Labels, méthodes et protocoles sur l'hygiène #Covid19 : c'est la foire !
Le monde de l’après confinement est incertain sur de multiples points, néanmoins à ce stade les conditions de dispersion du virus sont assez claires, sauf nouvelle découverte scientifique.
RAPPEL : l’hôtellerie-restauration n’a pas attendu 2020 pour se mettre à l’hygiène
Il est essentiel de se souvenir que de manière globale, l’hôtellerie-restauration est une industrie qui n’a pas attendu le COVID-19 pour mettre en place des mesures d’hygiène.
La mise en place du HACCP depuis plus de 25 ans a permis à tout-un-chacun dans le secteur de s’habituer à des bonnes pratiques dont la gestion de l’hygiène dans un contexte COVID s’inspire, par exemple le circuit sale distinct du circuit propre.
Le risque de vouloir faire dériver l’hygiène hôtelière vers l’hygiène hospitalière est tentante en période de crise. « Il faut raison garder » est un principe qu’il serait bon d’appliquer. En effet, maintenir un niveau élevé d’hygiène côté professionnel est faisable si on oublie l’impact financier, mais personne ne fera respecter à TOUS les clients les principes de base : se laver les mains en sortant des toilettes, se laver les mains avant et après les repas, ôter ses chaussures en rentrant dans sa chambre, prendre au moins une douche par jour, etc... et évitons les détails un peu trop crus auxquels les équipes de nettoyage sont parfois confrontées.
COVID : la prévention au cœur du dispositif de l’hygiène
Dans le même esprit que le HACCP, les bonnes pratiques disponibles ça et là mettent en pratique le principe de précaution.
Le Ministère du Travail a publié plusieurs fiches conseil dont plusieurs concernant l’hôtellerie :
Femme de chambre :
Réceptionniste :
On y parle beaucoup de prévention et de vérification...
Le mot « label » au lieu des mots « méthode » ou « référentiel »
Un simple rappel : quand on parle de HACCP, on parle de méthode, pas de label.
Celles et ceux qui qui vérifient l’application de l’hygiène en cuisine et sanctionnent les éventuels manquements ne sont pas des auditeurs privés mais des agents assermentés de l’état. Ceci n’empêche pas les professionnels HCR de travailler avec des cabinets spécialisés sur la mise en place des procédures et éventuellement des audits de contrôle, sachant que ces audits privés ne peuvent sanctionner l’établissement.Il ne serait donc pas déraisonnable que l’état assume ses responsabilités en matière de santé publique en contexte COVID !
Le label ACCOR-VERITAS
Quand on connaît la lourdeur française en termes de création de label puis dans son maintien, on ne peut être que circonspect de l’approche « faisons un label » du groupe Accor.
Le principe du label est d’une part d’avoir un référentiel et d’autre part des visites de contrôle. Le problème des visites de contrôle, c’est qu’elles sont très espacées dans le temps et surtout qu’elles sont prévisibles : même si la visite de contrôle était réalisée de manière aléatoire sans avoir prévenu l’exploitant, on se doute bien qu’elle n’aurait pas lieu dans les semaines qui suivent une visite. Pour le dire autrement, une fois l’auditeur(trice) parti(e), on peut se relâcher pendant plusieurs mois sans prendre de risque inconsidéré, enfin inconsidéré pour le label, pas pour le client !
A ce label ACCOR-VERITAS se sont associés les syndicats UMIH, GNC et GNI, ainsi que les ministères français du Tourisme, de la Santé et du Travail. On a bien senti dans le communiqué une volonté d’étendre ce label à un niveau européen, comme si les autres pays européens pouvaient fantasmer sur la bureaucratie à la française...
Le label BB Hôtels et SOCOTEC
Le groupe BB Hôtels a choisi le cheval SOCOTEC pour lancer le travail préalable de création d’un référentiel en vue de la mise en place d’un label à venir.
L’approche est plus pragmatique et moins forte en gueule que celle d’Accor.
Si chacun travaille dans son coin, le schmilblick n’est pas prêt d’avancer !
A l’échelon global Marriott lance le Conseil Mondial de la Propreté
S’il fallait faire un concours de taille (d’ego, de quoi d’autre voudriez-vous qu’on parle !), le patron de Marriott tente d’imiter Donald Trump avec un teaser à peine exagéré. Enfin le POTUS [1] fait ça sur Twitter, pas par le biais de communiqués de presse car il exècre la presse et encore plus toute forme d’esprit critique.
Il ne s’agit ni plus ni moins que d’une initiative propre au groupe Marriott qui ne concerne que ses hôtels. L’expression « Conseil Mondial de la Propreté »est de facto largement usurpée !
Si Marriott passe en mode POTUS, espérons qu’ils ne vont pas sortir un des porte-avions américains pour tuer le virus en dehors des eaux territoriales américaines !
