L’Afrique doit changer de logiciels de formation et les adapter aux besoins d’aujourd’hui
L’AITEX réunit les acteurs de l’écosystème IT du continent et du monde à Rabat
L’Afrique a la chance de disposer d’une jeunesse assoiffée de savoir et de liberté digitale qui a besoin d’infrastructures pour pouvoir surfer, remplir les cases qu’elle recherche et aller plus loin, a déclaré jeudi 24 à Rabat le ministre de l'Industrie, du Commerce, de l’Économie verte et numérique, Moulay Hafid Elalamy.
Cela sous-tend que « les Etats africains doivent en urgence mettre en place des infrastructures de qualité et évolutives, capables de supporter les générations à venir » et de faire progresser le continent de sorte qu’il se rapproche le plus possible des pays les plus évolués dans le domaine du numérique, a-t-il souligné.
S’exprimant à l’ouverture de la quatrième édition de l’Africa IT Expo (AITEX), organisée par l’APEBI (Fédération des technologies de l’information, des télécommunications et de l’offshoring), le ministre a également souligné qu’« il est fondamental que l’on change de logiciels de formation pour pouvoir nous adapter à ce qui se fait aujourd’hui », estimant qu’« ils sont obsolètes en grande majorité et déconnectés par rapport aux besoins actuels ».
Plus généralement, Moulay Hafid Elalamy a appelé à « accompagner davantage l’innovation à tous les niveaux, les start-up mais aussi les grandes entreprises», affirmant que les retards constatés dans le digital pouvaient constituer des opportunités phénoménales pour le continent africain qui pourrait les rattraper voire prendre de l’avance.
Bien qu’elle ait été, à bien des égards, le pourvoyeur de main-d’œuvre de base et le fournisseur de matières premières à prix relativement modérés, l’Afrique n’a pas véritablement profité de cette manne et elle est restée pauvre.
Pour la présidente de l’APEBI, Saloua Karkri Belkeziz, il est temps que «nos gouvernements prennent conscience de l’importance que crée la révolution technologique et saisissent cette opportunité pour imprimer à nos pays la transformation radicale pour leur mise à niveau et ainsi éviter l’écueil de n’être que le pourvoyeur de développeurs, en laissant filer notre jeunesse, et le fournisseur de métaux rares dont elle a besoin».
Concernant ses assises de deux jours, qui réunissent plus d’une vingtaine de pays autour du thème « Faire du numérique une nouvelle ressource de l’Afrique et un moteur de croissance », Saloua Karkri Belkeziz a expliqué que « nous avons voulu marquer cette quatrième édition de l’AITEX en soulignant l’axe Pékin-Rabat-Afrique francophone».
Un axe symbolisé par le choix de deux pays à l’honneur de cette édition, organisée en partenariat avec l’Agence marocaine de développement des investissements et des exportations (AMDIE) et l’Agence de développement digital (ADD) : la Chine et la République du Congo.
La Chine, qui est en phase de devenir la première économie mondiale, a été incontestablement pendant plusieurs années l’usine du monde. Aujourd’hui, « elle affiche une avance certaine dans la maîtrise de la 5G et est la seule à pouvoir disputer aux Etats-Unis sa suprématie technologique », a souligné la présidente de l’APEBI.
Quant au Congo, un pays francophone d’Afrique centrale de quelque 5 millions d’habitants, il a annoncé une stratégie ambitieuse pour sa digitalisation. Le pays « table sur les nouvelles technologies pour pouvoir relancer son économie », a-t-elle précisé. Avant de rappeler les principales initiatives prises au Maroc et les projets qui se sont concrétisés cette année dans le secteur du numérique ainsi que les contributions de la fédération.
«L’enjeu économique du numérique n’est plus à démontrer. Car, c’est dorénavant un secteur transversal qui concerne tous les domaines de la vie », a pour sa part déclaré le représentant du ministre congolais des Postes et Télécommunications et de l’Economie numérique dont il est le directeur de Cabinet, Franck Parfait Sielo Ndemvokolo.
A la tête d’une délégation d’une vingtaine de personnes, il a indiqué à propos de l’économie numérique que le président du Congo (Denis Sassou Nguesso) a fixé comme objectif au gouvernement d’arrimer le pays au développement de l’économie numérique.
« Cet objectif se traduit aujourd’hui par la mise en place d’infrastructures indispensables, mais aussi par l’implémentation de la transition numérique qui constitue un levier essentiel pour le développement de notre économie ».
Soulignant les stratégies mises en place en Afrique dont « l’objectif ultime est d’atteindre le mieux-être et donc le développement », Franck Parfait Sielo a salué la volonté affichée par le Maroc à travers sa stratégie «Maroc digital 2020, en mettant en avant l’expertise, le savoir-faire, les innovations et les écosystèmes IT en Afrique pour aboutir à un projet panafricain créateur de richesse pour les entreprises marocaines et africaines ».
Des initiatives dont les fruits deviennent de plus en plus visibles. Il en veut pour preuve, la filiale d’une banque marocaine qui accompagne actuellement le gouvernement congolais dans la mise en œuvre d’un «projet de hub digital ». Ce projet vise « la traçabilité, la collecte automatique de certaines redevances ainsi que l’interopérabilité des opérateurs de téléphonie mobile et de microfinance».
De son côté, Li Wei, le chef de la délégation de la République de Chine, a dit espéré que « la Chine et l’Afrique pourront saisir ensemble les opportunités de développement qu’offrent ces nouvelles technologiques dans le cadre de la coopération et la plateforme qu’est AITEX», promettant que les entreprises chinoises feront de leur mieux pour répondre aux besoins du continent africain.
«Nous allons renforcer nos liens de coopération pour ensemble développer plus en avant nos technologies et aussi une nouvelle ère de coopération bilatérale dans ce secteur», a-t-il conclu.
Soulignons que plusieurs activités étaient au menu de ce forum entièrement dédié aux technologies de l’information mettant à contribution les expériences, témoignages et regards croisés dont des rencontres BtoB, une exposition des produits, technologies et services au «Village tech», des ateliers «Afritech».
Le 26 octobre 2019
Source web Par libération
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