Covid19 ou ce couperet sur le frêle espoir des guides !
Injuste est le fait d’affirmer que le secteur du tourisme accuse un léger repli par les temps qui courent et qu’il relèvera la tête hors de l’eau aussitôt !
Ingrat est le fait de nier que l’économie touristique a subi de plein fouet la venimeuse et accablante rafale du Covid19, bloquant tout déplacement et imposant fermeture des frontières et confinement.
Absurde est le fait de ne pas reconnaître les crises sociales affectant les maillons de la chaîne de valeur touristique de par le monde, aussi patentes et bien que latentes encore soient-elles au Maroc, touchant le tour-operating, l’aérien, les agences de voyages, l’hôtellerie, la restauration et le transport touristique et… le métier de guide de tourisme !
Guide touristique, en queue de peloton de chaque prise d’initiative en faveur du tourisme,
Guide touristique, en fin de citation, devenu un courant automatisme même en temps de crise majeur !
Bien d’articles et de chroniques, depuis la propagation massive du Covid-19 se sont planchés en masse sur les effets de ladite pandémie sur l’hôtellerie, l’aérien, estimations chiffrées à l’appui et cité les autres composantes de la chaîne de manière très précise. Nullement les guides ont été cités dans ce sens.
Et de voir surgir moult indignations à la suite de la sortie officielle de la CNT quant aux premiers éléments d’informations et de prévisions fournis pour le secteur du tourisme, et ces premières bienveillantes velléités de défendre la profession vis-à vis de la tutelle, avec cette ardeur propre à justifier les pertes qui seront occasionnées par le virus dévastateur, et l’on remarque l’absence littérale de toute indication propre aux métiers de guide de tourisme ?
Dira-t-on, pour enjoliver les propos, que c’est le point de contact focal avec le touriste, une vitrine l’éclairant sur les spécificités culturelles, naturelles et historiques des lieux visités, et d’autre part sur les plans stratégiques relégués au second plan voire inexistants ?
Déjà que même en conformité avec la loi et disposant d’un certain encadrement institutionnel, les guides ne sont pas tout à fait bien lotis, les conditions de vie de certains d’entre eux sont loin d’être décentes !
Avec le coup fatal du Covid19, les choses se sont empirées pour beaucoup d’entre eux, et l’on frôle l’état de précarité même.
Les guides de tourisme aspirent à faire entendre leur voix auprès du Ministère du Tutelle. Dans ce sens, des lettres ont été adressés à Mme la Ministre du Tourisme respectivement les 17 et 18 mars 2020 et émanent de la Fédération Nationale des Guides de Tourisme et de l’Association Régionale des Guides de Tourisme de la Région Marrakech-Safi, sans réponse à ce jour.
Force est constater l’ampleur de cette crise et la vélocité avec laquelle elle a terrassé l’économique touristique, dirait ce guide touristique : « En 47 ans de travail, je n’ai JAMAIS connu une telle situation... C'est la 1ère fois en 47 ans d'exercice que je vois le tourisme complètement paralysé. Ceci n’a rien à voir avec la crise de la deuxième guerre du Golfe (début 1991), malgré qu'elle ait connu une baisse drastique de l'activité touristique, mais il y'avait quand même un minimum d'activité. A mon avis, le tourisme ne pourrait s'en remettre avant Septembre... »
Et de noter que le sentiment de crainte et de psychose l’emporte chez cette fragile couche de travailleurs, marginalisée par la tutelle, en l’absence de visibilité pour l’avenir. Ce guide des espaces naturels en cours d’exercice affirme la chose suivante : « Covid19 a réellement affecté le secteur touristique marocain. Le Business du tourisme chute et ses détenteurs, tous secteurs confondus, vivent un dur état de psychose affectant leurs trésoreries et revenus, sans omettre les familles vivotant du tourisme qui sont au bord de la précarité. Je n’ai plus personnellement d’activités prévues maintenant et les 3 mois à venir à cause de cette pandémie. J’espère que le gouvernement réfléchira à de viables solutions pour nous, les guides, beaucoup d’entre eux ont des familles à nourrir. »
Sachant qu’il s’agit de travailleurs indépendants et donc ne peuvent accéder aux mesures inhérentes aux indemnités de perte d’emploi, les guides aspirent à des mois meilleurs et un regain d’activité salvateur, cet autre guide de tourisme en cours d’exercice déclare « Covid19 s’avère être plus dévastateur que la Crise du Golfe ou la crise des subprimes, dès suspension des vols internationaux, mes activités se sont subitement arrêtées et mon planning prévisionnel pour les jours à venir annulé à cause du rapatriement de mes clients, nous sommes dans une situation déplorable et espère que le fonds mis en place nous aidera à surmonter les effets de telles circonstances, sachant que beaucoup de guides n’ont pas de sécurité sociale. »
L’écho des doléances urgentes des guides, exprimé de manière légitime, aspire à être capté des autorités compétentes, la coordination entre représentations institutionnelles encadrant le métier de guide est appelée à être renforcée.
L’heure est à la réflexion générale et à la solidarité commune entre acteurs de ce secteur si dépendant des aléas internationaux, dans le cas d’espèce vis-à vis de cette population fragile de travailleurs, qui risque de crouler sous les décombres des inévitables pertes sèches induites par Covid19 !
Le 22/03/2020
Source web Par Eyesontourism
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