travaux avancent d'une manière satisfaisante. Selon le ministère de l'Habitat, le taux de réalisation ayant atteint 90%. Cette opération devra se terminer fin 2011 Au niveau de Marrakech-Tensift-Al Haouz, sur 31.576 familles ciblées, 18.169 sont relogées. C'est la ville de Marrakech qui est confrontée à plusieurs contraintes, notamment l'augmentation de 10.000 du nombre des familles concernées. Un programme d'urgence a été mis en place par la commission interministérielle pour déclarer Marrakech ville sans bidonvilles en 2012. Un dispositif a été arrêté comprenant la mobilisation du foncier public, la mise en places des études préalables pour la restructuration, le lancement des appels d'offres en attendant le déblocage de l'enveloppe financière, l'accélération du transferts des ménages dont les lots de terrains sont disponibles L'Oriental Au niveau de l'Oriental, quatre villes n'ont pas encore reçu leur label, en l'occurrence Oujda, Bouarfa, Berkane et Touisset. Pour la ville d'Oujda, la situation est maîtrisée. Sur 2.038 familles concernées, 20 cas uniquement sont en cours de relogement, en plus de 55 autres baraques à Jbel Zarqa qui sont concernées par un programme spécial ciblant la commune rural d'Ahl Angad. Concernant Berkane, sur un total de 715 baraques, il en reste 255 unités non encore traitées, sachant qu'en 2011, seulement 50 bidonvilles ont été démolis. Au niveau de la région Rabat-Salé-Zemmour-Zaër, 57.000 familles sont concernées, dont 25.284 ont été relogées. Sept villes sur dix n'ont pas encore été assainies, notamment Rabat, Ain Atiq, Khémisset, Salé, sidi Yahya Zaër, Skhirat et Témara. Concernant Rabat, la rareté du foncier ainsi que le manque de synergie entre les différents départements et le refus des familles d'être transférées au projet Al Koura retarde ce programme, sachant que les opérations de transfert traînent également au niveau de Akkreuch et Ouled Dlim Au niveau de Tanger-Tétouan, 16.107 familles sont concernées par ce programme, dont 9.533 manages qui ont été relogés. Quatre villes sont visées, notamment Tanger, Tétouan, Ksar el Kébir et Assilah Pour la ville du Détroit, le ministère de l'Habitat relève que la priorité est donnée aux familles non concernées par le programme VSB au détriment des familles recensées. Ce programme est également bloqué à cause du la non-implication des propriétaires des terrains squattés et de la lenteur au niveau de la mobilisation du foncier. Au niveau de la région Meknès-Tafilalet, 12.966 familles sont concernées par ce programme, dont 10.235 ont bénéficié d'unités achevées Sur huit villes, seules Meknès et Ain Taoujtat abritent encore des bidonvilles. Pour Meknès, sur un total de 7.249 ménages initialement recensés en 2004, 7.261 ont été relogés, soit un taux de réalisation dépassant les 100% Reste que l'augmentation sans cesse des habitants de bidonvilles fausse tous les calculs (2.700 nouveaux ménages), ce qui a fait reculer le taux de réalisation à 73%. Au niveau de la région de Tadla Azilal, seule la ville de Souk Sebt n'est pas encore assainie Cette dernière abrite 1.289 baraques dont 1.111 unités ont été traitées. Concernant les autres bidonvilles, ils seront éradiqués dans les mois qui viennent. Deux opérations sont en cours pour atteindre cet objectif. Au niveau de la région Gulemim-Smara, 3.363 familles sont concernées par ce programme, familles qui sont implantées uniquement dans la ville de Smara. Sur ce total, 1.404 sont concernées par des unités finalisées. Malgré la réalisation des travaux de viabilisations des lots de terrains, l'opération de transfert des familles tarde encore, vu que le conseil communal insiste sur la nécessité de construire des maisons et de ne pas se contenter de donner des lots, chose que le ministère de l'Habitat a rejeté, insistant sur le principe d'équité en matière de traitement de ces opérations de recasement au niveau national. Pour l'heure, aucune solution n'est encore trouvée In fine, les réalisations enregistrées par le Maroc, qui sont encourageantes malgré les problèmes persistants, ont valu au Royaume l'attribution du Prix d'Honneur pour l'Habitat 2010 par l'ONU-Habitat, pour son engagement collectif en faveur de l'amélioration des conditions d'habitat des populations vulnérables. Autant d'acquis à préserver et à renforcer. --------------------------------------------------------------------------------- Effectif en augmentation Selon les statistiques actualisées, entre 2004, date du premier recensement, et fin juin 2011, 348.400 ménages sont concernés, soit une augmentation de 87.430 familles. Cette augmentation est expliquée par plusieurs facteurs, notamment la hausse incontrôlée des ménages, l'intégration de bidonvilles ruraux localisés à proximité de certaines communes rurales limitrophes des villes, le changement de découpage communal ou l'extension des périmètres urbains englobant de nouveaux noyaux et enfin l'actualisation des listes de ménages. Ce nombre global est réparti sur 85 villes et centres urbains, dont 79 ont fait l'objet d'une contractualisation entre les partenaires concernés (l'État, l'autorité et les collectivités locales). Repères Coût prévisionnel Le coût prévisionnel d'investissement du programme, lancé officiellement par Sa Majesté le Roi en 2004, s'élève à 25 milliards de DH. Il est financé à 40 % par le Fonds de solidarité habitat (FSH), soit 10 milliards de DH. Les 60 % restants sont ventilés comme suit : 30 % par la péréquation et 30 % par les ménages bénéficiaires. SOURCE WEB Par Nadia DREF | LE MATIN