Avocats, magistrats, Moudawana... Agenda serré pour le ministère de la Justice
Une loi pour les avocats, un décret pour les magistrats et un lifting pour la Moudawana… Pour le ministère de la Justice, cette année ne sera pas de tout repos.
La conférence internationale de Marrakech sur la Justice se tiendra les 21 et 22 octobre. Cette 2ème édition s’articulera autour du thème "Justice et investissement". Comme la précédente, elle réunira les représentants de la sphère judiciaire à travers le monde.
Pour le ministère de la Justice, cet événement d’envergure amorcera une année qui s’annonce pleine. Dialogue avec les professions, projets de lois importantes ou grands débats de société seront au rendez-vous.
Loi sur la profession d’avocats, reprise des consultations
Les avocats attendent une nouvelle loi. Le texte qui régit actuellement la profession date de 2008, et ne répond déjà plus aux exigences d’un métier en constante évolution. La révision de cette loi est sur la table du ministère depuis plus de cinq ans. Les consultations entre les robes noires et ce département avaient été lancées sous l’ère Mustapha Ramid, et se poursuivent avec son successeur Mohammed Aujjar. Cette année sera-t-elle la bonne ?
"Le ministère est actuellement occupé avec l’organisation de la conférence internationale. Nous prévoyons de reprendre les consultations directement après, probablement à la fin du mois d’octobre", nous dit Me Omar Ouidra, président de l’association des barreaux du Maroc.
"La loi sera complètement réexaminée. Certaines dispositions feront l’objet de débats approfondis. Elles touchent pour leur majeure partie des questions liées à l’accès à la profession, l’immunisation [financière et sociale] ou encore l’indépendance des avocats", détaille l’ancien bâtonnier de Casablanca.
Magistrats: les indemnisations bientôt débloquées
Les avocats veulent une nouvelle loi. Les magistrats, eux, réclament l’activation effective de leur nouveau statut. Daté de 2016, ce dernier prévoit l’octroi d’indemnités de permanence, de transport, de séjour, de fonction et de délégation... Bémol: ceux-ci doivent être étayés dans un décret qui tarde encore à voir le jour.
Le ministère de la Justice n’endosse ici qu’une responsabilité partielle. Ses services ont mis au point le décret mais ce dernier a buté contre les murs du ministère des Finances. Les juges ont de quoi se rassurer : les discussions entre ce département et celui d’Aujjar en sont à leur stade "final", nous indique une source proche des négociations.
Selon ce même interlocuteur, les indemnités seront prises en compte dans le projet de loi de finances 2020. Le décret est donc annoncé pour bientôt. Encore faut-il qu’il remplisse la longue et exigeante liste des concernés qui réclament, en plus, une revalorisation salariale ainsi qu'un 13ème et 14ème mois.
La Moudawana, opération relifting
15 ans et déjà des rides. Révolutionnaire en son temps, le code de la famille montre ses limites. Pour le ministère, sa révision constitue un défi de taille, probablement le plus laborieux.
Ce chantier doit être précédé d’une "étude globale", ponctuée d’un débat national. Cette étape est en cours depuis plusieurs mois. Elle fait écho aux instructions royales émises une année plus tôt, où le Souverain appelle à une "évaluation propre à corriger les insuffisances révélées par la pratique pour accompagner l’application du Code de la famille".
Le ministère a entrepris des démarches en ce sens. En février dernier, il avait surpris du monde en annonçant la non-reconduction de la période transitoire permettant d’initier des actions en régularisation des mariages sans actes. La réouverture, ou pas, de cette période dépendra des résultats ressortant d’une étude dédiée au phénomène. Le ministère n’a pas communiqué sur la durée de cette étude.
Des lois dans le pipe
La révision de la Moudawana en est au stade embryonnaire. Non moins importantes, d’autres réformes ont, en revanche, entamé des étapes plus ou moins avancées du circuit législatif.
On évoque ainsi, à titre d’exemple, le projet de code pénal (en discussion au Parlement), l’avant-projet de code de procédure pénale (non adopté en Conseil du gouvernement) ou encore la très attendue loi organique sur l’exception d’inconstitutionnalité (réexamen au Parlement après invalidation partielle par la Cour constitutionnelle).
Quid du texte régissant la médecine légale ? Ce dernier est bloqué depuis 2018 à la Chambre des représentants.
Le 09/10/ 2019
Source web Par Médias 24
Les tags en relation
Les articles en relation
Droits des femmes : Ouahbi répond à Benkirane (et au camp conservateur)
Actuellement en convalescence après une opération chirurgicale, Abdellatif Ouahbi, ministre de la Justice et secrétaire général du PAM, réaffirme son enga...
L’intégration de l’approche genre dans le Code de la famille au coeur d’une conférence à Ra
La ville de Rabat abrite les vendredi 10 et samedi 11 novembre une conférence nationale consacrée à la discussion de la réforme en cours de préparation du ...
"Les habitants du Rif sont les premières victimes du Hirak"
Le ministre d’Etat chargé des droits de l’Homme Mustapha Ramid est enfin sorti de son silence au sujet du mouvement contestataire rifain. Jeudi 6 juillet, ...
60.000 jugements bientôt en ligne (ministère de la Justice)
Une décision qui ravira la communauté des juristes. Plus de 60.000 jugements et arrêts seront publiés "dans les prochaines semaines" sur le site officiel du...
Réforme du Code de la famille au Maroc : Vers une étape cruciale
Dans quelques semaines, le gouvernement marocain présentera son projet de réforme du Code de la famille, une initiative lancée par le Souverain en septembre ...
Parlement : Ramid rejette les appels en faveur des libertés individuelles et des droits des homosex
Mustapha Ramid aime se présenter comme le gardien de l’ordre moral. Comme il l’a fait devant les membres du Conseil des droits de l’homme à Genève et l...
#Maroc_CNDH_MARIAGE_DES_MINEURS : LES CHIFFRES SONT ALARMANTS
Le mariage des mineurs au Maroc provoque encore l’indignation des militants des droits humains. Le Conseil national des droits de l’Homme a révélé les r�...
Avocats : Des caméras pour authentifier les actes
Les moyens audiovisuels seront désormais utilisés pour l’authentification de la signature des actes juridiques à date certaine. L’objectif est de sécuri...
Moudawana : le RNI veut abroger l’article sur le mariage des mineurs
Les députés RNI ont soumis une proposition de loi pour supprimer l'article 20 de la Moudawana, texte qui permet aux juges d'autoriser le mariage des m...
Vibrant hommage royal à la femme africaine, à l'occasion du sommet "Women in Africa"
Le Roi Mohammed VI a adressé un message aux participants à la 2e édition du sommet annuel de l’initiative "Women in Africa", première plateforme internati...
Mise en Garde du ministère de l’Intérieur : La Légalisation des Transferts de Propriété de Te
Le ministère de l'Intérieur a rappelé aux présidents des collectivités territoriales que la légalisation des signatures pour les transferts de propri�...
Réforme de la Moudawana: «Il ne faut pas avoir peur de débattre de sujets tabous», affirme Chara
Depuis l’appel royal, le 30 juillet 2022, pour une réforme de la Moudawana, un débat acharné s’est déclenché sur la forme que devrait prendre cette ré...