Transformation structurelle : Le Maroc devrait revoir sa stratégie d’investissement

Le Maroc est l’un des pays du continent africain dont l’économie est des plus développées, mais peine toujours à se hisser au même rang que d’autres économies dans le monde. En effet, le royaume dispose de richesses, au niveau matériel et humain, qui lui permettent de se positionner en tant qu’acteur de choix de l’économie africaine, mais celui-ci n’arrive pourtant pas à pousser sa croissance bien loin.
Le Maroc est actuellement un hub économique de premier ordre sur le continent africain. En effet, le royaume sert de point de transit pour les investisseurs européens, américains et asiatiques souhaitant développer leurs activités sur le continent, mais permet aussi aux acteurs économiques africains de s’ouvrir sur le monde.
En effet, l’on a réussi ces dernières années à se faire un nom dans le monde, notamment pour ce qui est des industries automobiles et aéronautiques, dans la mesure où le Maroc propose un écosystème « complet » pour les investisseurs, que ce soit en termes d’incitations fiscales, de position géostratégique, ainsi que du capital humain hautement qualifié. Mais cela n’est pourtant pas suffisant, puisque l’économie nationale reste grandement dépendante de l’activité agricole.
En effet, les principaux échanges du royaume avec l’étranger portent sur les produits du secteur agricole et de l’agroalimentaire, consolidant le fait que le royaume ne dispose pas vraiment de produits pouvant intéresser ses partenaires économiques.
Oui, nous disposons bien d’une industrie automobile et aéronautique des plus poussée sur le continent, mais le Maroc reste un pays d’assemblage en premier lieu. En effet, la conception et la recherche et développement (R et D), ne font pas partie de la liste du CV du royaume. En effet, le Maroc dispose bien d’usines à l’Atlantic Free Zone de Kénitra et au Port Tanger Med pour l’assemblage de véhicules, mais ces plateformes ne produisent pas forcément du 100 % « made in Morocco ».
L’on se contente d’assembler et de produire des pièces qui ont été pensées à l’étranger, du fait que nous disposons d’une main-d’œuvre qualifiée et peu coûteuse. Une situation qui explique bien pourquoi les compétences nationales s’exportent bien à l’étranger.
En effet, de nombreux chercheurs d’emplois expliquent leur choix de quitter le royaume par le manque d’opportunités adéquates à leurs formations. Une réalité que le Maroc cherche à changer dans le cadre de la LF 2020, qui vise à créer un écosystème propice à l’essor des investissements, notamment ceux qui concernent l’export et les nouvelles technologies.
Il faut revoir la stratégie d’investissement
Dans ce sens, CDG Invest a organisé une rencontre portant sur la transformation structurelle et ses enjeux sur le développement de l’économie marocaine. Ainsi, Youssef Saâdani, directeur des études économiques de la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG) a indiqué que, par rapport à d’autres économies émergentes, notamment la Turquie, le Maroc avance à un rythme lent.
La croissance économique du royaume tourne actuellement autour de 3,5 %, et reste grande poussée par l’activité agricole. Saâdani a indiqué que le royaume dispose bien des atouts qui lui permettraient de se hisser au niveau d’autres économies, notamment l’Espagne, mais que les choses bloquent pourtant. Cette situation s’explique par un déséquilibre au niveau des 3 facteurs clés de la production, notamment le capital, le travail et l’efficience, qui sont les principaux stimulateurs de la croissance économique.
Le directeur des études économiques a ainsi expliqué que le royaume dispose d’une accumulation de capital très importante, en plus d’un taux d’investissement des plus hauts dans le monde, mais que cela n’est pourtant pas suffisant pour booster la croissance, car le régime de productivité ne suit pas forcément les prévisions que l’on fait sur le terrain.
Le défi serait donc d’établir un écosystème adapté à la réalité de l’économie nationale, à travers une transformation structurelle, qui prenne en considération les forces et faiblesses économiques du pays. De plus, il faudrait encourager la R et D, à noter qu’en 2018, seulement 200 nouveaux brevets ont été déposés, dont 20 par des entreprises, ce qui démontre une faiblesse à ce niveau par rapport à la Turquie (8000). L’innovation devrait donc être grandement stimulée à travers la mise en place d’un écosystème favorable, pour booster l’industrie, la production et les exportations nationales.
Pour sa part, Abdellatif Zaghnoun, directeur général de la CDG et président de CDG Invest a indiqué que bien que le Maroc ait déployé de nombreux efforts pour porter sa croissance économique aux standards internationaux, il n’arrive pas à atteindre les objectifs fixés, pour ce qui est de la création d’emploi afin de répondre aux aspirations des jeunes.
La stimulation de l’employabilité est donc un facteur clé pour la transformation de la croissance économique nationale, chose qui ne peut être possible qu’en mettant en place un écosystème bien pensé, et où les entreprises marocaines, les acteurs du public et du privé contribuent activement vers l’orientation dans des métiers créateurs de forte valeur ajoutée.
Le 24/01/2020
Source web Par Hespress
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