Et si la solution passait par un «Dialogue national sur les grands contrats sociaux» ?
Dialogue social
Les faits Le gouvernement, les syndicats et le patronat n’arrivent pas à relancer le dialogue social qui semble piétiner depuis 2012, instillant un climat de défiance dans les rapports entre les trois protagonistes. L’organisation d’Assises du Dialogue national sur les grands contrats sociaux que préconise le Conseil économique, social et environnemental participe de la volonté de contribuer à la promotion de la paix sociale.
Le dialogue social entre syndicats, gouvernement et patronat est l’un des chantiers majeurs sur lesquels beaucoup d’espoirs sont fondés. Il s’agit d’un cadre conventionnel de dialogue censé permettre la prévention et la résolution des conflits collectifs en milieu professionnel, ainsi que la création d’un climat de confiance propice à la pérennité de l’entreprise et à la promotion des intérêts des salariés. Mais depuis plusieurs mois, ce dialogue est à l’arrêt, au grand dam des partenaires sociaux et du gouvernement, qui subira forcément les incidences politiques de cette «panne».
Mu par la volonté de contribuer à l’apaisement du climat social, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) recommande dans son dernier rapport la tenue «d’assises du dialogue national sur les grands contrats sociaux». Une proposition bien accueillie puisqu’elle devrait permettre de créer les conditions propices pour la relance du dialogue tripartite. Le CESE veut, à travers sa démarche, contribuer à la pose des jalons d’un «cadre institutionnel» qu’il propose au gouvernement, aux organisations syndicales et à la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM). Le but étant de favoriser «la convergence nationale sur les grandes réformes». Dans son dernier rapport, le Conseil estime que cette convergence est liée à quatre dimensions essentielles : «la préservation du pouvoir d’achat des citoyens, la compétitivité des entreprises, la protection sociale, la prévention et à la résolution pacifique des conflits collectifs du travail».
Du côté des syndicats, pour que le dialogue reprenne et contribue à la promotion de la paix sociale, il faut que «le gouvernement soit conscient de la nécessité du dialogue dans son acception la plus large», souligne Allal Belarbi, membre dirigeant de la Confédération démocratique du travail (CDT) et membre du CESE. Et de préciser : «C’est ainsi que l’on pourra converger, tous, dans une vision collective, d’ordre politique, économique et citoyenne… dans le cadre de grands contrats sociaux». De plus, les syndicalistes demandent à ce que cette nouvelle étape, visant la création des conditions d’un nouveau dialogue social, ait des fondements clairs qui engagent tout le monde.
De son côté, le patronat insiste pour que les assises auxquelles appelle le Conseil économique, social et environnemental ne soient pas une occasion de plus pour faire des déclarations de bonnes intentions. «Si ces assises doivent ressembler aux précédentes, c'est-à-dire de grandes messes sans lendemain, alors non ! Par contre, je soutiens l’idée de débats avec des experts qui ressortent avec des feuilles de route et un plan d’exécution. Je pense que le CESE est le lieu approprié pour ce type de débats», lance Jamal Belahrach, président de la commission Emploi et relations sociales de la CGEM.
Le point de vue de la Confédération patronale est largement partagé par les syndicats. En effet, ces derniers veulent que les assises auxquelles appelle le CESE ne soient pas, «encore une fois une perte de temps», selon Allal Belarbi qui tient à rappeler que les fondements d’un dialogue social sain ont été lancés le premier août 1996. Le communiqué commun signé à l’époque par les syndicats les plus représentatifs, le gouvernement et la CGEM contenait une centaine de points dont les plus importants concernaient l’institutionnalisation du dialogue social. Il était proposé en effet que ce dialogue se tienne deux fois par an. Une fois à la veille de la préparation de la loi des Finances, puis en avril pour procéder à une sorte d’évaluation. En rappelant l’importance du dialogue du premier août 1996, les syndicats insistent sur l’importance de capitaliser sur les acquis. Espérons que ce sera le cas, si la proposition du CESE d’organiser des assises de dialogue social est prise en compte par le gouvernement.
État régulateur ?
Jamal Belahrach, président de la commission Emploi et relations sociales de la CGEM, qualifie de révolutionnaires les actions menées par le patronat pour améliorer les conditions du dialogue. «Dans le cadre de la CGEM, nous avons entrepris un dialogue direct. Je ne sais pas si on mesure la portée de cela. Car c’est au sein de l’entreprise que les choses doivent se faire. L’État doit rester un régulateur pour ne pas mélanger son rôle d’employeur qui biaise sa vision des choses au sein de la fonction publique». Mais pour certains observateurs, la démarche de la Confédération patronale visait à exclure le gouvernement du dialogue social et, partant, à l’affaiblir politiquement. Mais la CGEM s’en défend, affirmant que l’essentiel pour elle est d’apaiser le climat social tout en préservant les intérêts des entreprises et des salariés.
Décryptage
- En attendant la réaction du gouvernement à cette proposition, le patronat tout comme les syndicats redoutent qu’un tel rendez-vous soit encore une fois une occasion pour faire des déclarations d’intention sans lendemain.
Publié le : 25 Août 2013 –
SOURCE WEB Par Brahim Mokhliss, LE MATIN
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