Les opportunistes sortent du bois
On a vu sortir un site web covid-free.fr qui se revendique « 1er label indépendant du tourisme sécurisé », rien que ça !
Le site revendique près de 350 établissements en cours de labellisation. #benvoyons
Contacté hier, le président de cette entreprise n’a pas répondu aux questions posées sur la démarche et la méthodologie. #tumétonnes
Il ne manque pas d’opportunistes de tous poils qui cherchent à vendre leurs masques, leurs distributeurs de gel, leurs tenues de protection en utilisant des artifices commerciaux que même les marchands de foire ont abandonné au 19e siècle. Il ne manque pas de vendeurs de matériels qui se comportent normalement et dont certains margent peu. Disons simplement que plus le discours est lourdingue, plus le risque est grand
Du bon sens pour accueillir le client
Le consensus paraît réel sur le besoin d’une hygiène préventive assidue.
Il paraît également indispensable de mettre en place des distances dans les espaces communs le jour où les restaurants et commerces seront autorisés. On imagine bien qu’il faudra diminuer fortement le nombre de personnes présentes simultanément dans une salle, cloisonner quand c’est possible, par exemple avec des plantes, et surtout aérer. Nettoyer les filtres de la clim une fois par an est une pratique qui va devoir évoluer...
La presse et la télévision se sont fait écho de ce que pourrait être une salle de restaurant après réouverture avec des séparations en plexiglas partout. Tout ceci part d’un bon sentiment. Néanmoins s’il faut doubler le personnel avec une équipe de nettoyage alors que le nombre de places aura diminué, l’équation ne tiendra pas car le restaurateur ne pourra pas doubler ou tripler ses prix : il faut se souvenir que le poste « coûts de personnel » est souvent le plus important du compte de résultat d’un restaurant !
Attendons de voir ce que le gouvernement va exiger pour la réouverture des restaurants prévue au 15 juin (la nouvelle vient de tomber), et surtout qui sera en mesure de mettre en place les exigences de l’état.
La technologie au service de la prévention
Diverses technologies qui existent devraient voir leurs ventes exploser : par exemple les purificateurs d’air qui offrent un niveau de filtration comparable à celui d’une salle d’opération.
On peut également penser aux nettoyeurs à vapeur, et surtout ceux à vapeur sèche, car il semble que la chaleur soit radicale pour tuer ce virus sur les supports et désinfecter efficacement, sans produit. La vapeur est également un moyen très écologique de tuer les punaises de lit, un fléau qui devient de plus en plus résistant aux traitements chimiques. Quant aux personnes qui nettoient, moins elles sont en contact avec des produits agressifs (toxiques en trop forte concentration), mieux elles se portent.
De manière préventive, faire son check-in et/ou son check-out sur son téléphone portable semble un principe de bon sens. Certains PMS l’intègrent déjà, d’autres sont interfacés à des solutions qui l’autorisent. Nul doute que cette fonctionnalité va faire partie des demandes des hôteliers parce que leurs clients les y poussent. Régler les détails de paiement et d’identité avec la technologie ne dispense pas l’hôtelier de parler avec ses clients d’autres sujets bien plus intéressants : le quartier, la ville, etc...
Côté restaurant, voir la carte sur son téléphone ou sur une tablette dédiée à la table, puis y commander et payer, peuvent être des pistes intéressantes à suivre, et techniquement pas si compliquées que ça à mettre en place.
Conclusion
L’absence de visibilité sur l’extinction tant attendue du virus conduit à une forme de paranoïa. Il suffit de voir le comportement de personnes qui croisent dans la rue un professionnel ou bénévole de la santé : certains s’écartent de plusieurs mètres alors que le professionnel ou bénévole porte un masque, mais surtout si leurs yeux étaient équipés de laser tueur, les porteurs de masque seraient morts sur le champ.
Se précipiter sur un label paraît prématuré. Ce processus, s’il va au bout, ne pourra pas se faire sans des représentants du mode des gouvernant(e)s et femmes/valets de chambre : il va falloir que les pratiques de ce « label » puissent être appliquées dans les faits sans que l’unique variable d’adaptation soit le « petit » personnel. Augmenter la technicité et surtout le temps passé va imposer une augmentation des coûts de nettoyage. Pour le dire autrement, tirer sur le temps passé par chambre est une pratique révolue : celles et ceux qui seraient tentés de la poursuivre pousseraient leur personnel à ne pas appliquer certaines mesures, c’est-à-dire l’inverse de ce qui est nécessaire pour la sécurité du personnel ET des clients.
Comme sur d’autres sujets de la vie quotidienne, la crise du COVID démontre que les petites mains, dont le personnel de nettoyage des hôtels, sont celles sans qui tout s’arrêterait...
En tous les cas, le bon sens reste et restera pendant longtemps un principe de base. Et surtout n’oublions jamais que les hôtels étaient déjà nettoyés avant l’apparition du COVID-19 !
Le 17/05/2020
Source Web Par Tendancehotellerie
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